La préparation du vestiaire, les manies des joueurs : rencontre avec Jean-Paul André, coordinateur logistique de l'ASM
Depuis la saison 2019-2020, Jean-Paul André est coordinateur logistique sportif à lASM. Traduisez, celui qui doit penser à tout pour que les joueurs naient, eux, quà penser à jouer. Un rêve pour celui qui baigne dans le rugby depuis lenfance et ses premiers maillots à Bort-les-Orgues.
Depuis son arrivée à lASM, au début de la saison 2019-2020, Jean-Paul André a préparé des dizaines de rencontres en coulisses pour que, comme il lexplique, « les joueurs soient focus sur leur match ». Il na raté quune feuille de match et un déplacement à Pau, pour assister aux obsèques de sa mère.
Il connaît toutes les manies des joueurs, leurs habitudes, les rituels comme celui qui lamène à aider lun dentre eux à enfiler son maillot avant chaque rencontre, « il se reconnaîtra », sourit-il.
Il sait se faire discret, « je sais quand il faut leur parler et quand il faut se taire », confie-t-il. Il essaie de penser à tout, aux têtes en lair qui peuvent oublier un casque ou tout autre équipement.
Tous ces gestes quil répète inlassablement dun week-end à lautre, jamais il naurait pensé les faire. Quand minot, il découvrait le rugby sur les pelouses, à Bort-les-Orgues, il était loin de se douter que des années plus tard, le rugby serait son univers de travail.
« Cétait un rêve pour moi », confie Jean-Paul André qui a joué à lAS Bortoise de lâge de 5 ans et demi à 35 ans. « Je suis le joueur dun seul club », rigole-t-il comme un clin dil à son complice actuel Aurélien Rougerie.
Ce rêve de gosse, cest grâce à Pierre Arnald, qui était alors directeur du Stade Français, quil a pu le réaliser. Mais avant le coup de fil du Clermontois dorigine en décembre 2015, Jean-Paul a fait plusieurs métiers. Vendeur chez Lacoste, la boutique qui, à lépoque, appartenait à Jacques Fouroux et Jean-Pierre Romeu. Le rugby, encore et toujours
Puis ce fut le bar La Mignonne à Clermont-Ferrand, puis un peu plus haut sur la butte, la gérance du restaurant Le Chardonnay des familles Portejoie et Chibret.
Mais quand il reçoit le coup de fil de Pierre Arnald qui lui propose le poste de coordinateur sportif, il réfléchit le temps dun week-end. « Je ny croyais pas, je ne le remercierai jamais assez ». Et il accepte. « Très égoïstement, jai dit oui », se souvient-il en référence à sa vie de famille quil doit laisser à Clermont.
Dernier match au Stade Français, contre lASM
Quand Jean-Paul André débarque, les Parisiens ont décroché, au printemps précédent, un titre de champion de France en battant lASM. À Paris, il découvre ce nouveau métier, doit faire une remise à niveau en anglais pour pouvoir communiquer notamment avec les Sud-Africains, nombreux à lépoque au Stade Français. Il apprend beaucoup au contact des entraîneurs qui se succèdent. « Jai beaucoup appris avec Gonzalo Quesada, qui était très rigoureux, très consciencieux. »
De ses années parisiennes, il a gardé de nombreuses amitiés avec des garçons comme Geoffrey Doumayrou, Jérémy Sinzelle, Julien Dupuy, Sergio Parisse sans oublier bien sûr Rabah Slimani. Le pilier droit quil retrouvera plus tard à lASM.
Après plusieurs saisons à Paris, il veut se rapprocher de sa famille. Jean-Paul est le père de quatre garçons, deux grands, Victor et Tom, et deux plus jeunes, Léon et Louis. Trois sur quatre jouent dailleurs au rugby.
Cest en croisant un jour Franck Azéma, alors coach des Clermontois, que le voyage retour devient possible. Son dernier match, sur le bord de touche parisien, cest dailleurs contre Clermont. Comme un clin dil.
En 2019, il intègre le staff de lASM. Eric de Cromières était alors président, Franck Azéma, Didier Bès et Bernard Goutta aux commandes de léquipe. Puis ce fut Jean-Michel Guillon : « Jai beaucoup de respect pour ce président, il a dû affronter tout ce qui a été le plus difficile dans ce club », confie-t-il.
Aujourd'hui, avec Christophe Urios, « tout est cadré, cest très clair ». Pour lui, « cest lhomme de la situation. Il fallait un homme fort et charismatique ».
Depuis quil a rejoint la maison asémiste, il est de toutes les rencontres. Les jours de match évidemment, mais cest avant, dans la semaine, que tout se joue. « Un vestiaire, cela se fait 24 heures avant », explique-t-il. Il faut aussi préparer le vestiaire adverse, celui de larbitre et celui pour les ramasseurs de ballons. Pour les déplacements, la pression est différente car il ne faut rien oublier avant de prendre la route. Si le déplacement se fait en bus, il part lui en mini-van avec Rougerie. « Cest Aurélien au volant, car il trouve que je conduis mal », se marre-t-il.
« On est globalement bien accueilli partout », note-t-il même sil avoue moins aimer le stade Mayol de Toulon difficile daccès, et préférer le Hameau de Pau et placer en haut de la liste Ernest-Wallon. « Toulouse, cest la classe ! ».
Derrière, bien sûr, le Stade Marcel-Michelin, car « lASM est et restera toujours, mon club de cur », conclut celui qui compte bien tenir encore pendant plusieurs saisons son rôle de « facilitateur ».
Caroline Freyssinge (LM - 26/12/24)
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Jean-Paul André (ASM)
Il a l'air sympa ce trois oreilles.