Et comme il a lu le pré rapport...
Ou un contre feu ?
Posté 26 octobre 2017 - 13:32
Et comme il a lu le pré rapport...
Ou un contre feu ?
Posté 27 octobre 2017 - 08:50
ho! mais Bernie va bientôt démissionner il a bien trop de pression!
il y une douzaine d’année je l'ai trouvé a la Baleine à Lyon a 5 h du matin et bin vous allez pas croire on a fini de se saouler,c’était en janvier 2005 il était président d’honneur d'une association d'handicapé,et oui et entraîneur du quinze de France , un bon gars je vous dit...
Ah l'alcool et ses vertus !
Un copain de beuverie est toujours un bon gars ; c'est quand tu es désaoulé que tu te rends compte que c'est un co
rd !
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Comme le mariage ? ................................
!
Posté 27 octobre 2017 - 14:19
Jacques Verdier du Midi Olympique a quand même réussi à comparer Altrad à Guazzini et Kampf. Au-delà d'un manque de déontologie et d'un copinage génants, c'est une insulte envers Mr Kampf dont l'investissement financier et humain dans le rugby s'est fait dans une discrétion de grande classe et de Mr Guazzini, qui a relancé le rugby à Paris et a modernisé l'image de ce sport avec une passion réelle et sans mépris envers les autres acteurs.
Demain je vous invite à lire l'Equipe Magazine sur Altrad.
Posté 27 octobre 2017 - 15:16
Jacques Verdier du Midi Olympique a quand même réussi à comparer Altrad à Guazzini et Kampf. Au-delà d'un manque de déontologie et d'un copinage génants, c'est une insulte envers Mr Kampf dont l'investissement financier et humain dans le rugby s'est fait dans une discrétion de grande classe et de Mr Guazzini, qui a relancé le rugby à Paris et a modernisé l'image de ce sport avec une passion réelle et sans mépris envers les autres acteurs.
Demain je vous invite à lire l'Equipe Magazine sur Altrad.
Posté 27 octobre 2017 - 15:20
Autant Kampf, je suis totalement d'accord, autant il faut se souvenir de la considération que Guazzini portait à Toulouse par exemple. Il n'hésitait pas à se foutre de leur gueule à la première occasion. Le maillot "violettes" leur avait valu une belle sortie de sa part, et on oublie pas Boublil...
Vrai que Guazzini n'a pas fait que du bien, mais son investissement dans le rugby va bien au dela d'Altrad, force est de reconnaitre qu'il a eu une influence profonde sur la facon de promouvoir le championnat de France et le rugby pro. Pour l'instant, Altrad il a mis du pognon, et copiner a droite a gauche...
Posté 27 octobre 2017 - 15:21
Tout le monde a oublié Max Boublil, il a sa carrière derrière lui...
Posté 27 octobre 2017 - 16:05
c'est humain est latin il y aura toujours du copinage,le type qui le remplacera fera pareil avec quelques variantes,après les Ferrasse, Wolf ,Camou, Blanco,Goze le rugby français a connus ces lettres de noblesses en matières d'arrangement entre amis il me semble.
je ne suis pas toujours fan de Bernie ,mais il était un grand entraîneur ,maintenant je demande quelle sera l'oie blanche pour le remplacer ?
Posté 27 octobre 2017 - 17:10
Quesada !!!
Posté 27 octobre 2017 - 18:05
c'est humain est latin il y aura toujours du copinage,le type qui le remplacera fera pareil avec quelques variantes,après les Ferrasse, Wolf ,Camou, Blanco,Goze le rugby français a connus ces lettres de noblesses en matières d'arrangement entre amis il me semble.
je ne suis pas toujours fan de Bernie ,mais il était un grand entraîneur ,maintenant je demande quelle sera l'oie blanche pour le remplacer ?
Mouais, pour moi c'est surtout le fossoyeur du jeu à la Française !!
Posté 28 octobre 2017 - 05:48
Autrefois on aurait dit que l'établissement était borgne. Chambre à 35 euros, l'hôtel Europe, sis au 13, rue Maguelone, à Montpellier, à deux pas de la place de la Comédie, n'a pas changé de standing en plus de quarante ans. Mais qu'importe, Mohed Altrad lui garde une tendresse particulière. C'est là que son extraordinaire histoire a commencé. Un soir d'automne de l'année 1970, lorsqu'il y a posé ses maigres valises. La patronne lui a offert un bol de soupe. Le jeune Syrien avait obtenu une bourse pour étudier à Montpellier. Il découvrait un monde, une culture, ainsi que la morsure du vent d'autan lorsque la nuit tombe... Sans le sou, ne parlant pas un mot de français... Demain serait un autre jour. C'était il y a une vie...
RÉUSSITE INCONTESTABLE, PAROLE FRAGILISÉEEn septembre dernier, le groupe Altrad, spécialisé dans le matériel pour le bâtiment et le service aux entreprises, a fait l'acquisition de la société britannique Cape pour 400 millions d'euros. Il affiche en 2017 un chiffre d'affaires de 3,1 milliards d'euros et compte plus 39.000 salariés. À la suite de cette opération, le dirigeant a lui-même qualifié son aventure entrepreneuriale de «plus grande réussite industrielle et commerciale française des vingt-cinq dernières années».
En effet, le parcours de Mohed Altrad est certainement l'un des plus inouïs du capitalisme moderne. Enfin, si l'on s'en tient au récit qu'en fait l'intéressé, au gré de ses innombrables interviews et dans ses livres, plus particulièrement Badawi, publié en 2002 par les éditions Actes Sud. Un vrai succès de librairie, 37.169 exemplaires vendus, Badawi figure dans les listes de programmes de l'Éducation nationale. Mohed Altrad l'offre volontiers à ses interlocuteurs, l'envoie aux journalistes. Comme une carte de visite. Dans le catalogue de l'éditeur, l'ouvrage appartient à la catégorie roman. «Mais tout est vrai», a l'habitude de dire l'auteur à propos de cette histoire dont il est le seul témoin. Les romans de Mohed Altrad ont été «retravaillés» par Jean Rouaud, prix Goncourt en 1990 pour les Champs d'honneur. Il n'est pas le premier auteur qui n'a pas entièrement écrit son livre. Deux autres ouvrages, la Revanche d'Hannahet la Promesse de Dieu, ont remporté moins de succès (entre 1.500 et 2.300 exemplaires).
A Montpellier, les plus folles rumeurs courent depuis longtemps sur le compte du chef d'entreprise. Nombre de personnes doutent de ses origines, de son histoire
Jusque-là, donc, aucune raison de douter. Mais voilà, depuis quelques semaines, le poids de la parole du chef d'entreprise est fragilisé. En août, le Journal du dimanche a révélé que le président de la Fédération française de rugby, Bernard Laporte, avait signé un contrat commercial de 150.000 euros avec la société de Mohed Altrad, par ailleurs président du club de Montpellier. Conflit d'intérêts ? Altrad a nié au JDD l'existence de ce contrat. Mais, quelques jours plus tard, Bernard Laporte lui-même en a admis la réalité. Nous, qui avions lu avec grand plaisir Badawi, l'avions fait lire à nos enfants, parcouru les multiples articles de presse à la suite de la désignation de Mohed Altrad comme meilleur entrepreneur mondial de l'année 2015 (par le cabinet Ernst and Young, son propre commissaire aux comptes), nous sommes donc posé la question : y aurait-il d'autres mensonges dans le récit de ce destin unique ?
À Montpellier, les plus folles rumeurs courent depuis longtemps sur le compte du chef d'entreprise. Nombre de personnes doutent de ses origines, de l'histoire du petit boursier syrien désargenté, de celle de l'enfant du désert né d'un viol que l'on découvre dans Badawi. Certains sont même persuadés que la famille Altrad est proche du clan Assad. Une rumeur certainement née des propos de Georges Frêche, l'ancien maire de Montpellier, qui se méfiait d'Altrad. «C'est un agent syrien», disait celui que l'on surnommait «l'Imperator». Frêche a ainsi toujours refusé de travailler avec lui. Il refusait – «tant qu'il serait vivant» – de laisser l'industriel entrer dans le club de rugby.
Les sceptiques ont tort. Mohed Altrad est bien né en Syrie, entre 1948 et 1951, dans cette région de Raqqa récemment libérée de Daech. Nous avons en effet retrouvé, non sans mal, un fonctionnaire syrien qui était inscrit au lycée de Raqqa dans les années 1960. Ce dernier nous a apporté quelques confirmations, après avoir échangé avec un membre de la famille Altrad, ainsi qu'avec l'un de ses amis syriens de l'époque.
Dans le récit qu'il fait de ses jeunes années, Altrad se présente comme un enfant né d'un viol paternel. Un premier fils, né lui aussi d'un viol, l'aurait précédé, mais n'aurait pas survécu aux maltraitances paternelles. Sa mère, répudiée, meurt jeune. Mohed est ensuite élevé par sa grand-mère, qui veut qu'il soit berger et refuse de l'envoyer à l'école. Au prix de mille difficultés, le petit Mohed parvient néanmoins à étudier avant d'intégrer le lycée de Raqqa, où il termine meilleur bachelier de la région.
«Mohed Altrad a effectivement étudié au lycée Al-Rachid de Raqqa, dont le directeur était Nabil Soleïman, un auteur syrien réputé, nous confirme le fonctionnaire de Raqqa. Il fut un élève extrêmement brillant. C'est son père qui lui a payé le lycée. Il était très solitaire, très timide. Il a bien terminé meilleur bachelier de la région, ce qui lui a permis de recevoir une bourse pour aller étudier en France. Un ami l'a accompagné à l'aéroport. Il n'est plus revenu qu'une seule fois à Raqqa ensuite. Enfant, il avait subi la haine de ce père qui avait des moyens et pourtant le laissait vivre dans la misère. Il n'a jamais supporté cette injustice.» Le témoignage confirme ce que raconte Altrad dans son livre. Ce n'est pas le clan Assad qui l'a envoyé en France. Le jeune homme a simplement reçu une bourse de l'État syrien, alors tenu par le parti Baas.
Mohed Altrad se définit comme un bédouin, badawi en arabe. «Tout au long des siècles, écrit-il dans son livre, nous, les badawis, les bédouins, nous avons traversé le désert. Nous avons dû lutter contre les sédentaires qui revendiquaient les terres sur lesquelles nous errions.» Il revendique cette identité à longueur d'interviews. «Mes origines de bédouin syrien m'ont beaucoup influencé : ce peuple n'a pas besoin de beaucoup pour survivre et doit emporter avec lui des objets souples pour voyager», expliquait-il dans les Échos, en septembre 2015. Le 21 octobre, dans le Mail on Sunday, il ajoute : «La vie du bédouin est très simple. Vous dormez sous une tente faite en peau d'animal et vous avez simplement besoin d'eau, de pain et, parfois, de viande.»
Cette culture aurait structuré son existence. C'est ainsi que Mohed Altrad justifie de gérer toutes ses affaires en direct, sans assistante ni secrétaire, malgré ses 39.000 salariés. «J'aime les circuits courts... Un bédouin ne dispose que des choses qui se plient, insiste-t-il, un tapis, une tente.»
Seulement, le fonctionnaire syrien qui nous a confirmé le récit des origines de Mohed Altrad affirme que «la famille Altrad n'est pas une famille badawi, mais une famille chawi». Soit, non pas des nomades qui traversent le désert, mais des agriculteurs installés sur les bords de l'Euphrate. «Mohed Altrad vient du petit village d'Al-Djibli, situé à 30 kilomètres de Raqqa.» Le nom de ce village posé au bord de l'Euphrate est en effet indiqué comme lieu de naissance d'Altrad sur les documents de ses entreprises.
Mais alors, pourquoi avoir intitulé son livre Badawi ? «D'abord, c'est un roman,suggère le fonctionnaire syrien. Peut-être, aussi, a-t-il choisi ce titre parce que les Européens considèrent que tous ceux qui habitent hors des villes sont des bédouins.»
Sur le site du groupe Altrad, on apprend que son PDG a obtenu des diplômes à Montpellier, la ville où il a souvent raconté être arrivé en 1970, à 17 ans. Petite incohérence de date (19 ou 22 ans, en fait), car l'industriel, qui dit ignorer la date de sa naissance, estime qu'elle se situe entre 1948 et 1951.
D'après sa fiche Wikipédia et dans nombre d'articles, il aurait étudié à l'école d'ingénieurs locale Polytech (ex-ISIM). Lui ne l'affirme pas textuellement, mais, sur le site de son entreprise, plusieurs articles reprennent l'information qu'il est ingénieur. Dans Badawi, le héros dit avoir obtenu son diplôme.
On s'est mis alors en quête d'élèves issus des promotions de ces années-là. Comme Jean-Louis Biasin. Ce consultant figure, par ailleurs, au Comité de rugby de Paris. «C'est marrant que vous m'appeliez à propos d'Altrad, car j'ai vu en effet qu'il était diplômé de Polytech. Mais je n'ai aucun souvenir de lui, je suis de la promo 1973. J'ai demandé à des copains des promos précédentes et suivantes, et aucun ne se souvient de lui. J'ai par ailleurs le décret du Journal officiel du 8 décembre 1974, qui cite les élèves ayant obtenu le diplôme d'ingénieur de l'école (promotions 1972, 1973, 1974), et le nom Altrad n'y figure pas.» Confirmation de Polytech : «M. Altrad n'a pas étudié chez nous, a répondu l'école. Voyez avec la faculté des sciences.» Ce que nous avons fait. Vainement. L'université nous a opposé une disposition de la Loi informatique et liberté.
Dans Badawi, le héros est inscrit à la faculté de physique-chimie. Dans un article, il est question d'un diplôme de maths-physique. Mohed Altrad explique qu'il a donc eu des diplômes sans jamais préciser lesquels, sinon un doctorat d'informatique. Nous avons effectivement retrouvé dans les archives de Paris VIII un mémoire de doctorat, intitulé «Conception, étude et réalisation d'un moniteur industriel temps réel (MIT)», datant de 1978. Le document est consultable dans les locaux de l'université de Saint-Denis. En 1978, Paris VIII n'était autre que la fameuse université de Vincennes, où il n'était alors pas nécessaire d'avoir le bac pour s'inscrire. Bonne pioche, aussi, à l'université de Dauphine, qui nous a assuré que Mohed Altrad était l'un de ses diplômés. Au regard de ses succès de lycéen puis de manager, le futur patron possédait toutes les dispositions intellectuelles pour être ingénieur. Mais, alors, pourquoi tant de mystères ? Ce sera souvent le cas au cours de cette enquête pour laquelle nous avons rencontré ou contacté près d'une cinquantaine de personnes. Mais pas Mohed Altrad, qui n'a pas répondu à nos nombreuses sollicitations.
Il dit avoir fondé en 1983 une société informatique qui, selon certains articles, aurait développé le premier ordinateur portable
Sa fiche du Who's Who édition 2010 (rédigée par ses soins, comme c'est l'usage) présente Mohed Altrad comme un ingénieur chez Alcatel et Thomson, qui a ensuite travaillé quatre ans à l'Abu Dhabi National Oil Company. L'homme affirme (Challenges, décembre 2013) y avoir gagné 4 millions de francs... Il dit avoir fondé en 1983 une société informatique, la FIET (France informatique électronique et télématique), sur le mode de ce qu'on appellerait aujourd'hui une start-up. Il y aurait développé, selon certains articles, le premier ordinateur portable. Rappelons que Thomson lance son TO 7 en 1982, Matra, son portable Alice en 1983 et Apple, son fameux Lisa en janvier 1984. «Nous avons construit un prototype qui fonctionnait, mais qui pesait 25 kilos», raconte Altrad dansParis Match en juin 2015. Dans l'un de ses livres de management, il évoque un objet un peu différent. Il s'agit d'une valise portable vidéotex principalement destinée aux vendeurs qui désiraient transmettre rapidement les commandes de leurs clients...
Sans les moyens de se développer, Mohed Altrad a vendu sa société au bout de deux ans, raconte-t-il. «L'affaire s'est conclue avec Matra», confie-t-il au magazine Entreprendre en août 1999. À la page 115 de son ouvrage Stratégie de groupe, l'homme d'affaires explique que c'est avec une partie de la revente de sa participation dans FIET qu'il a pu investir 4 millions de francs dans Mefran, la PME d'échafaudage à l'origine de son immense fortune. Dans un autre ouvrage,Écouter, harmoniser, diriger, il précise que FIET, dont il détenait 51%, a dégagé 7,5 millions de francs de chiffre d'affaires. Formidable réussite de cette start-up qui, en une année d'existence, a fait de son fondateur un millionnaire, avant d'être spectaculairement bien revendue !
Nous avons joint Maurice Remy, PDG de Matra communication, puis de Matra informatique, à l'époque. Il ne se souvient pas du rachat de l'entreprise FIET. Le groupe Lagardère, par la voix de Thierry Funck-Brentano, actuel cogérant du groupe et déjà présent dans celui-ci à l'époque, nous a répondu, de son côté, qu'il n'avait pas trouvé trace de cette vente. «Cela peut être dû à la taille modeste de FIET. »
De FIET, il ne reste plus rien aujourd'hui. Sinon son ancienne adresse, située dans la ZAC de Sainte-Croix, dans la petite ville bretonne de Châteaugiron.«L'entreprise a fait faillite. Lorsque nous avons repris ses locaux, nous avons trouvé un établi et des vieilles disquettes», nous raconte M. Lenglais, patron d'une société de taxis. Selon le tribunal de commerce, FIET a été créée en 1980 et fermée en 1992.
Son immense réussite trouve son origine dans l'Hérault où, en 1985, il rachète une entreprise en difficulté, spécialisée dans les échafaudages
L'immense réussite de Mohed Altrad trouve donc son origine à Florensac, dans l'Hérault, où, à l'été 1985, l'homme d'affaires rachète Mefran, une entreprise en grande difficulté, spécialisée dans les échafaudages, forte de 280 salariés. Trente-deux ans plus tard, le groupe Altrad compte plus de 170 filiales. Pour la plus grande fierté de son propriétaire : «C'est une entreprise qui, depuis trente ans, connaît une croissance à deux chiffres. Je n'ai, de ce fait, jamais perdu d'argent. Une situation, me semble-t-il, assez unique en France.»
Une réussite difficile à imaginer quand on se trouve devant le bâtiment historique du groupe, à Florensac. Ici, rien ne semble avoir changé depuis trente ans. La façade, où l'on peut lire encore le nom de l'ancien propriétaire, «Mefran», est en piètre état. «Il faut voir les vestiaires où l'on se change», raconte un ancien employé... Le site désormais ne compte plus qu'une trentaine de salariés. La commune, non plus, n'a pas été bouleversée par cette réussite. Son maire, Vincent Gaudy, s'en est quelquefois ému publiquement. Et le grand patron local a corrigé le tir. Depuis deux ans, il équipe ainsi en maillots toutes les équipes du club de foot local. Pour un groupe qui fait 3 milliards de chiffre d'affaires, l'effort est relatif... Altrad se révèle néanmoins un généreux donateur pour certaines causes, comme la lutte contre le cancer. «M. Altrad nous a permis d'ouvrir à Montpellier un centre ouvert aux malades en cours de traitement», se félicite le cancérologue Henri Pujol.
L'évolution du groupe Altrad n'a pas été un long fleuve tranquille. À partir des années 1980, il rachète des petites entreprises, les restructure, délocalise parfois une partie de la production. En Pologne ou au Maghreb.
Nous avons contacté un certain nombre d'entre elles. Guy Noël, par exemple, une entreprise familiale qui fabrique des bétonnières et se trouvait en difficulté en 2011. Installée à Ambérieu, dans l'Ain, elle comptait 53 employés. «Altrad a fermé le site, raconte un syndicaliste local, puis il est parti avec les machines, la marque, et a laissé tout le monde sur le carreau. C'est quelqu'un de très cynique. Mais toujours dans les clous. Tout est légal avec lui.» Les bétonnières Noël sont désormais fabriquées sur le site de Saint-Denis-de-Cabanne, dans la Loire.
Même méthode appliquée en 1998, avec Rennepont, qui construit des étais, à Dormans, dans la Marne. «Il faut reconnaître à Altrad le mérite d'avoir fait fonctionner le site plusieurs années, mais aujourd'hui nous sommes tristes, car il n'y a plus de production», se désole le maire du village. Autres exemples : Eurotol, à Baume-les-Dames (Doubs), ou encore la société Richard, en Gironde.
Le groupe Altrad a toutefois réussi à résister à la crise de la fin des années 2000. Alors que le secteur du bâtiment souffre, l'entrepreneur se développe à l'étranger. Il devient même leader dans ses domaines de prédilection, l'échafaudage, la brouette et la bétonnière. Une stratégie payante : la prime est en effet au leader. En juin 2010, son groupe compte 2.851 salariés et son chiffre d'affaires atteint 418 millions d'euros.
Et puis, en 2011, tout bascule. On entre alors dans les méandres du capitalisme moderne. Des banques et des structures financières – BNP Paribas Développement, CM-CIC Capital Finance et Synergie Finance (Crédit mutuel) – investissent 47 millions d'euros dans le groupe. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI), cette structure créée en 2008 à l'initiative de Nicolas Sarkozy, s'invite aussi dans la danse en ajoutant 45 millions d'euros au panier.
Une manne providentielle qui va permettre au groupe de changer de dimension. Ernst and Young, membre du Big Four des sociétés de conseil, certifie les comptes de la holding Altrad. Il acquiert une légitimité économique. L'État français, via la Banque publique d'investissement (qui a succédé au FSI), détient 10,87 % de son capital. Alain Juillet, ancien patron de la DGSE, figure même parmi ses administrateurs. Altrad nourrit sa croissance externe par de la dette, financée par les banques. C'est ainsi que la BNP a participé au financement de la reprise de la société britannique CAPE en accordant au groupe Altrad un prêt de 400 millions d'euros. L'heure est à la réorientation du groupe vers les services aux entreprises. Le cœur historique de ses activités, les échafaudages, les brouettes, ne représente plus que 15% de l'ensemble. En sept ans, le groupe Altrad, non coté en Bourse et géré par une poignée de collaborateurs dans la propriété de Mohed Altrad, à Montpellier, a multiplié par 13 le nombre de ses salariés et par 7 son chiffre d'affaires...
Certes, sa dette est moins importante que celle du tycoon des télécoms Patrick Drahi. Mais le groupe Altrad est désormais «too big to fall», trop grand pour tomber. Son fondateur est célébré par les plus hautes autorités de l'État, reconnu comme le meilleur entrepreneur français en 2014... et ce, même si son entreprise ne paie pas d'impôts en France depuis 2012.
Mohed Altrad aime se présenter comme le sauveur du club de Montpellier. Une fois encore, la réalité est un peu plus compliquée que la légende. Dans les années 1980, l'entrepreneur avait déjà investi dans le sport. Il a été un sponsor des clubs de foot de Béziers (D 2) et de Toulon (D 1). Son nom a d'ailleurs circulé pour la présidence du Sporting de Toulon, quand David Ginola y faisait ses premières armes, en 1987. À Béziers, le maire n'avait pas souhaité qu'il reprenne le club. Il faut dire que le chef d'entreprise ne se rendait guère populaire en venant au stade en Rolls, tout comme aujourd'hui lorsqu'il gare sa Ferrari bien en évidence devant le stade qui porte son nom, à Montpellier.
En 2010, le Montpellier Hérault Rugby (MHR), créé en 1986 (sous le nom Montpellier Hérault Rugby Club), connaît une belle ascension sportive sous la houlette, notamment, de Thierry Pérez, son président. Il cultive aussi un formidable état d'esprit. La réception d'après-match est réputée pour être la plus conviviale du Championnat, son centre de formation, l'un des meilleurs. En 2008, quatre joueurs issus de ses rangs ont rejoint l'équipe de France, Fulgence Ouedraogo, Louis Picamoles, François Trinh-Duc et Julien Thomas. Le MHR est néanmoins fragilisé par un déficit récurrent. C'est ainsi qu'en mai 2010 une dizaine de ses partenaires historiques, des chefs de PME pour la plupart, versent en quelques jours 300.000 euros (en actions) et 200.000 euros dans ses comptes courants pour répondre aux injonctions de la DNACG (contrôle de gestion du rugby pro).
Mais cela ne suffit pas. En septembre de cette même année, les dirigeants du MHR, en quête d'un repreneur, contactent Mohed Altrad. Georges Frêche, comme on l'a vu, met son veto. Mais le maire historique de Montpellier meurt le 24 octobre 2010. Dans un premier temps, en janvier 2011, c'est la famille Nicollin qui vient à la rescousse d'un club en grand péril, en souscrivant à une augmentation de capital de plus d'un million d'euros. Altrad revient dans le jeu après cet orage.
Au printemps 2011, des contacts sont renoués, notamment avec l'aval d'André Vezinhet, président du conseil général de l'Hérault et l'un des bailleurs importants du MHR. Il y a alors deux options : Altrad ou la famille Nicollin. Thierry Pérez (par ailleurs gendre d'André Vézinhet) penche pour la première. «Je considérais qu'il était mieux pour le rugby que le club dispose d'un autre actionnaire que celui qui était propriétaire du club de football», explique celui qui est aujourd'hui membre du comité directeur de la Ligue nationale de rugby.
Altrad souscrit à une augmentation de capital à hauteur de 2,4 millions d'euros. Nous sommes alors peu avant les demi-finales du Top 14. Les hommes de Fabien Galthié, qui effectue sa première saison en tant que coach du club, font des miracles. Ils battent le Racing, se qualifient pour la finale au Stade de France, le 4 juin, où ils s'inclinent face au Stade Toulousain (10-15). Mais ils gagnent un nouveau président : Mohed Altrad, intronisé le 22 juin 2011.
Dès lors, plus rien ne sera comme avant au sein du club. Le nouveau président écarte Pérez. Mystifie la DNACG. Puis effectue ce qu'on appelle en termes comptables un «coup d'accordéon». Une procédure financière légale qui aboutit, au bénéfice d'un actionnaire entrant comme majoritaire, à réduire à la portion congrue la part des actionnaires minoritaires d'une société. Au final, les petits chefs d'entreprise qui avaient sauvé le MHR en achetant des actions à 185 euros se retrouvent avec des parts d'une valeur de... 5 euros. Deux d'entre eux iront devant le tribunal pour récupérer leur mise. La plupart n'ont rien récupéré. Comme Alain Mondon, qui avait injecté 50.000 euros de ses économies. «J'ai envoyé trois lettres recommandées, mais je n'ai jamais eu de réponse. Ce monsieur est peut-être très riche, mais il doit être un peu sourd, non ?»
Aux salariés du club, le président fait désormais valoir que, ce qui importe, c'est«la loi Altrad». Comprenez : c'est lui, le patron ! Sous l'ère Altrad, une quinzaine d'employés du MHR sont remerciés. Certains prennent un chèque. D'autres résistent et saisissent les prud'hommes. Le plus emblématique d'entre eux sera, en 2014, l'entraîneur du club, Fabien Galthié. «Je vais vous anéantir, je vais ruiner votre image», lance un jour Altrad à l'ex-capitaine du quinze de France. Un bras de fer s'engage entre les deux hommes. Après une série de défaites en novembre 2014, Galthié confie en conférence de presse que ses méthodes (certes, pas toujours très tendres) ne passent peut-être plus, laissant entendre qu'il veut partir. Altrad se sent trahi, lui qui avait soutenu son coach en d'autres circonstances. Galthié est mis à pied le 29 décembre. Un nouveau staff est mis en place, mais Galthié résiste. «Altrad a essayé d'utiliser avec Fabien Galthié la même méthode que celle employée par Jean-Michel Aulas pour virer Claude Puel», raconte maître Pascal Adde-Soubra, l'avocat de l'ancien international. «Il envoyait des lettres à son entraîneur en indiquant qu'il n'était pas d'accord avec sa façon de faire. Mais Aulas, lui, n'avait jamais retiré l'entraînement à Puel.» Qui sera débouté aux prud'hommes (et en appel et cassation) après son limogeage de l'OL en 2011.
Altrad, lui, va user de méthodes d'humiliation dignes de la révolution culturelle chinoise. Ainsi la direction du club poste le salarié Galthié dans une salle équipée seulement d'une table, d'une chaise et d'un ordinateur, avec, pour unique mission, d'écrire un rapport expliquant son propre échec... «Il voulait détruire Galthié moralement, explique Me Adde-Soubra. Ce n'était pas une question d'argent. Galthié ne pouvait démissionner, car on ne peut démissionner d'un CDD sauf si on trouve un CDI. En fait, l'employeur Altrad, lorsqu'il est en tort, n'a pas de limite. Soit on lui cède, soit il vous indemnise, soit il vous détruit.»
Dans ses attendus sur l'affaire Galthié, en première instance, le conseil des prud'hommes évoque à cinq reprises des mesures ou des circonstances «vexatoires et humiliantes» à l'égard de Fabien Galthié. Le club est condamné à payer 565.000 euros de dommages et intérêts et de préjudice moral. Même jugement en appel. Les juges évoquent des circonstances brutales et vexatoires et une éviction sans respect pour la dignité. La somme est simplement ramenée à 484.536 euros. Le club s'est pourvu en cassation. «Le management est un art», écrit Altrad, à la page 13 de son ouvrage Écouter, harmoniser, diriger(Presse du management). Dans d'autres litiges impliquant des salariés du MHR, le tribunal a acté des faits de harcèlement moral de la part de la direction.
Les juridictions prud'homales ont du travail avec Mohed Altrad. Elles lui ont donné tort dans la quasi-totalité des nombreuses procédures le concernant. On comprend que le chef d'entreprise se soit prononcé publiquement en faveur de leur suppression...
Les juridictions prud'homales ont du travail avec Mohed Altrad. Elles lui ont donné tort dans la quasi-totalité des nombreuses procédures le concernant
Altrad n'a, en revanche, rien contre la justice pénale et le tribunal correctionnel. Ainsi, il n'hésite pas, en août 2013, à porter plainte pour vol contre Jean-Michel Arazo, le président de la section amateur du MHR, à qui il reproche de ne pas régler comptant les places accordées chaque week-end aux bénévoles. Arazo se retrouve en garde à vue. Quelques mois plus tard, il bénéficie d'un non-lieu et est lavé de tout soupçon.
Ainsi va le style Altrad. Il s'agit de marquer son territoire et de faire du passé une page blanche. Le club a d'ailleurs jeté ou déchiré les posters de cette saison 2011 flamboyante où il était parvenu en finale.
En 2012, pas moins de soixante bénévoles du MHR ont démissionné collectivement. Le club doit être désormais géré comme une entreprise. «Mais Altrad n'a pas compris, explique un ancien employé, qu'à la différence des échafaudages l'objet économique d'un club, c'est une équipe, donc des hommes.» En 2015, Pierre Berbizier est invité à Montpellier par Altrad pour réaliser un audit sur le club et, au final, intégrer son staff. L'ancien entraîneur du quinze de France répond à l'invitation, fait le travail... puis reste sans nouvelles. Longtemps. Avant de recevoir ce message laconique : «Envoyez-moi votre note.»
Mohed Altrad avance. Vaille que vaille. Si l'on n'est pas avec lui, on devient un ennemi. C'est ce qui est arrivé au maire de Montpellier depuis 2014, Philippe Saurel. Lors des municipales, il y a trois ans, Altrad avait pris position contre le candidat du PS, Jean-Pierre Moure, ancien proche de Frêche. Finalement, c'est Philippe Saurel, candidat de gauche sans étiquette, qui avait créé la surprise et remporté la mairie. Dans son bureau du 8e étage de l'imposant hôtel de ville conçu par Jean Nouvel, trône toujours le baby-foot qu'avaient offert Michel Platini et Louis Nicollin à Georges Frêche lors de la Coupe du monde 1998. «Il faut reconnaître l'engagement de Mohed Altrad pour le club, convient Saurel. Et donc pour la ville. Simplement, il ne supporte pas qu'on lui dise non. Mohed Altrad avait reçu un accord de principe de Jules Nyssen, l'ancien directeur général des services, pour récupérer les terrains situés autour du stade Yves-du-Manoir afin d'y bâtir un projet immobilier. Or, je ne peux céder ces terrains. C'est là où s'entraînent les gamins du club de rugby. Je ne peux les lui vendre pour une opération immobilière ! »
Les joueurs aussi subissent la «loi Altrad». C'était par un bel après-midi du printemps dernier. L'équipe avait été conviée à un barbecue au club. C'est une brochette à la main que six joueurs – Robins Tchale-Watchou, Akapusi Qera, Antoine Battut, Pierre Spies, Marvin O'Connor, Jeoffrey Michel – apprennent qu'ils ne sont pas conservés dans l'effectif alors que leur contrat court toujours. Sur RMC, Mohed Altrad affirme pourtant : «Tchale sait qu'il va partir depuis quatre mois.»
Assis à son bureau, dans sa maison de Montpellier, l'ancien deuxième-ligne semble encore très affecté par l'épisode. «Cela m'a dégoûté, j'ai perdu ce qu'il me restait de plaisir de jouer au rugby. J'ai arrêté.» Au mur, listées sur un tableau, on peut voir toutes les actions prochaines du syndicat Provale, dont le néo-retraité s'occupe. «J'ai beaucoup de respect pour Mohed Altrad. On s'est toujours parlé franchement. C'est un homme atypique. Il faut être humble et reconnaissant devant ce qui est beau et grand. Et ce qu'il a accompli est extraordinaire. Simplement, je n'ai pas accepté qu'il mente. Il a dit dans la presse qu'il m'avait prévenu. C'est faux.» Et l'ancien joueur de nous montrer le dernier texto adressé à son président dans lequel il demande un rendez-vous pour évoquer franchement sa situation. Message resté sans réponse.
On en revient à la parole d'Altrad. À ses petits arrangements avec la vérité. Comme une stratégie, juste pour atteindre son but. Ou gagner quelques euros. Comme lorsque le millionnaire adhère au MEDEF de l'Hérault via l'une de ses micro-entreprises, pour laquelle la cotisation est très faible. Le personnage sait jouer des circonstances. Traque les failles. Chez les hommes comme dans les systèmes.
L'affaire Johan Goosen est symptomatique de son style. En 2016, l'ouvreur sud-africain du Racing 92, élu meilleur joueur du Top 14, crée la sensation en renonçant à un contrat royal de quatre ans (estimé à 500.000 € annuels) pour rentrer au pays et y signer comme commercial dans une société de vente de selles de chevaux. En réalité, c'est Mohed Altrad qui tente de le débaucher en secret pour son club. Il a essayé, en vain, de payer la clause de libération par un intermédiaire basé en Suisse (pour un montant d'un million d'euros). Ses avocats ont imaginé ensuite cette astuce de CDI en Afrique du Sud. Pour compenser le manque à gagner d'un salaire de vendeur dix fois inférieur à celui du Racing, une société lituanienne basée à Londres a racheté, en Afrique du Sud, une maison à Goosen pour 90.000 euros. Mais le rugbyman est bloqué par les règlements et n'a pas joué depuis un an.
Autre anecdote : début 2015, Altrad rémunérait Jake White, le coach sud-africain qui, dans les faits, remplaçait Galthié (mis à pied), au titre d'une«prestation de services» payée 100.000 euros, via Travel Marketing Services, une société basée à Houston, au Texas. La dissimulation, dans le business, n'est pas forcément un péché véniel. Elle peut s'apparenter à du bluff. Ce que n'a peut-être pas tout à fait compris Mohed Altrad, c'est que le sport repose sur un principe simple : il révèle la vérité des êtres.
Posté 28 octobre 2017 - 07:19
Posté 28 octobre 2017 - 12:32
Merci Uderzo
A priori c'est plus facile de réussir avec de bons avocats que de bon collaborateurs...
Posté 28 octobre 2017 - 13:15
Merci Uderzo
A priori c'est plus facile de réussir avec de bons avocats que de bon collaborateurs...
Posté 28 octobre 2017 - 14:15
On peut aussi confiner à la diffamation pour discréditer une réussite, ce que fait à dessein l'article (posté deux fois sur le forum sans autre forme de procès)
Je commentais un seul point. Altrad qui se vente de réussir sans assistante ni secrétaire
Le reste et l'enquête à charge, ce sera traité entre L'Equipe et Altrad
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