On avait décidé de rompre le contrat, et de conserver Moyano à sa place. On économise sans doute un gros salaire, vu le contexte.
Le samedi 15 mai 2010, le Rugby Club Toulonnais défiait Clermont au Stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne en demi-finale du Top 14.
Cet incroyable match qui se soldera par une courte défaite Varoise (35-29) restera dans les annales tant le spectacle aura été époustouflant jusque dans les dernières secondes des prolongations.
Une seule tâche au tableau : l’erreur d’arbitrage de Monsieur Jérôme Garcès qui n’a pas fait appel à l’arbitrage vidéo lors de l’essai accordé au pilier Géorgien de l’ASM : Davit Zirakashvili.
Malgré les colères de Felipe Contepomi et Juan Martin Fernandez Lobbe qui avaient bien vu l’en-avant du pilier Clermontois juste avant d’aplatir, Jérôme Garcès décidait de rester sur sa première décision et d’accorder l’essai sans visionner les images.
Dix ans jour pour jour plus tard, l’arbitre international Français – qui a récemment pris sa retraite – a décidé de briser le silence dans les colonnes du Midi Olympique de ce vendredi.
Ce-dernier revient sur cette action et cette décision qui marqueront sa carrière d’arbitre pour toujours. Il explique pourquoi il décide de ne pas faire appel à la vidéo.
Une chose est sûre, Jérôme Garcès regrette terriblement cette erreur. Extrait:
« Si j’avais le pouvoir de rembobiner le temps et de modifier ma décision, je le ferais sans hésiter. »
Il n’a pas honte de le dire : cette erreur est celle qui l’a le plus marqué dans sa carrière. Extrait:
« Quand tu es arbitre, ce que tu veux, c’est être le plus juste et le plus propre possible et là, je me suis trompé. Dix ans après, la blessure est encore là. C’est un événement regrettable, un de ceux qui m’ont le plus marqué de toute ma carrière, un des seuls que j’aimerais changer. »
Jérôme Garcès revient ensuite en détails sur l’action. Extrait:
« J’étais de l’autre côté du ruck et le temps que je fasse le tour, je vois le ballon sous le bras de Zirakashvili. Pour moi, il n’y avait aucune raison de douter. Je n’avais juste pas perçu qu’il avait lâché le ballon avant d’aplatir. Bien sûr, les joueurs avaient protesté, réclamé la vidéo mais ce n’était pas comme si j’avais eu le moindre doute. Après, forcément, quand on se rend compte de la réalité, ce n’est pas pareil. Mais tu ne peux plus reculer une fois que tu as accordé l’essai… »
Quelques instants plus tard, Jérôme Garcès se rend compte – via les écrans géants du stade – que l’essai n’était en réalité pas valable. Il comprend alors sa bourde. Extrait:
« Il y avait de grands écrans dans le stade. Les images sont plus ou moins passées pendant que le buteur clermontois tapait la transformation. Quand tu vois ça, tu te dis aïe… Dans l’arbitrage d’un match comme ça, la dernière chose que tu veux, c’est ce genre de chose. Et pourtant, il ne faut pas te laisser déborder par les émotions et retourner à ton match. »
Le week-end suivant, Clermont remportait le Bouclier de Brennus lors d’une finale au Stade de France contre Perpignan.