Il est environ 19 heures samedi quand, têtes basses, les joueurs du Stade Français regagnent les vestiaires du stade du Hameau où ils viennent de s'incliner face à la Section Paloise. Une défaite sans appel, trois essais à zéro (30-6). Dans l'intimité du vestiaire, Karim Ghezal n'épargne pas ses joueurs, notamment les avants. Après la douche, en début de soirée, plusieurs joueurs demandent néanmoins une autorisation de sortie afin de faire une petite virée en ville. Le staff refuse. La délégation parisienne regagne son hôtel. Le retour vers Paris n'est programmé que le lendemain.
Les cadres du groupe tentent une nouvelle approche auprès du staff pour aller boire un coup. Les Stadistes viennent de passer la semaine en stage à Loudenvielle, au pied des Pyrénées, presque seuls au monde. La saison touristique hivernale n'ayant pas encore débuté, tout était fermé. Cette escapade, loin de Paris, était ciblée avant afin « de passer un peu de temps ensemble pour mieux se connaître, faire des réunions, des entretiens individuels pour expliquer plus précisément notre façon de travailler et ce que nous attendons du groupe et les objectifs que nous souhaitons atteindre », expliquait le nouveau directeur sportif Laurent Labit.
Normal, le duo Labit-Ghezal n'a officiellement pris ses fonctions dans le club de la capitale que fin octobre, après l'élimination de l'équipe de France en quarts de finale de la Coupe du monde (29-28 face à l'Afrique du Sud). La réponse à la virée nocturne est une nouvelle fois négative. Pas après une défaite dans le derby et un lourd revers à Pau. Selon nos informations, un petit groupe d'une dizaine de personnes s'en est affranchi. Manque de chance, ils ont été pris par la patrouille.
D'autant plus qu'un membre de l'encadrement de la Section paloise a été victime d'un coup au visage, de manière gratuite, une agression bien plus qu'une altercation, de la part d'un joueur du Stade Français dans la nuit béarnaise. Le Palois, touché au visage, se réservait toujours le droit de porter plainte ces dernières heures. Le dimanche, le staff parisien a réuni ses troupes pour s'expliquer. Le message a été limpide : il s'agit d'une attitude inadmissible. Le club sera intransigeant avec ce genre de comportement.
Les huit joueurs et deux membres du staff fautifs ont ainsi été convoqués en début de semaine en entretien individuel dans le bureau de Laurent Labit. La direction sportive du Stade Français a choisi d'adopter une attitude de fermeté et chaque joueur devra assumer ses responsabilités à hauteur de sa faute. Des sanctions ont été prononcées ou le seront très prochainement avec des avertissements, des amendes, des mises à l'écart et peut-être une mise à pied pouvant aller jusqu'au licenciement pour le joueur à l'origine de l'altercation.
Il y a un peu plus d'un an, en octobre 2022, le propriétaire-président Hans-Peter Wild et son directeur général Thomas Lombard avaient joué à chamboule-tout en officialisant l'arrivée du duo Labit-Ghezal pour la saison suivante, écartant de fait le manager en place Gonzalo Quesada, pourtant sous contrat jusqu'en juin 2024, et ses deux adjoints Laurent Sempéré et Julien Arias.
Une décision forte qui avait fait couler beaucoup d'encre et secoué le groupe. Nombreux observateurs s'imaginaient néanmoins que la nomination de ce nouveau staff, renforcé par Morgan Parra qui venait de mettre un terme à sa carrière, allait apporter stabilité et permettre au Stade Français « d'élever le professionnalisme du club » comme l'a souvent répété le docteur Wild.
Un mois après la prise de fonction de Laurent Labit et Karim Ghezal, les premières secousses se font déjà sentir même si d'un point de vue purement comptable, le club de la capitale occupe la 3e place du Top 14 avec 23 points. Mais après deux revers successifs, la réception du Stade Toulousain qui se profile (dimanche, 21h05) et cette première sortie de piste extra-rugby à gérer, le duo se trouve à un premier tournant de sa saison. Une troisième défaite de rang, une seconde d'affilée à Jean-Bouin, ferait forcément encore plus désordre.