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14 réponses à ce sujet

#1 el landeno

el landeno

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Posté 27 novembre 2024 - 14:13

Famille de vignerons, greffé avec un tendon de son père : aux origines de Pieter-Steph du Toit, joueur de l'année Élu meilleur joueur de l'année pour la seconde fois par World Rugby dimanche soir, le troisième-ligne sud-africain Pieter-Steph Du Toit, redoutable sur un terrain, se raconte.

 

Voilà un double champion du monde qu'on connaît mal ou si peu. Dimanche soir, Pieter-Steph Du Toit a raté l'occasion d'irradier de son sourire lumineux les caméras du monde entier. Il ne s'est pas présenté sur la scène du Sporting de Monaco où World Rugby venait de le célébrer joueur de l'année. « Désolé, Pieter-Steph a eu un vol annulé puis un autre retardé », s'est excusée Willemien, son épouse, venue recevoir son trophée à sa place. Le troisième-ligne des Springboks a fini par arriver un peu plus tard, une fois la cérémonie achevée. C'était la deuxième fois que ce joueur était ainsi honoré après avoir reçu cette distinction en 2019.

 

Du Toit a pourtant l'habitude d'être ponctuel aux grands rendez-vous. Lors de la dernière Coupe du monde, en finale face aux All Blacks (28 octobre 2023), il avait enchaîné 28 plaquages et été l'artisan majuscule du deuxième titre mondial d'affilée remporté par l'Afrique du Sud (2019 et 2023).

Du Toit, 32 ans, célébré cette année, n'est pas un créateur de jeu, il est plutôt spécialiste du travail de sape et d'étouffement. « Il fait peur aux adversaires, analyse l'ancien troisième-ligne Yannick Nyanga (46 sélections), de retour d'une immersion au coeur des Springboks. Quand tu dois manipuler le ballon et qu'un gars comme Pieter-Steph t'arrive dessus, c'est compliqué, ça pèse sur la capacité d'initiative. »

Brutal et puissant dans les impacts, sans toutefois être lourd, Du Toit est apte à se déplacer vite, beaucoup, longtemps. Il arrive tôt sur les zones de contact, il impose sa rudesse dans les rucks, s'avère tranchant dans les plaquages. Passé maître dans l'art du travail de l'ombre, il crève l'écran aux yeux des initiés. « C'est le Richie McCaw 2.0, poursuit Nyanga. En plus grand, plus fort, plus rapide et plus agressif. Il a un volume de jeu incroyable. C'est de loin le meilleur troisième-ligne de la planète. Je ne l'ai jamais vu faire un mauvais match. » Depuis 2022, Du Toit joue au sein des Toyota Verblitz, au Japon, entraîné par les néo-zélandais Steve Hansen et Ian Foster, coaches des All Blacks champions du monde en 2015.

 
 
Fils de vigneron, descendant de Huguenots français

Comme l'indique son patronyme, Du Toit est le descendant d'une lignée de Huguenots, des Français protestants qui ont fui les persécutions religieuses catholiques, au XVIIe siècle, pour tenter une vie meilleure, ailleurs, en Afrique du Sud.

Né en 1992, Pieter-Steph a grandi à Kloovenburg, à une heure de route au nord de Cape Town, au sud du pays, où son père Pieter dirige une exploitation viticole. « C'est la terre la plus belle au monde à mes yeux, nous a confié le joueur dans la nuit de dimanche à lundi. On y cultive surtout du syrah mais aussi huit autres cépages, comme du grenache noir et du mourvèdre. Du chardonnay et du grenache blanc. » La famille possède 85 hectares de raisin de table, 65 hectares de vignes, 25 hectares d'olives et 5 d'avocats. « Mon arrière-grand-père avait acheté cette ferme en 1956 dans une vente aux enchères. C'est l'endroit où j'aime vivre, sourit le joueur. Celui que je suis pressé de retrouver quand je voyage. Enfant, avec mes frères, on adorait aider notre père, on récoltait les grappes à la main car à l'époque il ne possédait pas de machines. Puis on grimpait dans les cuves pour écraser le raisin avec nos pieds, les après-midi et les week-ends. Ce n'était pas du boulot pour nous, mais un jeu et beaucoup de joie. »

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Les vignes de l'exploitation viticole de son père. (Jimmy Wright)
Petit-fils de Springbok

Pieter-Steph Du Toit s'est construit avec la légende de son grand-père Piet. Né en 1935 et surnommé « Spiere » (« baraqué » en afrikaans), ce pilier avait intégré les Springbok en 1956. Il connaîtra sa première sélection face à la France en 1958, dans un match dont le score final était resté à 3-3. « Mon grand-père a été mon modèle, c'est grâce à lui que j'ai compris ce que représentaient les Springboks. On ne porte pas ce maillot vert juste pour soi, il symbolise une idée bien plus grande. On a tous des parcours distincts mais on s'assemble pour un but commun. Et on a tous le feu dans le ventre quand on porte le maillot des Springboks. » L'aïeul était réputé pour avoir des mains énormes, comme des battoirs. Le petit-fils a hérité de cette particularité. Quand il a fini par arriver à Monaco pour récupérer son trophée, l'objet ressemblait à une miniature dans ses paluches format XL.

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Piet Du toit, son grand-père (L'Équipe)
Aîné d'une fratrie de quatre garçons

Dimanche soir, au Sporting de Monaco, alors que la cérémonie était achevée, Pieter-Steph Du Toit a côtoyé Antoine Dupont, lauréat du titre de meilleur joueur à 7 de l'année. Le capitaine des Bleus était accompagné de son grand frère, Clément, agriculteur à Castelnau-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées. Les deux frangins, « Toto » et « Keke », ont entrepris de rénover « le domaine de Barthas », de perpétuer l'histoire patrimoniale des métairies Dupont. Comme eux, Du Toit associe fraternité et entreprenariat mais version puissance 4 : avec ses trois frangins, Johan, Anton et Daniel, ils ont fondé « 8 Feet » : « Quatre frères, huit pieds, une famille, explique Pieter-Steph. On vend du vin, du café, des vêtements lifestyle, des chaussures... C'est notre mère Annalene qui a trouvé ce slogan en clin d'oeil à notre fratrie. »

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Pieter Steph Du Toit, en haut à droite, avec ses frères. (Instagram@eightfeet_sa)
Pas le plus athlétique mais très efficace

Longiligne, il culmine à deux mètres sans avoir des épaules impressionnantes (115 kg). « Je ne suis pas le plus rapide, ni le plus puissant, admet Du Toit. En revanche, je crois dur comme fer à la force du mental. C'est ce que notre père nous a transmis : la foi, une bonne attitude, une grosse capacité de travail. Tout ça permet d'aller au-delà du possible. Lui a su faire fructifier les terres que lui avait transmises son propre père. Auprès de lui, on a appris les réveils à l'aube, le dur labeur, le goût de l'effort. »

La moyenne de ses statistiques avoisine une quinzaine de plaquages minimum à chaque match. « Je n'ai pas besoin de colère ou de hargne pour ça. À partir du moment où tu rentres sur un terrain, c'est plaquer ou être plaqué. Il y a un rapport de force qui s'instaure. Soit tu domines, soit tu capitules. En tant que Springbok, la dimension physique est valorisée, il te faut aller de l'avant. »

Durant sa présence aux Sharks de Durban (2012-2015), Du Toit a suivi le programme « Eye Gym » auprès de la docteur Sherylle Calder, spécialiste de la vision. « Il avait une très bonne lecture des trajectoires, ce qui lui permet d'effectuer des courses à bon escient sans dilapider son énergie, détaille la coach, championne du monde avec l'Angleterre en 2003 puis avec l'Afrique du Sud en 2007. Sa capacité de prise d'informations visuelles lui assure un temps d'avance précieux. Pieter-Steph, qui a joué deuxième-ligne, était aussi très habile sur les ballons aériens avec une excellente coordination "oeil main". Statistiquement, les joueurs qui ont grandi en milieu naturel, notamment à la ferme, ont de meilleures habiletés visuelles que ceux qui ont évolué en milieu urbain où le champ visuel est plus rétréci et la vision périphérique moins sollicitée. »

Greffé, il joue avec un tendon de son père

Il y a dix ans, alors qu'il jouait aux Sharks, Du Toit a subi une grave blessure aux ligaments antérieurs du genou gauche. Après une première opération, il est resté treize mois sans jouer. Revenu sur les terrains, il s'est de nouveau blessé au genou juste avant la Coupe du monde 2015. Cette fois, c'est son père, donneur compatible, qui lui a fait don de cellules souches. « Je suis comme un vieux Range Rover dont on récupère les pièces détachées, se marre le papa en racontant l'anecdote par téléphone au milieu de ses vignes. Ils m'ont prélevé un bout de muscle dans l'ischio-jambier droit pour réparer son genou gauche. Mon fiston était étonné parce que lui a dû rester alité alors que moi je suis revenu bosser à la ferme le surlendemain. » Jimmy Wright, spécialiste de la performance aux Sharks, s'est occupé de sa réhabilitation. « Sans être le plus costaud à la salle, Pieter-Steph faisait la différence grâce à une éthique de travail impressionnante. Sa force se niche dans son caractère plus que dans ses performances athlétiques. C'est un joueur fier, pas le genre à picoler ou sortir. Il est investi pleinement dans sa carrière. Et puis il a un leadership très posé, il ne motive pas les autres, il les inspire. »

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Pieter Steph du Toit avec son père lors de la greffe. (DR)

 


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#2 RCV06

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Posté 28 novembre 2024 - 10:39

 

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Pieter Steph du Toit avec son père lors de la greffe. (DR)

 

 

 

 

On dirait moi en ce moment, a droite de la photo, pas a gauche :D
 


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#3 Codorplusàvie

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Posté 28 novembre 2024 - 13:01

 
 
On dirait moi en ce moment, a droite de la photo, pas a gauche :D
 


Au fond avec le déambulateur ou avec la blouse blanche ?
Grosse opération si c'est la blouse blanche...

#4 steph

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Posté 28 novembre 2024 - 18:47

Pieter Greffe du Toit alors.
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#5 RCV06

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Posté 28 novembre 2024 - 22:50

Au fond avec le déambulateur ou avec la blouse blanche ?
Grosse opération si c'est la blouse blanche...

Avec le déambulateur ou sur le fauteuil je suis passé par les 2 mais maintenant je suis a nouveau debout ^_^


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#6 Codorplusàvie

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Posté 29 novembre 2024 - 05:58

Avec le déambulateur ou sur le fauteuil je suis passé par les 2 mais maintenant je suis a nouveau debout ^_^


Bonne nouvelle.
J'ai eu peur que ce soit la blouse blanche et que tu ne sois, de fait, obligé de te cogner le ménage, les courses et torcher les gosses.
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#7 el landeno

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Posté 07 décembre 2024 - 10:19

« La relation humaine au coeur de tout » : le voyage immersif de Nyanga en Afrique du Sud pour observer les méthodes locales Après une immersion chez les Springboks, l'ancien troisième-ligne des Bleus poursuit un voyage auprès des franchises sud-africaines, notamment les Stormers, adversaire de Toulon en Coupe des champions samedi (16h15). Il se dit bluffé par leur efficacité et l'intérêt porté à la dimension mentale.

À 40 ans, Yannick Nyanga (46 sélections entre 2004 et 2015) a toujours la même soif d'apprendre. L'été dernier, après son départ du Racing, l'ancien directeur sportif a passé un mois en Nouvelle-Zélande au sein des Crusaders, qui débriefaient leur campagne calamiteuse en Super Rugby, puis a suivi les entraînements des Chiefs. Depuis plus de deux semaines, le voilà en mode Springboks. Après une immersion à Cardiff auprès des doubles champions du monde, il a rejoint la franchise des Sharks et, depuis le 1er décembre, il vit avec les Stormers, qui se préparent à affronter le RC Toulon ce samedi.
 
 

« Après une semaine d'immersion au coeur des Springboks, puis aux Sharks, vous voilà chez les Stormers. Qu'en retirez-vous ?
Le rugby sud-africain, c'est aujourd'hui l'équivalent de l'écurie Red Bull en F1. Ils gagnent tout, sont les plus innovants. L'été dernier, j'avais eu la chance d'aller chez la version rugby de Ferrari, en tant que légende et mythe, en passant un mois en Nouvelle-Zélande. Ces deux nations ont un dénominateur commun : une relation humaine en étoile. Les leaders ont, certes, une responsabilité supplémentaire mais ils ne sont pas au-dessus des autres. Ce qui m'a sauté aux yeux, c'est à quel point les Sud-Africains placent la relation humaine au coeur de tout. Moi qui suis un empathique, j'ai parfois eu le sentiment, en France, que c'était une faiblesse alors que c'est la force des Springboks. On retrouve ce même état d'esprit aux Sharks ou aux Stormers. C'est le concept du Ubuntu popularisé par Nelson Mandela.

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Yannick Nyanga (au milieu) entouré des Springboks à Cardiff après la victoire des Sud-Africains face aux Gallois (12-45, le 2 » novembre) (DR)

L'Ubuntu, c'est quoi ?
En résumé, c'est : "Je suis ce que je suis parce que je te permets d'être ce que tu es." On est inter-liés par ce principe moral. Pour que je réussisse, il faut que toi aussi tu réussisses. Ta réussite est ma réussite. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. C'est un postulat de management moins vertical que celui à l'anglaise qui a cours dans le rugby depuis des décennies.

Ce serait la clé de leur réussite ?
On ne peut pas simplifier la performance à un seul et unique facteur. Elle est un cheminement bien trop complexe. Mais on se doit de constater que les Springboks sont champions du monde, deux fois de suite, parce qu'ils n'ont négligé aucun aspect de la performance.

 
 

« Les Stormers, parmi un tas d'autres aspects, ont une météo du mental des joueurs. Ils placent beaucoup d'attention dans le bien-être des joueurs »

 
 
 

Vous dites avoir été surpris par l'importance accordée à la dimension mentale...
Exactement. Elle est placée au même niveau que la performance physique ou les notions tactiques. La dimension mentale est totalement intégrée, leurs staffs ont suivi des formations très élaborées. Les Stormers, parmi un tas d'autres aspects, ont une météo du mental des joueurs. Ils placent beaucoup d'attention dans le bien-être des joueurs. Untel peut-être en zone orange ou verte en fonction des aléas de sa vie. Les coaches savent quelle exigence il est pertinent d'avoir auprès d'un joueur. Les équipes sont impliquées. C'est vrai qu'on confie souvent tant de choses sur la table de massage...

Ce management mental n'est pas intrusif, respecte l'individu. Le coach sait qui sont ses joueurs, comment ils vont vraiment. Je ne voudrais pas opposer ça à ce que nous sommes. La France est en bonne voie. Fabien Galthié a su remettre les Bleus dans une dynamique positive. Et Jérôme Daret a été au top avec les Septistes, la danse qu'il a proposée aux joueurs, c'était fort. Mais j'aime bien cette phrase des All Blacks "être meilleur, ça ne s'arrête jamais". La perf, c'est un mouvement perpétuel. Une fois qu'elle est accomplie, il faut la reconstruire.

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Nyanga (à droite) à l'entraînement des Stormers avec l'arrière Warrick Gelant. (DR)

Elle semble devoir répondre à la règle des trois tiers : le pouvoir physique, le savoir technique et le vouloir mental...
Justement, les Sud-Africains ont affiné chacun de ces trois aspects, divisés en une multitude de petits sous-groupes. C'est de l'ordre des softs skills (compétences comportementales) ou de la "motricité fine" sur le savoir être. Avec une attention ultra-développée dans les interactions entre les corps de métier, comment les faire interagir. C'est dans cette dimension que Rassie Erasmus (entraîneur en chef des Springboks) est génial.

Quel exemple vous a le plus marqué ?
Son approche du dernier match des Boks face aux Gallois (12-45, le 23 novembre). Une équipe aux abois alors que ça tournait bien pour l'Afrique du Sud. Rassie a pointé du doigt tout ce qui allait être la force du pays de Galles. Avec pertinence. Et mentalement, il a su embarquer tous ses joueurs et le staff dans un élan. Comme s'ils allaient disputer une finale de Coupe du monde. Il a raison. Jouer un match pour son pays, ça ne doit jamais être anodin.

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Yannick Nyanga (à droite) avec l'emblématique Springbok Siya Kolisi. (DR)

C'est un habile "story-teller" ?
Rassie est plus qu'un conteur d'histoires, c'est un grand coach. Très honnête. Il manage par l'évidence et met les joueurs face à un miroir. Que tu te nommes Siya Kolisi ou Cameron Hanekom, tu es logé à la même enseigne. Siya s'est fait un nom, mais il sait que le jour où il arrêtera de faire du Siya Kolisi, il ne sera plus springbok.

On est toujours dans l'Ubuntu là ?
Carrément ! Siya sait qu'il n'a pas à être conforme à des standards mais à ce qu'il sait faire de mieux. C'est un management en étoile, pas vertical. Chacun représente 1 % d'un tout. Si tout le monde joue son rôle de manière optimale, ça donne 100 % extraordinaires. La force de Rassie, c'est cette capacité à mettre tout le monde devant ses responsabilités et à sa bonne place, sans brutalité, juste comme une évidence. Si je devais le résumer, Rassie c'est "makes the main thing, the main thing" (identifier ce qui est vital). La haute performance est d'une complexité, avec des paramètres infinis. Il faut savoir tous les analyser, il faut savoir revenir à l'essentiel. »

 
 

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#8 el landeno

el landeno

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Posté 22 juin 2025 - 19:01

En immersion avec les Springboks : la Coupe du monde 1995 racontée par notre envoyé spécial
Reporter pour la rubrique rugby à « L'Équipe », Richard Escot a eu le privilège de vivre la Coupe du monde 1995 en immersion avec le staff et les joueurs de l'Afrique du Sud. Récit.

 
 

Comme une bourrasque, le responsable média est entré dans la salle de réunion aux cris de : « Il est à la télévision, venez vite voir ! Venez, venez ! » Ils se sont levés, les colosses du pack un peu plus lentement que les autres, et se sont dirigés vers le salon où trônait, en hauteur, le petit écran. Il était là, à Blood River, casquette de Springbok vissée sur la tête, seul en tribune devant une marée humaine composée principalement de membres des différentes tribus zoulous qui, par le passé, firent la guerre aux Xhosas, dont il est issu. Un choc. Il avait promis aux joueurs de l'Afrique du Sud de leur envoyer un signe, il tint parole.

 
 

À Blood River, en 1838, 15 000 guerriers zoulous furent mis en déroute par un millier de Boers et de métis, et leur sang transforma le cours d'eau qui séparait les deux armées en rivière de sang... En cette veille de la demi-finale contre la France au Kings Park de Durban, Nelson Mandela signale à toute la nation sud-africaine qu'il est le premier soutien des Springboks, hier symbole honni d'apartheid, aujourd'hui incarnation de la nation arc-en-ciel réconciliée.

Dans ce salon soudain silencieux, l'immense deuxième-ligne Kobus Wiese avait les yeux embués par l'émotion contenue, tout comme l'ailier James Small et une partie des gros durs du paquet d'avants. Ces larmes difficiles à contenir, les Springboks en firent une source de motivation quand, le lendemain, le coup d'envoi de leur demi-finale fut trois fois repoussé pour cause d'orage. Ils ne perdirent pas une once de concentration au milieu de l'apocalypse afin d'être à la hauteur de l'histoire dont ils se sentaient porteurs.

Visite de Robben Island, rock californien et bras chargés de cadeaux

Vivre ce moment supposait de partager le quotidien des Springboks. La proposition avait de quoi faire reculer le manager le plus favorable à la transparence : raconter cette Coupe du monde à nulle autre pareille au coeur de la sélection sud-africaine ! La première semaine de compétition passée, j'avais proposé au manager Morné du Plessis et à l'entraîneur Kitch Christie - qui décrétait le huis clos à chaque entraînement - de suivre au plus près leur aventure. Ils acceptèrent.

 
 
 

Les bonnes relations tissées depuis deux décennies entre le très francophile manager des Springboks et les reporters de la rubrique rugby de L'Équipe - Francis Delteral, Jean Crépin, Henri Bru - avaient pesé au moment d'embarquer - on n'utilisait pas encore l'anglicisme « embedded » - avec les Boks. Deux d'entre eux avaient précédemment évolué dans le Championnat de France : Kobus Wiese à Carcassonne et Joël Stransky à Cahors. Et de sa première tournée en France à l'automne 1992, James Small gardait le souvenir ému de notre visite au cimetière du père Lachaise, où se trouve la tombe de Jim Morrisson sur laquelle il avait déposé une rose rouge. Ces trois-là furent pour moi de précieux soutiens à l'époque où aucune caméra n'entrait dans un vestiaire, le bus des joueurs ni la salle de briefing.

Le 26 mai, au lendemain du match d'ouverture au Cap face à l'Australie, la visite de Robben Island avec femmes et enfants, et plus précisément la section B, celles des prisonniers politiques, où furent enfermés entre 1964 et 1982 Nelson Mandela et ses futurs ministres, avait laissé les Springboks sans voix. Jour après jour, au fil de ma présence à leurs côtés, je découvris les facéties de Kobus Wiese et de Hennie Le Roux, la playlist très rock californien de James Small, la générosité et la disponibilité d'une équipe réputée insensible, les bras chargés de cadeaux lors de visites dans les townships, capable de sensibiliser ses sponsors pour doter les Roumains, adversaires de poule, d'un équipement digne de ce nom.

Chester Williams, le miraculé

Victime d'un claquage à la cuisse le 15 mai, forfait et remplacé par l'ailier du Transvaal, Pieter Hendriks, Chester Williams était, à 24 ans, la star incontournable de ce Mondial : son portrait géant affiché 4 sur 3 dans les aéroports et les centres commerciaux personnifiait, surmonté d'un slogan qui racontait la victoire politique du rugby sur l'apartheid : « On a suffisamment attendu ». Mais il était aussi le grand absent. Le 2 juin, j'avais rencontré l'emblématique symbole d'une nouvelle ère ovale dans son petit bureau du stade Newlands du Cap, où il officiait comme conseiller technique auprès de la Western Province. Modeste, souriant mais triste de ne pas pouvoir être dans le squad springbok. Guéri, il avait prévu le lendemain de reprendre la compétition sous les couleurs de son club, Technikon.

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Chester Williams, sous le maillot des Springboks lors de la Coupe du monde 1995. (D. Fevre/L'Équipe)

Le destin entra alors en jeu. Impliqué dans une bagarre monstre face au Canada à Port Elisabeth, samedi 3 juin, le talonneur James Dalton fut expulsé et l'ailier Pieter Hendriks suspendu le lundi suivant, à 17h, par la commission de discipline de la Coupe du monde. Leurs sanctions - soixante jours chacun - offrirent l'occasion au coach Kitch Christie de rappeler immédiatement Chester Williams.

Le 5 juin à 19h20, le miraculé décolla du Cap pour atterrir deux heures plus tard à Johannesburg. Pour éviter de prendre un taxi, Morné du Plessis m'avait demandé si j'acceptais de le véhiculer jusqu'à l'aéroport Jan Smuts pour récupérer discrètement son ailier star. Nous voilà roulant plein ouest, dans la nuit de Jo'burg, en compagnie d'Edward Griffiths, le chargé de communication des Springboks. Celui que l'Afrique du Sud attend depuis trois semaines est maintenant assis à l'arrière de ma voiture de location, tout sourire, silencieux. Il serre un petit sac noir dans lequel il a mis ses chaussures à crampons et un ballon blanc qu'il veut faire signer, en souvenir de ce moment, à ses futurs coéquipiers. Dans l'urgence, il n'a pas eu le temps de prendre des vêtements de rechange. Deux jours plus tard, il sera titularisé à l'aile gauche et inscrira trois essais face aux Samoa en quarts de finale, à l'Ellis Park.

Avant la finale, les Boks basculent en mode camp de vacances

Mais les Springboks, staff inclus, ne savourent pas ce succès. Victime d'un plaquage en planche face aux Samoa, l'arrière André Joubert souffre d'une fracture du pouce de la main gauche. Toute la technologie médicale disponible est alors déployée pour remporter une course contre-la-montre en prévision de la demi-finale. Quand son préparateur physique s'absente, je suis autorisé à trottiner au côté de l'arrière springbok autour du discret et champêtre terrain d'entraînement situé en lointaine banlieue de Johannesburg. Pas un mot, pas une plainte : André Joubert enferme chaque jour sa main dans un caisson à oxygène mis à sa disposition pour accélérer la cicatrisation de sa fracture, puis la glisse dans un moule rigide plastifié.

La France battue en demi-finales à Durban (19-15), Kitch Christie nous fit part de son étonnement dès le coup de sifflet final et s'interrogeait : pourquoi Pierre Berbizier n'a-t-il pas changé au dernier moment sa composition d'équipe pour titulariser à l'ouverture Franck Mesnel ou Thierry Lacroix, dont la force de pénétration et le jeu au pied puissant auraient été plus adaptés sous le déluge et sur un terrain transformé en rizière, plutôt que de garder Christophe Deylaud, dont le style offensif n'était pas adapté à l'apocalypse diluvienne ? Il n'avait pas, à ce moment-là, de réponse à sa question.

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La demi-finale entre l'Afrique du Sud et la France est disputée dans des conditions dantesques. (D. Fevre/L'Équipe)

Jusqu'à présent marquée par une discipline quasi-militaire, l'organisation des Springboks bascule en mode camp de vacances, et nous sommes invités à les suivre à Sun City, gigantesque resort sorti du désert du Nord Transvaal situé aux portes du Bostwana, mirage digne de l'Universal Studios d'Hollywood et doté d'un 18 trous - le Gary Player Country Club - sur lequel les Boks avaient organisé leur compétition. Je fus désigné conducteur de la voiture électrique n°29 dédiée à Morné du Plessis et James Small, les plus adroits sur le green, accompagnés du néophyte Chester Williams, qui passa l'après-midi à arracher à grands coups de fer des escalopes de gazon. Zéro rugby, des pintes de bière, une soirée black-jack et 100 % détente deux jours durant au milieu des touristes en famille, d'anciennes gloires du rugby et des golfeurs amateurs.

« Comment affronteriez-vous les All Blacks ? »

Kitch Christie, à notre reporter Richard Escot

 
 
 

De retour à Johannesburg, les Springboks élurent domicile à proximité du centre-ville plutôt qu'à Sandton, banlieue chic au nord. Trois jours avant la finale contre les All Blacks, j'invitais Kitch Christie à prendre le café. À l'issue de l'interview, il me posa une question à laquelle je ne m'attendais pas : « Comment affronteriez-vous les All Blacks ? ». J'avouais mon incompétence. Mais le coach sud-africain voulait une réponse. Comme je ne pouvais pas lui offrir, il prit mon stylo, débarrassa les tasses de notre table, dessina un terrain, plaça Jonah Lomu sur le côté gauche et esquissa le plan de jeu auquel il avait réfléchi pour bloquer le monstre néo-zélandais. J'aurais pu déchirer la nappe en papier pour la garder en souvenir, Kitch Christie m'y encouragea, mais j'ai préféré graver ce moment dans ma mémoire.

Samedi 24 juin, les Springboks jouèrent comme leur coach l'avait décidé, insistant pour déplacer par le pied le jeu de gauche à droite, positionnant un maximum de rucks, de touches et de mêlées à proximité de Lomu afin qu'il n'ait pas d'espace pour se lancer. Ses déboulés irrésistibles face aux Gallois et aux Irlandais en matches de poule, puis contre les Écossais et les Anglais en phase finale, avaient marqué les esprits mais sur la pelouse d'Ellis Park, l'athlétique néo-zélandais n'eut qu'une seule occasion de déborder sur son aile, rapidement cisaillé par le duo Small-Kruger.

Célébration en trois temps

Remporté de haute lutte après prolongation, le titre fut célébré en trois temps. Les salariés de l'hôtel firent aux champions du monde une haie d'honneur nourrie d'applaudissements, de chants et de cris de joie. Alors qu'il attendait l'ascenseur pour rejoindre l'étage réservé, James Small posa son sac de sport au sol, l'ouvrit, plongea sa main à l'intérieur et en ressortit un maillot vert olive floqué du numéro 14 qu'il me tendit. Il me dit simplement : « C'est pour toi ! », avant de s'engouffrer dans l'ascenseur.

Plus tard, une collation rapidement avalée, les champions du monde durent se résoudre à participer à la cérémonie de clôture organisée dans le centre-ville de Jo'burg, qu'ils quittèrent rapidement pour rejoindre, à l'extérieur de la ville, une boîte de nuit réputée pour son ambiance Texas-country. À cinq heures du matin, j'en raccompagnai deux à l'hôtel, qui n'avaient plus la force d'attendre un taxi après avoir dansé sur Aerosmith, Lynyrd Skynyrd et ZZ Top. Trente ans plus tard, certains riffs résonnent encore et prolongent cette aventure hors-normes.

 
 


#9 Gourine63

Gourine63

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Posté 22 juin 2025 - 19:04

J'ai dû rater le paragraphe qui parle de drogue.
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#10 el landeno

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Posté 22 juin 2025 - 19:31

« J'ai ressenti ce sentiment de cohésion pour la première fois » : le sacre des Springboks à la Coupe du monde 1995, un moment de bascule pour la société sud-africaine
Le 24 juin 1995 à Johannesburg, le président Nelson Mandela tendait le trophée Webb Ellis au capitaine sud-africain François Pienaar, promettant à une nation entière des jours meilleurs, plus justes, après plus de quarante ans de ségrégation et de violence. Aujourd'hui, les souvenirs s'entremêlent et il y a autant de versions que de témoins de cette Coupe du monde.

 
 

L'histoire ne s'est pas tissée en 94 minutes, le temps qu'il a fallu à Joel Stransky (auteur du drop de la victoire) et à l'Afrique du Sud pour l'emporter face à la Nouvelle-Zélande, au bout d'un match dantesque et d'une prolongation inédite (15-12 a.p.). Pas un seul essai marqué, ni par les Springboks, ni par les All Blacks et leur ailier de légende Jonah Lomu.

 
 

« C'était une vraie finale de rugby, un cauchemar technique pour les deux équipes », se rappelle Schalk Burger père qui, comme son fils champion du monde en 2007, a joué pour les Boks dans les années 1980. Il était à l'Ellis Park le 24 juin 1995. « L'Afrique du Sud a bien fait d'occuper le camp des Blacks jusqu'à ce que Stransky ait l'opportunité de droper, se souvient-il. Les spectateurs se sont mis à sauter comme des fous furieux. Je pense qu'on a eu plus de blessés en tribunes que sur le terrain. »

L'histoire de 1995 a commencé bien avant le coup d'envoi de cette finale. Peut-être dès 1948 et l'instauration du régime d'apartheid. Plus de quarante ans de ségrégation lors desquels on ne se mélangeait pas sur les terrains. « Quand j'étais joueur, il y avait un club pour les "coloured", un pour les noirs et un pour les blancs », raconte Mark Alexander, actuel président de la fédération sud-africaine de rugby. Il a grandi dans la communauté coloured (les descendants d'esclaves indonésiens et malgaches principalement). « J'étais à la fédération non-raciale de rugby qui boycottait les matches de l'Afrique du Sud », dit-il.

« On se demandait ce que la majorité noire allait nous faire après tout ce qu'on leur avait fait »

Arrie Hougaard, Afrikaner et journaliste

 
 
 
 
 

Les Springboks représentaient alors l'essence de l'identité afrikaner, la minorité blanche à la manoeuvre durant l'apartheid. Mark Alexander a pourtant accepté de jouer le jeu en 1995 : « On était sceptiques, on se demandait si la nouvelle démocratie allait fonctionner, mais on est allés au stade pour la Coupe du monde. » Le rugby, levier de réconciliation dans un pays qui aurait pu verser dans la guerre civile.

 

« Ma famille était pour la libération de Mandela en 1990, mais on avait aussi peur, confie le journaliste rugby Arrie Hougaard, un Afrikaner du Cap. On se demandait ce que la majorité noire allait nous faire après tout ce qu'on leur avait fait. On avait une option de repli en Namibie. Les gens faisaient des stocks de conserves et de bougies. Mais Nelson Mandela a rassuré tout le monde. »

La fin de l'isolement international des sportifs sud-africains, le ralliement des noirs et des coloured derrière les Springboks de 1995, c'est l'oeuvre de Mandela. « Quand il est entré sur le terrain avec le maillot, la foule scandait "Nelson, Nelson, Nelson", se souvient Mark Alexander qui était en tribune pour la finale. Quelques années plus tôt, il était considéré comme un terroriste. »

« Après la finale, il y avait dans la rue des enfants noirs sur le toit d'un van de police. Ils fêtaient la victoire (...). Auparavant, la police pourchassait ces mêmes enfants »

Schalk Burger, ancien international springbok

 
 
 

« Après la finale, il y avait dans la rue des enfants noirs sur le toit d'un van de police, se remémore Schalk Burger. Ils fêtaient la victoire sur la chanson afrikaans "Hier Kommie Bokke" ("Voilà les Boks"). Auparavant, la police pourchassait ces mêmes enfants.  » Et puis il y a eu les mots du capitaine François Pienaar quand le speaker évoqua les 60 000 supporters présents : « Ils n'étaient pas 60 000 mais 43 millions de Sud-Africains derrière nous. » « J'ai ressenti ce sentiment de cohésion pour la première fois », nous dit Mark Alexander. « Ça a été réparateur », pour Arrie Hougaard.

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Siya Kolisi, capitaine de l'équipe sud-africaine sacrée championne du monde en 2023. (F. Faugère/L'Équipe)

Trente ans après, l'Afrique du Sud est menée par Siya Kolisi, le premier capitaine noir de son histoire. Des joueurs de couleur arrivent de plus en plus massivement dans les écoles de rugby et se font leur place au plus haut niveau. Mais peut-on parler d'égalité ? « Non », tranche Chris Green, le réalisateur de la série documentaire Chasing the Sun sur les titres de 2019 et 2023. « Il y a encore d'énormes inégalités. On ne joue pas sur le même terrain si l'on vit à Stellenbosch (dans le vignoble blanc et riche du Cap) ou dans un township. Mais le processus est en cours. S'il y a des joueurs noirs chez les Boks aujourd'hui, c'est parce que les conditions de vie se sont améliorées pour les enfants de ces communautés depuis vingt ans. »

Autre avancée de taille : « La couleur de peau n'est plus une obsession. En 2018, on se demandait si le capitanat de Siya Kolisi était un choix symbolique. En 2023, personne n'a commenté celui de Bongi Mbonambi avant le Mondial (en match de préparation). C'est devenu normal, témoigne Green. On a connu les quotas, on est toujours attentifs à avoir une équipe représentative, mais plus personne ne doute du mérite des joueurs de couleur. »

 
 


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Posté 23 juin 2025 - 12:59

« On a vite compris que l'enjeu dépassait largement le rugby » : Kobus Wiese, champion du monde 1995 avec les Boks
Deuxième-ligne champion du monde avec l'Afrique du Sud en 1995, Kobus Wiese s'est longuement confié sur son parcours et l'importance que revêtait le tournoi pour son pays dans son entier.

 
 
 

Le 24 juin 1995, Kobus Wiese portait le maillot vert et doré floqué du numéro quatre sur la pelouse de l'Ellis Park Stadium face aux All Blacks en finale de la Coupe du monde. Le massif deuxième-ligne (61 ans, 35 sélections), qui a grandi entre la Namibie et les terres viticoles du Cap, a connu les coulisses d'un événement qui a posé les jalons d'une nouvelle société sud-africaine. En avril dernier, il a reçu L'Équipe dans son restaurant familial de Franschhoek entre vignes et montagnes. Il nous a raconté son enfance et les remous de la fin de l'apartheid, ses rencontres avec Nelson Mandela et le regret que son pays n'ait pas su totalement saisir l'opportunité de 1995.

 
 

« Vous êtes né en 1964 et avez grandi sous l'apartheid entre l'Afrique du Sud et la Namibie. Comment était votre enfance ?
J'ai grandi dans les mines de diamants du désert du Namib. On était dans un environnement très protégé. Ma famille était de la classe moyenne, mes parents étaient fonctionnaires. On avait de quoi manger et s'habiller mais nous n'étions pas riches. À 14 ans, j'ai eu l'opportunité de revenir en Afrique du Sud, dans un collège de Paarl (dans le vignoble du Cap). Et puis j'y ai fait mes études.

En tant qu'Afrikaner, vous aviez des relations avec les communautés noires et "colored" ?
Oui, on avait de bonnes relations. Mon école primaire en Namibie était une école privée mixte. Dans notre ville minière, toutes les races étaient mélangées donc ça n'avait rien d'étrange pour nous.

Est-ce que vous débattiez de la légitimité de l'apartheid ou ce n'était pas un sujet ?
À la fin de mes années lycée, le pays devait voter lors d'un référendum pour ou contre des élections démocratiques. La plupart ont voté pour. (*) J'avais 17 ans, je votais pour la première fois et j'ai voté "oui" parce que je crois que tout le monde mérite une chance équitable.

 
(*) Il s'agit en fait du référendum de 1983 réservé aux Sud-Africains blancs, alors les seuls à avoir le droit de vote, pour une nouvelle Constitution permettant aux "Colored" et aux "Indiens" d'avoir des représentants au Parlement. Les communautés noires n'avaient toujours pas voix au chapitre. Le "oui" a recueilli 66,29 % des votes
 
 

Le rugby, c'était dans vos gènes ?
Un Sud-Africain est forcé d'aimer tous les sports. Quand j'étais jeune, mon père nous réveillait le matin pendant les tournées des Springboks en Nouvelle-Zélande, en France ou en Angleterre... Je rêvais déjà de représenter mon pays. Surtout contre les Néo-Zélandais. Je les respectais mais j'avais déjà le sens de cette énorme rivalité entre les hommes en vert et doré et ceux en noir et blanc. Le premier gros match que j'ai vu en vrai, c'était en 1976 pendant la tournée des All Blacks en Afrique du Sud. Ils affrontaient la province du Boland (la région du Cap).

Il y avait de grands noms sur le terrain comme Grant Batty, Sid Going et Bryan Williams. Le Boland était largement mené (défaite 6-42 face à la Nouvelle-Zélande) mais dans les dernières secondes, on a eu une pénalité sur la ligne médiane. Les spectateurs se sont tus et le capitaine a dit qu'il allait la prendre. Il a tapé et c'est passé. Ses coéquipiers l'ont porté en héros. Je me suis dit "C'est fou !" et je suis allé voir ma mère "Je dois jouer. Si c'est ce qu'il se passe quand on perd, comment c'est quand on gagne ! ?" J'étais accro.

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Kobus Wiese avec Nelson Mandela en 1995. (DR)

Le rugby vous a amené de l'école de Paarl jusqu'à Johannesburg où vous avez joué avec les Lions pour vous ouvrir les portes des Springboks...
Oui j'ai rejoint les Lions en 1988 et dans les années 1990 c'était probablement la plus grande équipe de province au monde. On a tout gagné, la Currie Cup, le Super 10, etc. Et notre équipe a formé la moelle épinière des Springboks à la Coupe du monde 1995 avec Kitch Christie qui était le coach des Lions avant de devenir sélectionneur.

Fabien Galthié fait pareil aujourd'hui, il sélectionne essentiellement des joueurs champions de France en club. Je m'éloigne de la question mais je pense que Fabien a fait quelque chose qu'aucun autre sélectionneur français n'a fait. Il a construit un gros paquet d'avants. Des avants forts, capables de prendre le dessus. La France a toujours été connue pour sa flamboyance, ses skills ballon en main, mais devant elle pliait régulièrement face aux Springboks, aux All Blacks et même face à l'Angleterre. Maintenant les Français peuvent nous faire reculer. Fabien l'a senti et c'est ce que Kitch avait fait.

« Trois (hélicoptères) se sont posés sur notre terrain et on a vu sortir le président Nelson Mandela avec vingt gardes du corps. C'était tellement inattendu... On a arrêté l'entraînement, on est allés au club-house et on s'est assis avec lui pendant une heure. C'était fou de voir son intérêt pour le rugby »

 
 
 

Aviez-vous conscience que les Springboks divisaient dans votre pays parce que, pour beaucoup, vous représentiez l'Afrique du Sud blanche de l'apartheid ? Au point que de nombreux compatriotes noirs et "colored" supportaient les All Blacks ?
Celui qui l'ignorait était aveugle. On vivait une période très tourmentée en Afrique du Sud. Mais les choses allaient dans le bon sens. On a voté pour la transition démocratique en 1992. (**) Est-ce que tout s'est déroulé comme on l'espérait depuis ? Non, malheureusement. Mais je suis toujours très optimiste.

(**) En 1992, le président sud-africain F.W. de Klerk convoqua un référendum réservé aux blancs demandant de voter pour ou contre la fin du régime d'apartheid en Afrique du Sud. 68,73 % des votants ont voté "oui".

Il valait mieux être optimiste quand on était un Springbok à l'aune de la Coupe du monde 1995...
On a remporté cette Coupe du monde contre toute attente. On avait été isolés du rugby international pendant des décennies. On participait à notre toute première Coupe du monde. On était derrière les autres nations en termes de méthodes d'entraînement et de skills. Mais on s'est entraînés comme des animaux. Et on a vite compris que l'enjeu dépassait largement le rugby.

D'ailleurs, une semaine avant le match d'ouverture contre l'Australie, on s'entraînait sous haute sécurité dans la réserve de Silvermine près du Cap. Avec les avants on travaillait la mêlée et quatre hélicoptères volaient au-dessus de nous mais c'était aussi une base militaire. Rien d'anormal. Sauf qu'une minute plus tard, trois d'entre eux se sont posés sur notre terrain et on a vu sortir le président Nelson Mandela avec vingt gardes du corps. C'était tellement inattendu... Madiba, accompagné de Morné du Plessis (le manager des Boks), est venu nous voir et s'est excusé d'interrompre l'entraînement. Il voulait passer nous dire bonjour, nous souhaiter bonne chance et prendre une tasse de thé avec nous.

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Kobus Wiese (de face) après la finale gagnée contre la Nouvelle-Zélande (15-12 a.p.), le 24 juin 1995, à Johannesburg. (D. Fèvre/L'Équipe)

Nous les avants, on avait toujours le temps pour du thé et des sandwiches donc on a arrêté l'entraînement, on est allés au club-house et on s'est assis avec lui pendant une heure. C'était fou de voir son intérêt pour le rugby ! Et il nous a aussi dit "Vous devez comprendre que tout le pays est derrière vous. À quel point c'est important pour vous mais aussi pour nous tous. Pour unir le pays malgré notre histoire." Là on a vraiment compris que c'était bien plus que du rugby. À partir de là, la pression a augmenté. L'attente des gens aussi. Les femmes de ménage dans nos hôtels, par exemple. Elles étaient tellement investies et passionnées. Elles voulaient tellement qu'on réussisse. Ça a été une énorme motivation pour nous.

Vous avez gagné tous vos matches, on s'en souvient, pour vous hisser en finale le 24 juin 1995. Vous vous rappelez précisément de cette journée ?
Je me suis réveillé et j'ai réalisé "C'est pour ça que j'ai fait tous ces sacrifices depuis petit quand j'écoutais les Boks jouer contre la Nouvelle-Zélande à la radio. C'est ce pour quoi je me suis entraîné quand mes copains sortaient au restaurant et au cinéma avec leurs petites amies. Et tout ça va se jouer maintenant, pendant cette foutue journée..." Et tu commences à douter "Est-ce qu'on a assez travaillé ? Est-ce qu'on est prêts ? A-t-on oublié quelque chose ?" On a une chance, pas deux. Mais quel meilleur endroit pour ça que l'Ellis Park ? C'est mon stade préféré, mon terrain de jeu. La finale de rêve sous le soleil contre le vieil ennemi. Et nous n'étions pas favoris ! Mais je pense que nous la voulions plus qu'eux finalement.

« Mandela est entré avec son maillot des Springboks et c'était un geste incroyable qui voulait dire On doit réussir tous ensemble" »

 
 
 

Avant le match, Nelson Mandela est venu vous voir dans les vestiaires avec son maillot des Boks. Quelle a été votre réaction ?
Il restait sept ou huit minutes avant qu'on entre sur le terrain. On a entendu toquer à la porte mais on était tous dans notre bulle en train de se strapper. Et puis Morné a dit "Les gars, quelqu'un veut vous dire bonjour". Mandela est entré avec son maillot des Springboks et c'était un geste incroyable qui voulait dire "On doit réussir tous ensemble." Puis il est parti sur la pelouse avec son maillot pour montrer à tout le monde que, peu importe de quel côté de la barrière on était né, on devait être solidaires.

Vous affrontiez les légendaires All Blacks de Jonah Lomu et pourtant aucun essai n'a été marqué...
C'est à ça que doit ressembler une finale de Coupe du monde. C'était tellement intense, la bataille était tellement rude... Aucun essai marqué, c'était tellement serré. Je pense simplement que notre équipe voulait désespérément gagner. Nous pouvions participer pour la première fois, chez nous... La table était parfaitement dressée. Je pense qu'une force supérieure est peut-être intervenue.

« Mark Andrews devait prendre le ballon et partir côté fermé. Sauf que quand Joost (Van der Westhuizen, le demi de mêlée) a introduit, on a changé l'annonce. Joost a donné à Joel (Stransky) qui a tapé (le drop de la victoire) »

 
 
 

À sept minutes de la fin de la prolongation, l'ouvreur Joel Stransky a marqué le drop de la gagne (15-12 a.p.) ? Que s'est-il passé au juste ?
La vérité c'est que ce n'était pas prévu. Au cours de la compétition, Kitch (Christie, entraîneur des Springboks) a demandé à Joel "Tu es un très bon botteur mais tu n'as pas essayé un seul drop de Coupe du monde. Pourquoi ?" Joel a dit qu'il n'y avait pas eu d'opportunité et Kitch lui a dit de tenter. Mais on n'était pas au courant de leur échange ! Juste avant cette fameuse mêlée, on a annoncé un lancement : Mark Andrews (le troisième-ligne centre) devait prendre le ballon et partir côté fermé. Sauf que quand Joost (Van der Westhuizen, le demi de mêlée) a introduit, on a changé l'annonce. Joost a donné à Joel qui a tapé.

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Kobus Wiese (ballon en mains) et Ruben Kruger (7) lors de la finale de la Coupe du monde 1995. (M. Leech/Off Side/Presse Sports)

Pourquoi a-t-on changé l'annonce ? Je n'ai jamais su mais je suis content qu'on l'ait fait. Au coup de sifflet final, j'ai eu la sensation que l'on me retirait la Montagne de la Table (massif qui surplombe Le Cap) des épaules et que je pouvais respirer à nouveau. Voir tous ces gens qui pleuraient, qui n'y croyaient pas, qui se prenaient dans les bras... C'était époustouflant. J'ai réalisé la chance que j'ai eue de faire partie de ça.

L'image de Nelson Mandela et de votre capitaine François Pienaar soulevant la coupe Webb Ellis ensemble est dans les livres d'histoire. Trente ans plus tard, les promesses ont été tenues ?
Oui et non. Beaucoup de bonnes choses en ont découlé. Malheureusement, notre classe politique n'utilise pas toujours tout le bien qui ressort de ces événements pour construire des ponts dans notre société. Pour améliorer la vie des gens. J'espère que ça va changer et qu'il y aura encore plein d'images comme celles-là à l'avenir. On vit dans un pays de fous du sport. Et maintenant que le rugby est ouvert à tous, des jeunes de toutes origines sociales jouent. On est quadruples champions du monde (1995, 2007, 2019, 2023). C'est bien que quelque chose de bon soit sorti de tout ça. »

 
 


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Posté 23 juin 2025 - 14:54

 Maladies neurologiques rares, crises cardiaques... les champions du monde 1995 sud-africains, génération maudite

Quatre Springboks champions du monde en 1995 sont morts de maladies dégénératives ou de crise cardiaque, avant le décès de Hannes Strydom dans un accident de voiture. L'ombre du dopage plane sur cette génération dorée et maudite du rugby sud-africain.

 
 
 

La liste est sinistre. Celle des champions du monde 1995 victimes, depuis 2010, de maladies neurologiques rares ou d'une crise cardiaque : Ruben Kruger, Joost van der Westhuizen, James Small, Chester Williams... Sans oublier Tinus Linee, membre de la sélection mais jamais capé, et André Venter, qui ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant.

 
 

Après leur premier titre mondial décroché de haute lutte à l'Ellis Park de Johannesburg face aux All Blacks (15-12 a.p.) le 24 juin 1995, les Springboks mettront en pièces le quinze de France au Parc des Princes (10-52) le 22 novembre 1997, signant la fin d'une génération tricolore - Philippe Saint-André, Laurent Cabannes, Jérôme Cazalbou, Thierry Lacroix, Olivier Merle. En coulisses, il est question d'un contrôle antidopage au cours duquel les médecins de la sélection nationale sud-africaine ont présenté quatorze ordonnances justifiant la prise de produits interdits, en particulier des corticoïdes et de la ventoline.

« Si je veux prendre les quinze kilos qu'on me demande, je suis obligé de me doper »

Un troisième-ligne centre international de l'Afrique du Sud

 
 
 

Retour en 1995. Avant d'attaquer la préparation du Mondial, le staff sud-africain a transmis aux sélectionnables des objectifs de performances athlétiques (vitesse, endurance, force) mais aussi de prise de poids. Ceux qui ne pourront pas les atteindre seront écartés de la sélection finale. « Si je veux prendre les quinze kilos qu'on me demande, je suis obligé de me doper », nous avouera un fameux troisième-ligne centre international, passé plus tard à XIII. Pour rappel, un an avant le Mondial, plusieurs Springboks, dont le pilier Balie Swart et le demi de mêlée Johan Roux, avaient été déclarés positifs.

L'entraînement des Springboks avant cette Coupe du monde est d'une intensité jamais atteinte par aucune autre sélection nationale avant cela. Small pleurera toutes les larmes de son corps tellement les efforts demandés sont intenses, au-delà de ce qu'il a été capable d'encaisser, ce jour-là. « Nous étions tellement affûtés que nous aurions pu disputer deux rencontres internationales de suite », ajoutera plus tard l'ailier droit.

 
 
 

Cette préparation physique hors norme construite par le coach Kitch Christie - qui a entraîné aux États-Unis - à partir d'exercices physiques adaptés de clubs d'athlétisme nord-américains, permet aux Springboks de vaincre l'Australie - tenante du titre - (27-18), la Roumanie (21-8), le Canada (20-0), les Samoa (42-14), la France (19-15) puis la Nouvelle-Zélande (15-12 a.p.), grande favorite de la compétition, pour soulever le trophée Webb-Ellis.

« On faisait des piqûres de B12, et des trucs pour les blessures. On était souvent contrôlés mais aucun d'entre nous n'a jamais été déclaré positif »

Kobus Wiese, deuxième-ligne de l'Afrique du Sud

 
 
 

Dans son autobiographie, le capitaine François Pienaar précise avoir pris des vitamines. Il ajoute : « Plus tard, elles sont devenues interdites, alors on a tout arrêté. » Interrogé, le deuxième-ligne Kobus Wiese assure : « On faisait des piqûres de B12, et des trucs pour les blessures. On était souvent contrôlés mais aucun d'entre nous n'a jamais été déclaré positif. » Ce qui n'est pas une référence à prendre en compte, la lutte antidopage n'étant pas, dans les années 1990, la priorité des instances dirigeantes du sport sud-africain. L'EPO (érythropoïétine, hormone qui augmente le nombre de globules rouges dans le sang), dont l'effet est accentué par la prise de vitamine B12, est indétectable.

En 2006, une inflammation de la moelle épinière, appelée myélite transverse, cloue le troisième-ligne Venter dans un fauteuil roulant. Le 27 janvier 2010, son alter ego Kruger, auteur de l'essai victorieux contre la France à Durban en demi-finales (19-15), meurt à 39 ans d'une tumeur au cerveau diagnostiquée dix ans plus tôt.

En juillet 2011, le demi de mêlée Van der Westhuizen, 39 ans à l'époque, annonce être atteint du syndrome de Charcot, maladie neurologique incurable qui entraînera son décès, six ans plus tard. En 2014 disparaît l'ancien trois-quarts centre de la Western Province, Linee, 45 ans et lui aussi victime de la maladie de Charcot. Membre des Springboks en 1993 et 1994, il n'avait pas été appelé pour disputer la Coupe du monde. Avant de mourir, il dira : « Je ne pense pas que ce soit une malédiction, mais si vous voulez mon avis, ça a un rapport avec le rugby. »

Commotions cérébrales et pesticides, autres hypothèses avancées

Trois hypothèses sont alors privilégiées par les médecins interrogés par les médias sud-africains au sujet des causes des décès de ces fameux rugbymen : la répétition de commotions cérébrales, les pesticides toxiques répandus sur les pelouses ou le dopage. Comme si les maladies neurodégénératives n'étaient pas suffisantes pour décimer les Springboks de 1995, les deux ailiers de cette équipe sont terrassés par un infarctus en 2019 : James Small en juillet et Chester Williams en septembre. L'un avait 50 ans, l'autre 49. Plus récemment, en 2021, Wiese a été hospitalisé en urgence à la suite d'un problème cardiaque - artère rétrécie - nécessitant la pose d'un stent intravasculaire. Hannes Strydom est décédé, lui, dans un accident de voiture en 2023.

Dans le quotidien Le Monde, Ross Tucker, spécialiste de médecine sportive à l'université du Cap, remarque que la série de décès enregistrée chez les Springboks en activité dans les années 1990 « est, en effet, statistiquement surprenante ». Mais qu'après avoir effectué des recherches, il n'a « rien trouvé de probant en lien avec l'absorption de substances interdites. Les causes de ces maladies sont multiples, on ne peut donc que spéculer ». Mais une question demeure : cette génération 1995 a-t-elle été sacrifiée dans le but d'être sacrée championne du monde pour la gloire d'une nation arc-en-ciel symbolisée par son président et Prix Nobel de la paix, Nelson Mandela ?

 
 


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Posté 23 juin 2025 - 20:40

« J'ai rêvé de ça toute ma vie » : James Small, l'entretien fleuve publié le jour de la finale de Coupe du monde 1995
Entretien publié dans « L'Équipe » le 24 juin 1995. « C'est lui qui va nous faire gagner. » C'est dit, le sélectionneur de l'Afrique du Sud Kitch Christie misait sur James Small pour la finale de Coupe du monde (qui sera remportée 15-12 a.p. contre les All Blacks). Face à Jonah Lomu, l'ailier droit jouait le match de sa vie. Il nous partageait ses sensations, à quelques heures du coup d'envoi. Confession unique.

 

Entretien publié dans « L'Équipe » le 24 juin 1995. Avec ses cheveux coupés court, sa mâchoire carrée, ses yeux verts et sa dégaine nonchalante, il y a du Steve McQueen chez James Small. Viré de l'équipe l'hiver dernier pour s'être bagarré dans un pub, cet ailier rageur est un écorché vif. Après le divorce de ses parents, il a plongé, adolescent, dans l'univers des bandes de quartier, de la baston et de la drogue. « C'est le rugby qui m'a aidé à sortir du trou. » Aujourd'hui, il est chargé des relations publiques pour No Rules, une marque de vêtements à la mode. Il est aussi le Springbok le plus courtisé par les publicitaires.

 
 

Depuis cinq jours, le duel qu'il va livrer à Jonah Lomu enflamme le pays. Morné Du Plessis, le manager des Boks, ne tient pas à ce qu'il réponde aux sollicitations des médias. Cet isolement lui pesait. Alors, jeudi soir, il est sorti boire un café et se changer les idées. Il avait besoin de se confier. « Dans cette équipe, on parle de tactique, mais pas assez de rugby. Avant, avec Van Rensburg et Tiaan Strauss, on passait des nuits entières ensemble à se faire les matches. Ça me manque. » James Small déboule en force, franc et entier. Écoutons-le.

« À quel genre de match vous attendez-vous face aux All Blacks ?
Ça va être dur (silence). Il n'y a pas que le match, mais aussi ce qui est autour. Tout le monde me parle de (Jonah) Lomu et d'Ed Morrison, l'arbitre. C'est lui qui m'a expulsé en 1993. J'essaie d'éviter de penser à ça. Sinon, ça va me prendre la tête.

On vous connaît agressif, hargneux et impulsif sur le terrain. Vous êtes aussi comme ça dans la vie ?
Non. Je ne suis pas vraiment moi-même sur le terrain. Je veux dire par là qu'un joueur de rugby, devant 80 000 personnes, il joue un personnage.

 

« Moi, j'aime être entouré de gens et amuser la galerie. (...) Sur un terrain de rugby, il n'y a plus de place pour l'amusement »

 
 
 
 
 

C'est-à-dire ?
(Il réfléchit longuement.) On doit être comme les gens ont envie de vous voir. Faut pas sortir de la ligne. Il y a peu de gens comme (David) Campese, par exemple, qui peuvent dire vraiment ce qu'ils veulent, être réellement eux-mêmes. Tous les autres suivent une règle.

Qui est le vrai James Small ?
Moi, j'aime être entouré de gens et amuser la galerie. Par exemple, quand je suis dans un bar et que j'attends des gens qui tardent à venir, il m'arrive de passer derrière le comptoir pour servir les bières. Ça met de l'ambiance. Là, je suis vraiment moi-même (silence). Sur un terrain de rugby, il n'y a plus de place pour l'amusement. Quand j'étais jeune, je jouais arrière, j'attaquais de partout, je marquais des essais de cent mètres en partant de mon en-but. Je voulais donner le frisson au public. Maintenant, c'est fini, tout ça. C'est la victoire à tout prix.

L'image qu'on a de vous, c'est celle d'un dur, qui cherche à intimider l'adversaire. C'est du cinéma ?
D'une certaine manière, oui. C'est comme Joost (Van der Westhuizen), tous les deux on en rajoute un peu. Et puis, petit à petit, ça fait partie du personnage... Mais attention, je ne suis pas un enfant de choeur. Même si je veux éviter de faire le con, parfois, c'est plus fort que moi.

« En demi-finales, je suis allé provoquer (Emile) Ntamack. C'est pourtant un joueur que j'admire. En repartant vers mon camp, je me suis dit en moi-même : pauvre idiot, pourquoi est-ce que tu fais ça ? »

 
 
 

Par exemple ?
En demi-finales (19-15 face à la France), je suis allé provoquer (Émile) Ntamack. C'est pourtant un joueur que j'admire. En repartant vers mon camp, je me suis dit en moi-même : pauvre idiot, pourquoi est-ce que tu fais ça ? Tu crois que ça sert à quelque chose ? Il y a deux ans, j'étais persuadé que ce genre de conneries impressionnaient mon vis-à-vis.

Pourquoi disjonctez-vous ?
C'est un moyen d'expression. C'est comme hurler ou pleurer. Après, on se sent mieux. Soulagé. C'est certainement ce qui se passe pour moi. Une manière d'évacuer la pression, la frustration.

Quel autre sport aimeriez-vous pratiquer ? La boxe ?
(Silence.) Je ne sais pas. Il n'y en a pas d'autre. Le rugby, c'est toute ma vie... J'ai fait du saut à l'élastique, au mois de janvier, pour voir si c'était vraiment si fort que ça, côté émotion.

Et alors ?
C'est rien du tout comparé à ce que je ressens sur un terrain. En fait, je crois que si j'ai joué au rugby, c'est pour évacuer mon agressivité. Je suis un type instable, et hypersensible. Le rugby, c'était une manière d'atteindre un sommet, de me donner un but.

« Le rugby est devenu sérieux, trop sérieux. On est en train de tuer l'inspiration, petit à petit »

 
 
 

Ce but est atteint, en jouant une finale de Coupe du monde ?
Vous savez, il faut que je remonte huit matches en arrière. C'est la dernière fois où j'ai touché un ballon sur une attaque en première main. Depuis l'Argentine, en novembre 1993, je n'ai pas eu l'occasion de m'éclater. Avec le Natal, il y a une saison et demie, au moins, qu'un arrière intercalé ne m'a pas décalé sur la passe. Ailier, en ce moment, c'est pas une vie. Le rugby est devenu sérieux, trop sérieux. On est en train de tuer l'inspiration, petit à petit.

Que voulez-vous dire par là ?
Aujourd'hui, le jeu au pied passe en premier. Quand tu es dans tes vingt-deux mètres, interdit de contre-attaquer, il faut taper en touche. Le premier match que j'ai joué avec ma province, j'ai relancé de mon en-but. À la fin de la rencontre, l'entraîneur est venu me voir et m'a dit : "C'est fini, tu ne peux plus faire des trucs pareils. C'est du sérieux, le rugby, petit !" C'est comme ça, en Afrique du Sud. Tu n'as pas le droit de t'amuser.

Personne ne vous empêche de prendre des initiatives...
Vous croyez que c'est facile ? Je ne veux pas perdre ma place. Si je fais ce qui me passe par la tête, le match d'après, je suis dans les tribunes. Le rugby, c'est devenu un boulot, en quelque sorte. Même Campese, il ne peut pas faire ce qu'il veut. Il n'a pas eu beaucoup de ballons, et pourtant il a continué à faire ce que (Bob) Dwyer lui demandait, c'est-à-dire taper le plus loin possible dans la balle. Même un type talentueux comme lui est obligé de se plier à la règle.

Lomu, lui, a des ballons. Comme quoi, ce n'est pas impossible de s'exprimer à l'aile...
(Silence.) Lomu, j'ai du respect pour lui. Il court avec le ballon. Sans doute parce qu'il ne sait pas taper dedans (rires). Lomu, Ntamack, (Glen) Osborne jouent leurs cartes à fond. Mais il n'y en a plus beaucoup, des joueurs comme ça !

« Moi, je me suis fait chier durant cette Coupe du monde. Je me suis fait marcher sur la cuisse dès le premier entraînement, j'ai touché deux ballons pour le match d'ouverture, et ensuite j'ai récolté une contracture »

 
 
 

Et James Small ?
Moi, je me suis fait chier durant cette Coupe du monde. Je me suis fait marcher sur la cuisse dès le premier entraînement, j'ai touché deux ballons pour le match d'ouverture, et ensuite j'ai récolté une contracture (silence). J'avais pas rêvé de ça.

Pourtant, vous allez disputer une finale de Coupe du monde. Vous devriez être heureux ?
(Il se marre.) C'est vrai. Pour le pays, pour les Springboks, c'est formidable. Mais moi, pour l'instant, je ne me suis pas régalé.

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Jonah Lomu (11) lors du haka d'avant-finale. (DR)

Reste à affronter Lomu...
Il suffit que je marque un essai, que je plaque ce mec et je redeviens un héros (silence). C'est marrant, on m'a demandé de me calmer, d'être plus convenable sur le terrain. En fait, je pense que pour arrêter Lomu, il faut que je sois comme avant. J'ai besoin d'ouvrir ma grande gueule pour être bon. Un peu comme John McEnroe. Il fallait qu'il engueule les arbitres pour bien jouer.

Moi, j'ai besoin d'aller faire chier l'adversaire. Si je reste sage dans mon coin, je suis bon à rien. Il me faut la pression. C'est vital. J'ai rêvé de ça toute ma vie. Maintenant, j'y suis et personne ne m'empêchera de vivre ça à fond. Des inconnus m'envoient des fax, d'autres téléphonent à 8 heures du matin, dans ma chambre, pour me dire ce que je dois faire pour plaquer Lomu. Dès que j'allume la télé, je tombe sur lui. Je vis avec Lomu, en fait, depuis cinq jours. Et ce match, c'est une chance pour moi.

En 1992, j'ai joué contre les All Blacks avec le frisson. J'ai eu la chair de poule pendant tout le match, tellement c'était un moment fort. J'avais envie de hurler. Samedi, à l'Ellis Park, je sais que ça sera pareil. Je voulais prendre un peu de recul, jouer les mecs mûrs, mais en fait, il faut que je revienne à l'état brut.

Lomu, c'est un sacré morceau ?
(Silence.) J'ai un avantage sur lui. Moi, j'ai connu le danger, le vrai danger. Le truc où tu risques ta vie, dans la rue. Pas lui. J'ai eu peur. Le terrain, c'est de la rigolade à côté de ça. J'ai arrêté (John) Kirwan et même le gros (Va'aiga) Tuigamala, qui impressionnait tout le monde (silence). Il y a des choses plus graves dans la vie. Tout ce qui va me gêner, c'est un mec qui pèse 120 kg ? Et alors ? »



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Posté 24 juin 2025 - 21:00

30 ans après la Coupe du monde 1995, le rugby sud-africain tourne la page de l'apartheid
La Coupe du monde 1995 et la victoire des Springboks ont-elles encore une résonance auprès des générations post-apartheid en Afrique du Sud ? La société sud-africaine est encore fracturée par les inégalités mais le rugby s'est lui largement démocratisé. Au point que les jeunes sud-africains ne parlent plus de discrimination raciale sur les terrains.

 

D'un point de vue historique, la rencontre avait tout d'un choc des cultures. Le 14 avril dernier, c'était jour de derby entre Stellenbosch et Cape Town en finale de la Varsity Cup, le prestigieux Championnat universitaire sud-africain. D'un côté, l'université de Stellenbosch qui fut le temple du rugby blanc afrikaner et un passage quasi-obligatoire pour intégrer les Springboks pendant l'apartheid. De l'autre, la faculté anglophone du Cap (UCT), traditionnellement plus progressiste.

 
 

« Ce n'est un secret pour personne que la démographie de UCT est plus diversifiée, confirme Howard, supporter et étudiant de Stellenbosch. On n'échappe pas à l'histoire. » Mais les jeunes Sud-Africains venus assister au sacre du Cap ce jour-là (21-44) ne vivent pas dans le passé, rectifie Leslie, « le rugby a largement dépassé la question raciale. Le sport a changé de manière évidente. Il nous rassemble ».

L'évidence, c'est que les joueurs noirs et "coloured" jouent désormais au plus haut niveau du rugby, à l'image du trois-quarts de UCT Ntokozo Makhaza. Originaire d'une petite ville aux confins de l'État-Libre dans les plaines du centre du pays, le Sud-Africain zoulou a été élu joueur universitaire de l'année. Il a été appelé pour le stage de présaison des Springboks en mai dernier sans avoir jamais joué au niveau professionnel.

« Quand j'étais petit, nous supportions les All Blacks dans ma famille. »

Herschel Jantjies, demi de mêlée international

 
 
 

Dans le pays le plus inégalitaire au monde, le rugby n'échappe pas à certaines fractures. Comme, par exemple, les énormes difficultés de transport auxquelles sont confrontés les joueurs et joueuses des townships pour se rendre à leurs matches. Mais de plus en plus de passerelles existent pour donner une chance à un maximum d'entre eux.

 
 
 

« D'où on vient, la langue que l'on parle, la communauté dont on est issu... Tout ça n'a pas d'importance », assure Herschel Jantjies (25 sélections avec l'Afrique du Sud) originaire d'un village pauvre de la région du Cap. Le demi de mêlée des Stormers, qui rejoindra Bayonne la saison prochaine, se souvient : « Quand j'étais petit, nous supportions les All Blacks dans ma famille. » De nombreux Sud-Africains noirs ont grandi en ne se sentant pas représentés par les Springboks, équipe qui était, il y a encore vingt ans, très majoritairement blanche.

« La manière dont les Springboks fonctionnent rassemble tout le pays »

Mais le joueur de 29 ans a été témoin du changement au sein de la sélection sud-africaine : « Je peux vous dire que la manière dont les Springboks fonctionnent, jouent ensemble et performent aujourd'hui, rassemble tout le pays. » Cette évolution, Louis Koen, ex-ouvreur de l'Afrique du Sud (15 sélections) passé par Narbonne (2003-2005), en est un observateur privilégié. Depuis dix ans, il est chargé de la détection et du développement des jeunes de 15 ans jusqu'à leur intégration chez les Springboks U20 à la fédération sud-africaine de rugby.

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Louis Koen, ex-ouvreur de l'Afrique du Sud chargé de la détection et du développement des jeunes de 15 ans jusqu'à leur intégration chez les Springboks U20. (DR)

Koen a vu l'arrivée de plus en plus massive des joueurs de couleur, notamment grâce au travail mené par SA Rugby. « Nous avons lancé un tournoi annuel qui rassemble les jeunes d'écoles défavorisées. Nos scouts repèrent dix - parfois vingt - joueurs et leur proposent des bourses pour venir étudier dans les meilleures écoles de rugby du pays. C'est là qu'on fait la différence : on leur donne l'opportunité. »

« Un jour, peut-être bientôt, les Springboks seront composés de 90 % de joueurs de couleur. Et personne n'aura quelque chose à redire. »

Louis Koen, ex-ouvreur international

 
 
 

« Si l'on n'avait pas ce genre de programmes, ajoute-t-il, Rassie Erasmus ne pourrait pas dire aujourd'hui "nos joueurs sont sélectionnés au mérite." Les Makazole Mapimpi, les Cheslin Kolbe, etc., sont les meilleurs. » Autre levier d'évolution du rugby sud-africain : les quotas imposant un minimum de joueurs de couleur dans les équipes. Sujet sensible en Afrique du Sud.

« Avant, on tenait un dossier Excel pour sélectionner nos équipes, raconte le coach des Stormers John Dobson. On utilisait des couleurs différentes pour les joueurs de couleur pour pouvoir les compter ensuite. On savait qu'il y avait un nombre en dessous duquel la fédération n'approuverait pas notre équipe. C'était la bonne chose à faire ! Aujourd'hui, on a dépassé ça. On choisit simplement la meilleure équipe. »

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L'Afrique du Sud sacrée championne du monde en 2023. (F. Faugère/L'Équipe)

Constat partagé par Louis Koen : « On a toujours eu l'objectif clair, mais jamais contraignant, d'avoir des équipes représentatives du pays. On fait toujours attention à ne pas passer sous les 50 % de joueurs de couleur. Mais honnêtement, nous n'avons jamais dû nous forcer, ça s'est toujours fait naturellement en choisissant les meilleurs. »

Et l'ex-ouvreur d'assurer : « Un jour, peut-être bientôt, les Springboks seront composés de 90 % de joueurs de couleur. Et personne n'aura quelque chose à redire. »



#15 Gourine63

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Posté 25 juin 2025 - 14:28

Ils l'ont tellement gagné de façon honteuse que l'intérêt de ces articles est proche du néant.

Autant demander à Moktar, le roi du bonneteau officiant sur le parvis de la maison Carré, d'où lui vient cette dextérité et ce talent.
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