Le degré zéro du rugby
11/10/2005
Par SYLVAIN LABBE
De Sports.fr
Trois semaines après les incidents d'Aguiléra entre Biarritz et le Stade Français, le Top 14 s'est offert samedi, à Bourgoin, à nouveau en spectacle à l'occasion d'une scène de pugilat d'une rare violence à la mi-temps entre Berjalliens et Agenais. Loin du folklore et de la tradition, de tels dérapages posent question à l'heure où le rugby a la chance de bénéficier d'une exposition médiatique sans précédent. Dans l'attente d'une réponse disciplinaire enfin à la hauteur, le rugby français s'interroge: les vieux démons seraient-ils de retour...
Scène surréaliste de violence à Pierre-Rajon. Même les supporters s'en mêlent. "Je trouve que c'est quand même beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Cela peut être choquant de l'extérieur, mais il y a eu 30 secondes de bagarre générale et pas de coup dur. C'est un peu gros de faire toutes ces histoires pour ça." Luc Lafforgue, le trois-quarts centre et capitaine du SU Agen, à l'origine de la bagarre générale déclenchée samedi, sur la pelouse de Pierre-Rajon, au moment où l'arbitre M. Maciello, renvoyait Berjalliens et Agenais au vestiaire, a-t-il seulement pris conscience de la portée de ses actes? A lire les déclarations du Lot-et-Garonnais, qui consent tout de même à qualifier son geste "d'inexcusable" dans les colonnes du quotidien Sud-Ouest, on est en droit d'en douter...
Samedi, à Bourgoin, Pierre-Rajon, la citadelle imprenable de l'Isère, invincible depuis 41 matches, a ajouté à sa brillante réputation un aspect nettement moins glorieux. Car si Luc Lafforgue, même s'il s'en défend en affirmant avoir été provoqué par le berjallien Mickaël Forrest, a bel et bien mis le feu aux poudres à la pause en assénant deux coups de poing au demi de mêlée isérois qui avait alors un genou à terre – les images de Canal+ le confirment -, la scène vue samedi à Bourgoin, jusque dans l'implication de certains pseudo-supporters berjalliens, fait froid dans le dos. La vision de Conrad Stoltz bloqué contre la main courante et roué de coups par une partie du public isérois avait ainsi quelque chose de surréaliste.
Lafforgue: "Des rugbymen, pas des danseuses"
De tels débordements, d'une telle intensité dans la violence, le rugby français croyait pourtant ne plus y être confrontés. Si il y a trois semaines, à Aguiléra, les deux bagarres générales entre Biarrots et Parisiens avaient déjà éveillé les esprits, les «marmites» échangées «dans l'esprit», diront certains, et la maîtrise du corps arbitral – Marchois et Harinordoquy avaient tous deux écopés de deux cartons rouges – avaient circonscrit cet embrasement. Samedi, à Bourgoin, les coups de pied et les coups de poing, les sauts à pied joints sur joueurs à terre, les charges genou en avant avaient de sérieux relents du tristement célèbre 8e de finale de muerte qui avait opposé Toulon à Bègles en 1991.
"Quand on t'agresse dans ton intégrité physique, il est difficile de se contenir, poursuit Lafforgue dans Sud-Ouest. C'est idiot, je sais, mais je ne pense pas être le seul non plus. En même temps on est des rugbymen, pas des danseuses. Cela fait hélas aussi partie du jeu, même si ça n'offre pas un spectacle agréable au public. Mais ça ne choque aucun joueur de rugby."
Vraiment trop crétin tout de meme le gars...
