Le premier week-end de juin est passé, et avec lui les derniers matches de la saison régulière de Top 14. Place désormais à la phase finale, ces barrages qui fleurent bon le stress et l’enjeu. Un parfum auquel l’Aviron Bayonnais n’a jamais goûté, du moins pas depuis l’avènement de l’ère professionnelle. Stage de découverte donc pour les ciel et blanc ce vendredi contre Clermont (21 heures). Comme le Stade Français, le Racing, Toulon, Montpellier, Oyonnax, La Rochelle, Lyon et l’UBB avant eux (1).
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Des « débutants » au profil et parcours bien différents : les Parisiens et Toulonnais avec leur armada respective calibrée pour jouer les premiers rôles, Bordeaux qui n’en pouvait plus d’attendre ou Oyonnax, monté de Pro D2 deux saisons plus tôt et qui tenait la dragée haute au Stade Toulousain en barrage à Ernest-Wallon (20-19). « On était le Petit Poucet, retrace le centre Pierre Aguillon. Tout le monde parlait de notre état d’esprit d’irréductibles, on avait cette étiquette de village de Gaulois un peu au milieu de tous les cadres du Top 14. »
« Tu ne peux pas avoir le syndrome de l’imposteur. Si tu y es, c’est que tu le mérites »
Un profil d’outsider qui colle bien aux Bayonnais, même si leur place en phase finale ne surprend plus grand monde, les ciel et blanc ayant occupé la 4e place 15 journées sur 26. « Tu ne peux pas avoir le syndrome de l’imposteur en phase finale, c’est impossible, juge Benjamin Thiéry, vice-champion de France 2011 avec Montpellier. Si tu y es, c’est que tu le mérites. C’est que tu as réussi à battre la plupart des équipes qui sont dans ces six premiers aussi. »
Avant de rejoindre Bayonne, Benjamin Thiéry a atteint la finale du Top 14 pour la première participation de Montpellier en phase finale.
AFP
Folie des grandeurs
Ancien de la maison Aviron, l’actuel entraîneur des arrières de Nevers connaît bien la douce folie qui accompagne les soutiens des Bayonnais. De quoi porter les joueurs de Grégory Patat, seule équipe invaincue à domicile de la phase régulière. Mais tant d’attentes pèsent lourd sur les épaules. « Alors que pour nous, il y avait zéro mais alors zéro pression, sourit Serge Simon, champion avec le Stade Français en 1998. C’est ce que tout le monde dit quand tu joues à Paris hein, tu sors du stade et tu te fais engueuler par un taxi, ça te remet à l’heure. C’est que personne te connaît quoi ! »
Serge Simon et les anciens Béglais ont eu “un privilège de l’histoire” de retourner en phase finale avec le Stade Français.
Bertrand Lapègue / SUD OUEST
« Ce n’est pas une pression. Ils ont déjà fait quelque chose d’exceptionnel, déjà écrit l’histoire. Ils ont offert du bonheur à toute la ville », souligne pour sa part Benjamin Thiéry.
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Deux saisons après Oyonnax, Pierre Aguillon arrivait en demi-finale avec le Stade Rochelais, en 2017. Dans un stade Vélodrome surchauffé, l’ailier voit rouge à la 50e minute. Et les jaune et noir, premiers de la phase régulière, s’inclinent contre Toulon (18-15). « Avec le recul, je pense qu’on n’a pas forcément su gérer le côté émotionnel, estime l’intéressé. La veille du match, on a été peut-être un peu trop loin dans les émotions. On y a laissé un peu d’énergie. »
Pierre Aguillon exclu de la première demi-finale du Stade Rochelais, à Marseille contre Toulon en 2017.
Xavier LEOTY
L’expérience des anciens
La charge émotionnelle sera elle aussi très forte pour les Basques pur jus, les anciens comme Guillaume Rouet ou Camille Lopez qui vivront leur dernière (et cette fois c’est sûr) à Jean-Dauger. « J’espère qu’au contraire, ils verront ça comme on l’avait vécue nous à l’époque : un privilège extraordinaire que l’histoire nous avait donné de retourner à ce stade-là », s’émerveille Serge Simon, champion sept ans plus tôt avec Bègles et les Moscato, Laporte et autres Gimbert.
« Être content d’être là, ça ne te fait pas passer au tour suivant »
Pour Pierre Aguillon, les vieux briscards apporteront à l’inverse de la sérénité à cette équipe pas forcément habituée aux grands rendez-vous. « Camille Lopez, des finales, il en a au compteur ! Je pense qu’il a ce rôle de papa du vestiaire, il va être écouté, il préviendra les autres de ne pas tomber dans ces pièges-là, estime le récent champion de Nationale avec Carcassonne. Un discours que Greg (Patat) aura aussi. Il est quand même champion d’Europe, il ne faut pas l’oublier ! »
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Et le trois-quarts centre d’adresser un dernier conseil aux Bayonnais : « Il faut qu’ils profitent du moment, mais qu’ils voient quand même ça comme un match à leur portée. Être content d’être là, ça ne te fait pas passer au tour suivant. Tu as gagné ton ticket, tu le mérites et il n’y a pas de raison que toi, tu ne puisses pas aller au bout. »
(1) Par définition, tous les clubs présents dans la première phase finale de l’ère professionnelle y ont joué… leur première phase finale de l’ère professionnelle. Les huit clubs mis en avant l’ont jouée après des années sans y figurer : 19 pour le Racing, 70 pour le Stade Français… toute une existence pour Oyonnax.