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Derrière Shaun Hegarty, Flip Van der Merwe et Marc Baget, le trio d’anciens joueurs qui reprennent le BO, il y a l’avocat Christophe Cariou Martin. « Très serein », le conseil assure que son équipe a les financements nécessaires à la survie du club : « entre 1 et 1,5 million d’euros pour finir la saison et trois, a minima, pour la saison prochaine »
Depuis l’officialisation de l’arrivée de votre équipe, l’interrogation demeure sur les gens qui financeront le projet. Qui sont-ils ?
On ne peut pas encore en parler. On est tenu à un devoir de confidentialité. Des clauses ont été signées. Depuis plus de deux mois, on travaille en discrétion mais on a été efficace. C’est cette même recherche d’efficacité qui demande que la discrétion continue au moins jusqu’à l’assemblée générale prévue au début du mois de mai.
Pourquoi ? L’acte de cession a été signé et le conseil de surveillance a agréé votre équipe…
L’an dernier, lors de la tentative de vente, il y a un contentieux qui est né autour de la confidentialité. On a vu ce que ça avait donné. On a pris l’engagement d’entrer en négociation, et d’aller jusqu’au bout avec nos partenaires. Cet engagement comporte des clauses restrictives qui sont fermes. C’est une preuve de confiance jusqu’à l’assemblée générale mais le projet est viable et parfaitement encadré. On discute d’ailleurs avec la DNACG (gendarme financier de la Ligue, nouvellement A2R).
Est-ce que Romain Détré, lui-même ou via ses sociétés et son réseau, est un de vos partenaires financiers potentiels ?
Je viens de vous dire qu’on était soumis à confidentialité (sourire). Je n’ai pas le droit de répondre à cette question.
Ce mystère n’est pas de nature à rassurer…
Aujourd’hui, on gère une entreprise privée. Le problème, c’est qu’on gère un métier qui est un patrimoine vivant, qui appartient au patrimoine collectif. Les supporters attendent et les collectivités demandent des gages mais on est dans le cadre d’une entreprise privée avec des choses qui peuvent rester confidentielles.
L’entreprise est privée mais la Ville de Biarritz est le deuxième plus gros soutien financier du club, avec près de 1,4 million d’euros entre l’association, le centre de formation et la SASP…
On a rencontré la Mairie. Elle comprend parfaitement. Elle a demandé certains gages pour la rassurer, mais pas l’identité de nos partenaires. Sur un terrain, on doit avoir confiance en l’autre. C’est la même chose ici. Aujourd’hui, les gens sont peut-être aussi heureux de voir Jean-Baptiste Aldigé partir que de voir Shaun Hegarty arriver. On ne se leurre pas. On a un plan de développement pour assembler les pièces de la fusée dans un certain tempo.
Quel est l’intérêt pour vous, pour vos partenaires, de ne pas dévoiler les identités ? Louis-Vincent Gave et Jean-Baptiste Aldigé ne vont pas changer d’avis maintenant que l’acte de cession est paraphé…
Non, et en plus, dès les premiers échanges avec leur avocat Olivier Couleau, le mot d’ordre était : pas de clown, pas de cirque. On est dans des rapports cordiaux.
Pas toujours. Il y a eu des prises de becs, la semaine dernière, entre Van der Merwe et Aldigé. Ce dernier a également refusé que la nouvelle équipe organise une réunion à Aguilera, ce mardi avec les joueurs (elle a finalement eu lieu au restaurant Txik-Txak Chez Soso)…
Ça reste une discussion. Comme dans toute discussion, parfois ça monte, parfois ça descend, parfois ça rigole, parfois ça se tend… Pour revenir à l’intérêt des investisseurs à rester discrets, c’est justement de pouvoir bien préparer la suite. Ce pool d’investisseurs n’a pas envie d’être détourné de son but qui est de proposer, immédiatement après l’AG, un projet dans les mains de l’équipe. On a un laps de temps très court pour être prêt pour la saison prochaine. On a un challenge. Les joueurs aussi avec le maintien à aller chercher. On a toute confiance en eux. Ils ont la même confiance en nous et cette stratégie n’a pas besoin d’être perturbée.

Le projet serait-il viable en cas de relégation ? « On serait fou de ne pas envisager toutes les hypothèses. Tous les scénarios sont pris en compte »
Les joueurs ont rencontré Shaun Hegarty et ses équipes, à leur demande. Vous n’avez donc pas pu leur répondre ?
On leur a répondu de la même façon que je vous réponds, en apportant les éléments de garantie financière, en leur indiquant que le projet sportif était en cours. Flip (Van der Merwe) les rencontre régulièrement à Aguilera. Shaun et Marc Baget sont aussi disponibles pour répondre aux joueurs.
Leur réponse les a satisfaits ?
Je n’y étais pas. Mais je ne doute pas qu’ils vont s’exprimer sur le terrain.
Votre projet est viable en cas de relégation ou uniquement en cas de maintien en Pro D2 ?
On serait fou de ne pas envisager toutes les hypothèses. Tous les scénarios sont pris en compte. Il en est de la responsabilité des repreneurs. On a tellement foi dans le projet qu’on porte qu’il faut que les supporters viennent aider leur équipe afin qu’on le mette en place dans les meilleures conditions possibles. Aujourd’hui, c’est la responsabilité de chacun. On peut, pendant des années, bouder ou se priver d’un plaisir pour X raisons qui appartiennent à chacun. Mais aujourd’hui, le club et les joueurs ont besoin du soutien pour s’en sortir. Tout le monde doit être mobilisé.
À défaut de dévoiler leur identité, quels seront les moyens alloués par vos partenaires, et nécessaires, pour finir cette saison ?
Au regard de la quinzaine de documents reçus et du pré-audit réalisé, on a estimé l’atterrissage au 30 juin. On est sur des garanties à aller chercher entre 1 million et 1,5 million d’euros pour être certain de finir la saison.
Et pour la saison suivante ?
Le budget, encore en élaboration, sera dévoilé au moment de l’assemblée générale. Vu les ressources du club et les droits télé, il y a trois millions d’euros annuels à aller chercher, a minima. On a la garantie financière de les avoir. Donc on est très serein.
Avez-vous eu accès à tous les documents demandés ?
Disons qu’on est obligé de les demander de manière très formelle. On a du mal à les demander directement aux salariés, notamment sur la partie commerciale et merchandising, car ils restent soumis à une relation hiérarchique…
« Le contrat qu’on a signé confie à Jean-Baptiste Aldigé une gestion en bon père de famille, le temps de la transition de l’entreprise »
Plusieurs repreneurs se sont intéressés à la reprise du Biarritz Olympique. Un rapprochement avec un des autres projets est-il possible ?
On s’est inspiré d’autres modèles qui fonctionnent : Aix, Lyon, Toulouse… On a divisé le projet en silos. On a des partenaires qui s’intéressent au projet sportif. On a le projet structurel du stade, avec tout ce qui se passe autour du match. Des investisseurs s’intéressent à cela. Et après, il y a le projet commercial où, là aussi, il y a d’autres investisseurs qui s’intéressent. Notre projet et notre fonctionnement par silos font que tous les gens qui sont porteurs de projets ont la ligne de Shaun Hegarty. On a déjà pu avoir certains contacts avec des personnes qui avaient des projets. On n’est pas fermé - ce serait le contraire du caractère de Shaun - mais on ne prétend pas détenir la vérité. Chaque rencontre nous a permis d’ajuster notre projet.
N’est-ce pas utopique, dans le monde des affaires, d’imaginer une synergie des projets, si chacun était voué à prendre les rênes du club ?
C‘est ce qu’on appelle l’ingénierie juridique et financière. Mais cela dépend surtout de l’intelligence des acteurs. L’intérêt, c’est celui d’une entreprise, la SASP BOPB.
« La rénovation d’Aguilera est incontournable et nécessaire. Ça fait partie des éléments sur lesquels on travaille avec nos partenaires »
Comment gérez-vous cette période transitoire, avec Jean-Baptiste Aldigé encore à la tête du club jusqu’à l’assemblée ?
Le contrat qu’on a signé confie à Jean-Baptiste Aldigé une gestion en bon père de famille, le temps de la transition de l’entreprise.
Donc il ne peut pas recruter les All Blacks à trois millions d’euros chacun pendant les quinze jours ?
Non. Ce serait difficile de considérer qu’il recrute sans qu’on ait validé un recrutement, comme il serait difficile de penser qu’il ne mette pas à disposition tous les éléments de marketing et de merchandising dont on a besoin aujourd’hui pour travailler.

Est-ce que vous avez prévu d’investir dans la rénovation du stade Aguilera ?
Ça fait partie des éléments qui sont incontournables et nécessaires. Incontournables, parce que les acteurs publics nous le demandent. Et nécessaires parce que la réalité du stade, c’est celle que tout le monde voit quand on le visite. Quand on parle de projet structurel, c’est vraiment ça.
Avez-vous les garanties financières pour participer à la rénovation d’Aguilera ?
Ça fait partie des éléments sur lesquels on travaille avec nos partenaires. C’est en gestation, en élaboration. Tout cela sera traité en toute transparence à partir du moment où le projet sera à nous, avec Shaun au conseil de surveillance, avec Flip Van der Merwe et Marc Baget à ses côtés. On veut toujours avoir la tête haute et pouvoir répondre à n’importe qui dans les yeux.
Les joueurs recrutés pour la saison prochaine par l’ancienne équipe resteront-ils au Biarritz Olympique ?
Je suis incompétent en matière de projet sportif. Mais on a eu connaissance de tous les contrats, de tous les engagements… Tout ça est connu de Flip, Shaun et Marc qui travaillent sur leur projet sportif.