Confessions avec Thomas Laranjeira avant ses adieux au Stadium après 15 ans au CA Brive : "Je n'ai jamais triché avec ce club"
S’il n’a disputé que 95 petites minutes cette saison, Thomas Laranjeira va avoir droit à un dernier tour de piste ce vendredi contre Grenoble. Un moment qui promet évidemment d’être fort en émotions. Confessions avec le Briviste.
De Thomas Laranjeira avec Brive, il restera des images. Marquantes. Celle de sa célébration en train de faire l’avion dans un Stadium en furie après son improbable doublé inscrit face à Pau en janvier 2020.
Celle aussi où il joue les ambianceurs aux côtés de Jan Uys contre Grenoble en juin 2019, après la remontée en Top 14. Il y a aussi celle avec le bouclier de champion de France Crabos en 2011 ou encore celle d’une géniale communion à Chaban, en 2013 lors de la victoire contre Pau, synonyme encore de remontée.
Et puis, vendredi soir, il restera une autre image gravée certainement à vie dans la tête casquée de Thomas Laranjeira. Lui, célébré à sa juste valeur par le public corrézien pour ce qui sera certainement son 236e et dernier match avec le maillot du CAB face à Grenoble. Devant tous ses proches et dans son Stadium.
95 petites minutes disputées cette saison
« Franchement, quand j’ai appris que j’allais jouer, ça m’a pris aux tripes. Brive, c’est chez moi, c’est mon club, le Stadium, c’est mon jardin. J’ai tout connu ici. Tout », confie le joueur de tout juste 33 ans qui vient de passer dix-huit derniers mois très compliqués, loin des plans du staff avec seulement 95 minutes passées sur le terrain cette saison.
« Bien sûr que ça a été compliqué, je ne peux pas dire le contraire. J’ai toujours été un compétiteur donc je voulais être sur le terrain, mais plutôt que de faire la gueule ou de me renfermer, j’ai voulu donner l’exemple en me donnant à 100 % au quotidien. Je ne voulais pas finir en gâchant tout, ce n’est pas moi. Je n’ai jamais triché avec ce club. »
Impossible d’oser prétendre le contraire. Surtout quand on discute avec les coéquipiers de Thomas Laranjeira. Tous louent ses qualités humaines et son implication sans faille. Jamais un mot plus haut que l’autre ou jamais un mouvement d’humeur lorsque, dès le dimanche, il enfile déjà la chasuble rouge à l’entraînement synonyme de joueur hors groupe pour le match le vendredi suivant.
Au lieu de cela, l’arrière-buteur a enfilé une autre casquette. Moins visible pour le grand public, mais ô combien précieuse et respectée dans le vestiaire : celle d’exemple à suivre pour les jeunes.
« Je voulais avoir la sensation d’être utile à l’équipe, de servir à quelque chose et ça s’est fait naturellement en fait. J’ai pris un plaisir fou à accompagner les jeunes. C’est un rôle que j’ai toujours aimé. Et même si je ne jouais plus, j’ai continué à me mettre des objectifs personnels élevés tous les jours », confesse Thomas Laranjeira qui se rappelle de tous ses matches disputés avec Brive.
De ce fameux doublé contre Pau, « je ne touchais plus terre », de ses premiers pas sous l’ère Mola, de ses premières émotions de maintenir le club en Top 14 face au Stade Français en mai 2015 et même de ses coups de pied donnés aux quatre coins du Stadium. Surtout avant que la pelouse ne soit changée.
« On avait un drain qui avait pété et je savais que si je touchais la bonne zone, le ballon n’allait pas rebondir et qu’on allait pouvoir mettre la pression sur l’adversaire », se marre-t-il en pensant, ici précisément, aux batailles mémorables livrées dans 20 centimètres de bout contre Clermont ou le Toulon des grandes épopées européennes.
« On a vécu des choses incroyables au fil des années. Cette finale perdue contre Bayonne en 2019 me fait mal parce que j’ai toujours voulu ramener un titre à Brive mais lutter pour le maintien durant toutes ces années, ou même accrocher deux fois la huitième place au milieu des grosses écuries, émotionnellement, ça a été puissant. On était bien au-delà du rugby », pose Thomas Laranjeira qui avait pourtant, une approche un peu plus froide de son sport. Une approche axée principalement sur la préparation.
« J’ai toujours aimé comprendre comment bien se préparer, comment optimiser ses performances. Déjà gamin, à Bourgoin, je cherchais la performance physique, aller dans le détail. C’est quelque chose qui m’a suivi même si j’ai dû apprendre à me calmer parce que j’ai compris que j’en faisais trop. »
Ce recul, le buteur l’a trouvé et compris aux côtés de Gaëtan Germain, lorsque les deux joueurs s’entraînaient inlassablement face aux perches. « Il m’a fait comprendre que la qualité primait sur la quantité. Je m’entraînais trop. Le dimanche, quand le stade était fermé, j’escaladais le portail pour venir taper. Nico Godignon avait fini par me donner les clés (rire). »
Le taulier au pied quand Germain est parti
En plus des clés du portail, Thomas Laranjeira a pris celle du camion briviste lors du départ de Germain. « J’ai travaillé vraiment très dur et très fort pour avoir la responsabilité des tirs au but. Ce statut, je l’ai voulu et je crois l’avoir plutôt bien assumé », poursuit celui qui a notamment terminé meilleur réalisateur de la Pro D2 lors de la saison 2018-2019. Il était aussi en tête de ce classement la saison suivante avant qu’elle ne soit arrêtée en raison du Covid.
Ce vendredi soir, c’est la carrière du Briviste qui va s’arrêter. Quinze ans d’histoire avec Brive. Quinze ans de hauts et de bas, mais surtout quinze ans de fidélité et de dévotion. Et ça, ça force le respect.