Posté hier, 11:29
Interview midol de yato :
Peceli, comment vivez-vous ces derniers moments à Clermont ?
Cest allé tellement vite. Je me revois en 2013, quand je suis arrivé ici. Et maintenant, cest la dernière danse !
Ressentez-vous déjà un peu de nostalgie ?
Oui, surtout les coéquipiers, mes voisins et les supporters ! Clermont, cest ma famille. Mais je le vis bien, cest mon choix, et il faut aussi respecter lASM qui aura besoin a besoin de nouveaux joueurs et de jeunes talents. Jespère quils vont porter lhistoire de ce magnifique club.
Comment sest déroulé le processus de ne pas prolonger à Clermont et partir vers lUsap ?
Dabord, cest un choix familial. Lorsque javais prolongé en 2023, javais dit à ma femme quelle choisirait si on partirait ou non, à la fin de mon contrat en 2025. On sest beaucoup parlé, et on a décidé ensemble de partir. Jai décidé douvrir un nouveau chapitre de ma vie, ce nest pas que le club ne voulait plus de moi (rires). Jai eu une discussion franche avec Christophe (Urios) très tôt dans la saison et cétait parfait. Il a compris mon envie de partir, on sest parlé "entre hommes". Cétait idéal. Et quelques jours après, mon agent a pris contact avec Perpignan et les discussions ont très bien avancé jusquà lofficialisation.
Comment votre famille vit-elle ce futur départ ?
Ma femme, cest bon (rires). Par contre, cest un peu plus compliqué pour les enfants. Ils ont grandi ici, il y a des copains partout. Ma fille est surtout triste de quitter Clermont en fait. Quand on a visité notre future maison à Perpignan, elle ne répondait pas. Mais ça va être facile daller là-bas, avec le temps, je ne me fais pas de soucis pour elle (rires). Et personnellement, je veux toujours faire le même boulot, donc jespère trouver mon bonheur à Perpignan.
Quest-ce qui vous a motivé à partir ?
Je navais pas le choix, ma femme a décidé (rires). Je plaisante, bien sûr. Lidée est daller chercher un nouveau défi dans un club mythique et découvrir un nouvel environnement, notamment avec la plage !
Vous êtes arrivé à 19 ans en Auvergne et vous allez repartir en père de famille, à 32 ans ? Quest-ce que cela vous inspire ?
Cest une folle évolution. Jai tout construit ici, jai quitté mes parents et toute ma famille aux Fidji, et jai très vite connu des "pères" et des "mères" à Clermont, que ce soit dans le club ou en dehors. Hors rugby, jai fait des bonnes et des mauvaises choses, mais à chaque fois lASM a toujours été à mes côtés. On ma donné la chance de changer. Tout le crédit revient au club.
Top 14 - Peceli Yato, lors de son troisième match professionnel avec Clermont, face au Stade français.
Top 14 - Peceli Yato, lors de son troisième match professionnel avec Clermont, face au Stade français. Jean Paul Thomas / Icon Sport
Quelle est votre plus grande fierté, en tant quhomme ?
Dêtre reconnu par les gens dans la rue et quils se rapprochent de moi pour discuter. Cest un peu comme aux Fidji. Même si tu ne connais pas quelquun, tu vas lui parler directement avec lui. Ici, jai eu le même sentiment.
Vous comptez plus de 185 matchs avec lASM. Quel est votre plus beau souvenir ?
Il y en a plein évidemment. Mon premier match en 2014, les deux finales gagnées en 2017 et 2019. Ce sont des moments uniques.
Dans votre salon, il y a une grande photo où vous raffûtez Owen Farrell lors dune action mémorable lors de la finale de Champions Cup 2017
(il coupe) Oui mais je nai pas marqué ! Cétait Nick Abendanon.
Cela reste tout de même un grand moment dans une carrière, non ?
Oui, cest triste davoir perdu la finale, mais je suis fier davoir joué avec des grands joueurs comme Damien (Chouly), Fritz (Lee) ou Julien (Bonnaire) avant cela, et en même temps, davoir affronté une équipe comme les Saracens avec les Farrell, Ashton Et ce cadre est un cadeau de notre responsable presse, Vincent Duvivier, qui avait pris cette photo et me lavait donné en souvenir. Cétait un beau raffut oui en fait !
Après onze ans en professionnel avec lASM et 61 essais marqués, avez-vous conscience de faire partie des meilleurs joueurs du XXIe siècle de Clermont ?
Non, non. Il y a des grands joueurs, plus que moi, qui sont déjà passés ici. Je pense à Morgan (Parra), Fritz par exemple. Je ne suis pas dans cette catégorie-là, jai trop de respect pour eux.
Sportivement, vous êtes revenu en forme malgré une énorme absence de treize mois en raison dune blessure au genou. Comment avez-vous vécu cette période ?
Je pensais que le rugby était fini pour moi. Mais je nai rien lâché. Cest pour cela que jai dit toutes les choses que ce club a déjà faites pour moi juste avant. Cétait vraiment incroyable. Je me rappelle notamment de lun de nos anciens kinés, Xavier Blanquet, qui ne ma pas lâché !
Cest-à-dire ?
Lorsquil y avait des semaines de repos, et que je voulais rentrer aux Fidji, il mordonnait de rester à Clermont pour continuer de travailler. Il croyait vraiment que je pouvais revenir. Je nen étais pas certain, mais chaque semaine il me disait "ne tinquiète pas, tu vas rejouer, on bosse petit à petit mais tu vas y arriver". Cest un vrai bon mec et cest grâce à lui que jen suis là aujourdhui.
Et il na pas eu tort
Oui ! Même si jai beaucoup perdu en vitesse !
Éric de Cromières a été déterminant quand je nallais pas bien. En 2016 ou 2017, je voulais tout arrêter : le rugby, lASM et rentrer aux Fidji.
Vous courrez vite tout de même
Non, cest fini (rires) !
Fritz Lee partira également à la fin de la saison, Paul Jedrasiak et Damian Penaud ont quitté le club ces dernières années, quel regard portez-vous sur la génération du titre de 2017 qui sen va peu à peu ?
Le temps passe vite et ce sont leurs choix. Parfois, on se dit que cest dur de quitter un club, mais que cest le destin. Ce sont des décisions qui arrivent souvent, dans beaucoup dautres équipes.
Quelle image restera gravée à vie dans votre esprit en évoquant lASM ?
Les célébrations du titre de 2017. Je revois des vidéos où je chantais devant toute la place de Jaude, ce nest pas beau à voir (rires). Je nétais pas dans mon état normal ! Mais cela a marqué les supporters je crois, donc tant mieux !
Vous allez donc rejoindre un autre grand club français en juillet. Pourquoi lUsap ?
Ils ont été les premiers à me contacter, cest une institution. Je veux aller là-bas pour les aider à remonter au classement, et je sais quil ne suffit de pas grand-chose. Lannée dernière, ils étaient bien plus hauts par exemple ! Il y a tellement eu de grands joueurs passés par lUsap Et je vais retrouver un entraîneur que je connais bien (il sourit).
Avez-vous un lien fort avec Franck Azéma ?
Oui, il est comme un père pour moi. On est vraiment proches. Quand jétais jeune, jai fait beaucoup derreurs, et cest lui qui ma serré la vis. Je me rappelle dune fois où je suis arrivé en retard à une réunion le matin, et toute la semaine ensuite il est venu me chercher à cinq heures du matin pour que je prépare les pancakes pour le groupe et surtout que je ne sois plus en retard (rires). Il était lhomme quil me fallait à ce moment-là.
Top 14 - Franck Azéma et Peceli Yato ont partagé huit saisons ensemble.
Top 14 - Franck Azéma et Peceli Yato ont partagé huit saisons ensemble. Jean Paul Thomas / Icon Sport
On vous sent très fier davoir croisé sa route
Exactement. Ce nest pas juste un entraîneur. On a évidemment beaucoup parlé avant que je signe à Perpignan, il ma donné plein dinformations sur la ville, lenvironnement etc. Cela va être très bon pour moi de changer datmosphère.
Le fait quil y ait également plusieurs anciens Clermontois a-t-il fait pencher la balance ?
Pour être honnête, non ! Ma femme et moi avions ciblé Perpignan pour les raisons dont je vous ai parlé, et cest un vrai bonus de retrouver quelques-uns de mes anciens coéquipiers.
Vous arrivez tout de même en fin de carrière. Envisagez-vous de revenir un jour jouer ou entraîner aux Fidji ?
Non. Quand jarrêterai ma carrière de joueur, le rugby sera terminé pour moi ! Mais jai déjà un plan pour laprès-carrière. Je veux retourner aux Fidji pour reprendre la ferme familiale et aider mon père. Cela fait plus de dix ans que je suis parti, mon frère est en Nouvelle-Zélande, et il est certain que je prendrai cette voie une fois le temps venu.
Top 14 - La personnalité d'Éric de Cromières a marqué Peceli Yato.
Top 14 - La personnalité d'Éric de Cromières a marqué Peceli Yato. Jean Paul Thomas / Icon Sport
Pour quelle raison êtes-vous passionné par ce métier ?
Jadore être avec des animaux, à la campagne, au calme. Tu es seul, tu es ton propre patron, tu fais ce que tu veux, tu dors, tu réveilles comme tu veux (rires). Jaime vivre avec les animaux en pleine nature.
Y a-t-il une personne, au club ou en dehors, à qui vous aimeriez adresser un mot en particulier ?
Sil était encore là, Éric de Cromières (N.D.L.R : président de Clermont entre 2013 et 2020). Cétait quelquun... (il sarrête). Il a été déterminant quand je nallais pas bien. En 2016 ou 2017, je voulais tout arrêter : le rugby, lASM et rentrer aux Fidji. Et puis il ma écouté et surtout, il a vu des choses en moi que je ne voyais pas. Il ma dit : "tu vas rester encore une année ou deux, on va faire comme ça, comme ça, je veux que tu continues à jouer". Cétait impressionnant ! Je lai écouté, et si on mavait dit quà 32 ans je serais encore ici
Enfin, quavez-vous envie de dire aux jeunes Jaunards qui arrivent à lASM ou qui sont en train de prendre le flambeau ?
Si tu as la chance dêtre dans ce club, il faut vraiment tenir et rester. Parce que cest un grand club et une grande famille.
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