Baptiste Couilloud a officiellement annoncé son intention de rester à Lyon. L'enfant du club, qui était tiraillé par un départ au Stade Français, a finalement choisi la fidélité au LOU. Ce choix, mais surtout le cheminement pour y parvenir, n'a pas été une partie de plaisir. Pourtant, le 16 juin, alors que la saison venait de se terminer par une frustrante neuvième place en Top 14, légèrement atténuée par une victoire finale en Challenge Cup, le LOU officialisait les prolongations de seize joueurs de son effectif, dont Baptiste Couilloud (25 ans). Le demi de mêlée international (11 sélections), au club depuis l'âge de cinq ans, était désormais engagé jusqu'en juin 2025. Son avenir ne semblait plus être un sujet. Erreur.
Courant octobre, les premiers échos d'un possible départ du meilleur marqueur de la saison passée (11 essais) commençaient à bruisser. La présence d'une clause dans son contrat était alors ébruitée. Son avenir, incertain, revenait sur le tapis. Baptiste Couilloud, au moment de sa prolongation de contrat de trois ans, avait négocié l'ajout d'une clause unilatérale lui permettant de quitter le club, sans indemnité. Il avait même jusqu'au soir de la 26e et dernière journée du Top 14 (27 mai 2023) pour l'activer. Les supporters lyonnais pouvaient commencer à trembler. Sauf que du côté des dirigeants du LOU, il était hors de question d'être à la merci d'un départ de leur capitaine, qui plus est aussi tard dans la saison. Tout devait être réglé avant la fin de l'année, même si selon eux, il n'y avait aucune raison de voir partir leur joyau.
Juste avant de filer en équipe de France préparer les tests de l'automne (Australie, Afrique du Sud et Japon), Baptiste Couilloud, via ses représentants, a décidé d'activer sa clause de sortie. Quelques semaines plus tôt, début octobre, la venue du duo composé de Laurent Labit et Karim Ghezal au Stade Français après la Coupe du monde 2023, en remplacement du manager actuel Gonzalo Quesada, avait été officialisé. Les deux adjoints de Fabien Galthié chez les Bleus ont très vite fait de Baptiste Couilloud une priorité de recrutement. De son côté, le demi de mêlée a commencé à se poser des questions et à entrouvrir la porte d'un départ à Paris. Le club de la capitale lui a d'ailleurs transmis une offre salariale supérieure à celle qu'il perçoit à ce jour.
Sauf qu'au LOU, et notamment dans l'esprit de l'actionnaire principal Olivier Ginon, on ne l'entendait pas de cette oreille. Une semaine après avoir perdu Josua Tuisova, qui a préféré s'engager au Racing 92, il était inimaginable de perdre Baptiste Couilloud. En coulisses, des rumeurs laissaient entendre que le choix du tricolore était dicté par son faible temps de jeu et des distensions avec son nouveau manager Xavier Garbajosa, arrivé à l'intersaison en remplacement de Pierre Mignoni, parti à Toulon. Garbajosa, lui, s'est toujours défendu de faire jouer les meilleurs pour le bien de l'équipe et de l'institution. S'il est vrai que le numéro 9 avait raté son match à Clermont (défaite 43-20), avant d'être remplaçant pour la réception de Bordeaux (victoire 36-21), son absence à Montpellier le week-end suivant n'était en rien lié à son rendement (il était malade). Il avait d'ailleurs retrouvé une place de titulaire face à Pau avant de filer en équipe de France. Beaucoup de bruits pour pas grand-chose ou plutôt semer le trouble dans les esprits.
Alors que Couilloud était avec les Bleus (il n'est entré que 10 minutes face au Japon sur les trois tests), son éventuel départ a commencé à prendre du plomb dans l'aile. La fameuse clause est vite apparue sans valeur juridique. Elle n'était d'ailleurs pas enregistrée à la Ligue Nationale de Rugby suite à la prolongation du contrat du joueur lyonnais. Le LOU, qui est resté très discret sur ce dossier tout au long de ce feuilleton, s'est montré prudent et serein à la fois. Le club s'apprêtait à devenir plus ferme. Si Baptiste Couilloud voulait partir et si un club était prêt à l'accueillir, il faudrait payer chères les deux années de contrat restantes. Une façon de montrer les crocs.
En revanche, avec son joueur, les dirigeants rhodaniens n'ont jamais perdu le fil. Après la victoire face au Stade Toulousain dimanche soir (21-14), où il était titulaire et a réalisé son meilleur match de la saison, Baptiste Couilloud a encore échangé informellement avec le fils d'Olivier Ginon en marge de la réception d'après-match. Toute la semaine, le numéro 9 a croisé les personnes importantes du LOU dans l'enceinte de Gerland où le club s'entraîne. Il s'est aussi entretenu avec son manager Sportif Xavier Garbajosa. Rassuré par les ambitions du club et son rôle au sein de la formation lyonnaise, Baptiste Couilloud a mis fin aux spéculations. Il a décliné l'offre du Stade Français. S'il le souhaite, il a même la possibilité, et la main, pour prolonger d'une ou deux saisons supplémentaires. C'est la fin d'un feuilleton, dont le club se serait bien passé et qui aura généré quelques turbulences aux yeux de l'extérieur, mais dont l'issue renforce finalement un peu plus les ambitions du LOU.