Comment fonctionne le marché des transferts en rugby ? Explications avec le cas Bézy qui va passer de l'ASM à Montpellier
	
		Tous les clubs de Top 14 travaillent actuellement d’arrache-pied pour élaborer les contours de leurs effectifs en vue de la saison prochaine. Illustration de ce qu’il peut se passer en coulisse avec le cas de Sébastien Bézy qui va quitter l'ASM Clermont pour Montpellier.
	
	
	Par Vincent Balmisse
	Publié le 31 octobre 2025 à 09h30
	 
 
 
Lundi, le Montpellier Hérault Rugby a officialisé sur ses réseaux la signature pour les deux prochaines saisons de Sébastien Bézy. Un sens du timing habile, qui peut prêter à sourire, alors que le demi de mêlée, sous contrat avec l’ASM Clermont jusqu’à la fin de la saison, pourrait être amené à affronter son futur club dès ce samedi (16h35) au Septeo Stadium. « Pourrait » car il n’est pas encore acté que Christophe Urios l’emmène avec le reste du groupe dans l’Hérault.
« Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il se donne à fond pour le club jusqu’à la fin de son contrat, estime Benoît Vaz, le directeur général de l’ASM. C’est toujours la fierté et le professionnalisme des joueurs qui prend le dessus dans ces moments. » Et de citer en exemple la prestation d’Alexandre Fischer l’an dernier face à Bayonne en barrage. « Il avait à cœur de montrer sa reconnaissance vis-à-vis de l’ASM, mais aussi de donner une belle image à son futur club. »
	Un cadre clair pour que les clubs entrent en contact avec les joueurs
Le cas de Sébastien Bézy n’est donc pas isolé. Bien au contraire. C’est même ce qu’il se passe dans la plupart des mutations de joueurs de Top 14 et Pro D2 (*) même si cela peut toujours paraître étonnant que de telles annonces interviennent si tôt dans la saison. À la différence du football - où la majorité des mutations s’effectue contre des sommes d’argent lors d’une fenêtre de transferts spécifiquement dédiée - le gros des mutations dans le rugby concerne des joueurs qui arrivent en fin de contrat dans leur club.
Et la raison est assez simple. « Pour qu’un club puisse approcher un joueur d’un autre club dans le but de lui formuler une offre contractuelle, ce dernier doit être dans sa dernière année de contrat ou, à défaut, que le président du club auquel appartient le joueur donne son accord écrit au préalable », nous a indiqué la Ligue nationale de rugby.
 
Sébastien Bézy était donc précisément dans ce cas puisqu’il arrivait en fin de contrat en juin prochain. C’est la raison pour laquelle le MHR a pu engager des discussions avec lui et surtout lui formuler une offre alors qu’il était également en négociations avec l’ASM pour une éventuelle prolongation.
Ce que nous a confirmé Benoît Vaz : « Seb est plutôt en fin de carrière (il aura 34 ans le 22 novembre, ndlr). Il avait le choix entre rester ici et avoir un rôle de “papa” pour accompagner la progression de Baptiste Jauneau et Lucas Zamora ou aller à Montpellier qui lui proposait un rôle de taulier. On respecte son choix, c’est le jeu. » Si Clermont avait à tout prix voulu prolonger son demi de mêlée et éviter de se retrouver dans cette situation de concurrence, il aurait donc pu engager des négociations avant que celui-ci n’arrive dans sa dernière année de contrat. Cela a d’ailleurs peut-être été le cas.
Peut-être aussi que c’est le joueur lui-même (et son conseil) qui a préféré ralentir le processus de négociation afin d’arriver dans sa dernière année de contrat (**). Après tout, les joueurs n’auraient-ils pas intérêt à « profiter » du système en vigueur pour faire grimper les enchères??
	 
	
	« Cela dépend. Il y en a pour qui avoir une vision sur la durée est plus important et sécurisant que de se mettre sur le marché pour gagner un peu plus. Les joueurs ne sont jamais à l’abri d’une mauvaise saison ou d’une blessure. Certains peuvent ainsi se retrouver en fin de contrat avec rien à la clé alors que l’année d’avant, en pleine forme, ils refusaient de négocier… »
	
	Benoît Vaz (Directeur général de l'ASM Clermont)
Ce qui rappelle à quel point le rugby professionnel reste un milieu précaire du fait de la très grosse concurrence qui y règne.
D’autant plus que le salary cap, mis en place en 2010, limite les clubs dans leur champ d’action. « C’est à nous de définir comment on gère la répartition de la masse salariale sur notre effectif, explique Benoît Vaz. Si à un moment donné, on décide de mettre un énorme billet sur un joueur parce que stratégiquement on en a besoin, on sait qu’il y aura, par un effet de vase communicant, des arbitrages à faire à la baisse sur d’autres postes ou d’autres joueurs. » Ce qui aide aussi à comprendre certaines décisions, plus ou moins subies…
(*) Les autres dispositifs de mutation existants sont les jokers médicaux, les prêts, les joueurs supplémentaires ou les joueurs additionnels. Chaque dispositif dispose d’une réglementation qui lui est propre.
(**) Aucune affirmation ici concernant Sébastien Bézy. Simplement la volonté d’illustrer quelles options s’offrent aux joueurs et aux clubs de manière générale en phase de négociations.