Enfin un Bougnat qui a du goût
Moi j'aime Bien le Pas nous de l'Auvergnat venant de cette Auvergne qui a donné tant d’enfants à la France, et de morts pour la France, du Puy de Dôme au Puy en Velay, en passant par Aurillac, St-Flour et toutes nos belles villes, a toujours été un territoire d’accueil. Les républicains espagnols, chassés par la guerre civile y ont été reçu tout comme les aristocrates émigrés sous la révolution et les juifs sous le joug nazi. Et quel que soit « l’Auvergnat », celui de Brassens, en quelques mots très simples, et c’est là toute la grandeur du poète, en a fait un archétype d’homme. D’homme généreux. La proximité linguistique et culturelle, par l’occitan, y a peut-être joué un rôle. L’auvergnat, tout comme l’écossais, jouissent d’une triste réputation d’avarice. Notre civilisation confond les notions « d’avare » et « d’économe ». Ne pas gaspiller l’eau, par exemple, est-ce être avare ? Sur nos hauts plateaux auvergnats, l’eau est rare, donc précieuse. Depuis des siècles on y est écologiste, bien avant le « show-biz-écolo » ! Les animaux s’y abreuvent avant les humains… Dans toutes les régions d’Auvergne, il existait, et il existe encore, peut-être, à table, la place du passant, auquel on réservait la part du « pauvre ». Passant de Saint-Jacques de Compostelle, anarchiste espagnol, juif réfugié, hier … Journalier marocain ou sénégalais, aujourd’hui. Quand on cultive les cailloux sur nos hauts plateaux, c’est-à-dire, pour ceux qui ne connaissent pas ce coeur de la Fance, quand on se démène à longueur de siècles pour fertiliser des sols arides et n’en tire qu’une maigre subsistance, on est économe. Mais, de ce fait, la vie étant marquée par de longs hivers de cinq mois, on engrange, on économise, on est fourmi … Ce qui ne prive pas de reconnaître les vertus de la cigale. Et de lui faire crédit, contrairement à l’esprit et à la morale de la fable !Donner, sans arrière-pensée, sans espoir de « retour sur investissement », c’est cela la vraie grandeur d’âme (évangélique pour les chrétiens). L’auvergnat, parce qu’il connaît la précarité des récoltes, économise, mais n’hésite pas à donner, parce qu’il connaît tout autant le caractère éphémère de la vie. Si Brassens, fils putatif de Villon et de tant d’autres, décrit dans sa chanson ce que les rapports humains devraient être, et pourraient être, si cet affreuse figure du matérialisme triomphant et de la financiarisation galopante cessaient de régner sur notre quotidien. Comme il fait bon de se retirer dans ces montagnes bleues et rouges d’Auvergne, ensorcelées des vents tournants du nord au sud et de l’est à l’ouest, même quand on subit moins vingt degrés en hiver et plus quarante degrés en été, quand on imagine le hurlement des loups tristement disparus (de préférence aux hurlements des huissiers, tristement omniprésents), que la Bête du Gévaudan vous semble sympathique, et que l’on peut dire à l’Ami estranger : « Tou lé prende oun canon »et après on se chante « lous esclots » !!!
« Et pourtant que la montagne est belle, … » chantait Ferrat. Oui, on peut encore s’imaginer un vol d’hirondelles…
Mais, voilà, L’auvergnat n’en finit pas de mourir, asphyxié par le CAC 40, l’immigration non intégrée -faute d’accueil efficace-, l’absence de poésie, la vacuité de la charité, par l’insuffisance du coeur qu’il donne pour ne pas espérer le recevoir, gratuitement.
Vive le Pas nous Pas nous , et allez le jaune et Bleu
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