Top 14 : "Quand il te plaque, il te traverse", Alexandre Fischer (ASM Clermont) un grand dur au cœur tendre
Alexandre Fischer a effectué l’un de ses meilleurs matchs sous la tunique clermontoise à Montpellier, samedi 7 juin. Avant de retrouver l’Aviron Bayonnais, son futur club, en match de barrage ce vendredi à Jean-Dauger, portrait d’une personnalité à part. A la fois très dur sur les terrains et très affectif en dehors.
« On ne l’a pas vu souvent jouer mais ce soir (samedi) il a été monstrueux physiquement. On sent qu’il fait très mal à l’adversaire. » Quelques heures après la victoire de l’ASM face à Montpellier, quelques-uns de nos confrères héraultais ont été admiratifs quant à la prestation d’Alexandre Fischer.
Le troisième ligne aile s’est en effet montré très impactant dans les domaines qui lui sont chers : la défense et le jeu au sol. En distribuant huit caramels et en récupérant trois munitions, Alexandre Fischer a joué un rôle essentiel dans la victoire clermontoise. En ce samedi soir de qualification, il se dégageait une impression de férocité dans chacune de ses interventions.
Si les observateurs ont été étonnés par tant d’intensité, ses partenaires n’ont, eux, pas été surpris. Lors des séances d’entraînement, les Clermontois ne règlent jamais le curseur à 100 % sur les plaquages. Alexandre Fischer parvient tout de même à impacter son vis-à-vis lors des oppositions ou des simples exercices.
"Tu serres les dents et tu contractes tout ce que tu peux"
« Alexandre, c’est un joueur dur, souffle le jeune Mathéo Frisach. Une fois, on avait fait un atelier plaquages sur tapis. Je l’avais en face et je n’étais pas très serein. Quand il te plaque, il te traverse. Physiquement, il est impressionnant. Il est énorme sur le haut du corps. À la muscu, c’est l’un des meilleurs. Si ce n’est le meilleur… »
« Dès que tu l’as sur le terrain, tu sais que ça va découper et que ça va contester. Il apporte une certaine sécurité défensive. ” Fisch”, il n’est pas très délicat et cela se voit sur les contacts. On le sent aussi à l’entraînement même si l’intensité est moindre. Quand on a les boucliers sur les ateliers, tu serres les dents et tu contractes tout ce que tu peux. Mais c’est quelqu’un d’intelligent. Il sait gérer car il pourrait faire vraiment mal aux mecs à l’entraînement », complète Baptiste Jauneau.
"C’est un sauvageon qu’il faut apprivoiser"
Passé les limites du rectangle vert, cette incroyable intensité contraste avec sa personnalité. D’un caractère plutôt discret, Alexandre Fischer n’apprécie guère l’exposition médiatique. Lors de l’hommage aux partants, le troisième ligne n’a pas souhaité s’exprimer. L’exercice face à presse n’est également pas du tout son truc. Par réserve mais aussi probablement par méfiance.
« Au fond, il est comme toutes ces personnes qui ne se livrent pas, décrit Christophe Urios. Alexandre est un grand affectif. Quand il ne connaît pas les personnes, il ne montre rien. Il s’est construit une espèce de carapace. Je lui ai souvent conseillé qu’il fallait qu’il soit authentique. De ne pas se protéger et de ne pas faire attention à tout. Il n’y a pas que des salauds dans la vie. C’est quelqu’un qui a bon fond mais il a des préjugés. Alexandre, c’est un sauvageon qu’il faut apprivoiser. Il a besoin d’être dans sa bulle. D’être dans son cercle d’amis. Cela lui convient bien. »
Pour ceux qui le côtoient au quotidien, Alexandre Fischer est effectivement un cœur tendre. Avec ses proches, que ce soit famille ou amis, le joueur fend l’armure et se donne à 100 %. « C’est un mec vraiment adorable, insiste Baptiste Jauneau. Dès qu’il aime, il ne compte pas. Il va tout donner pour ses amis et sa famille. C’est quelqu’un de très simple. Personnellement, je me retrouve beaucoup en lui. Dans sa façon d’être discret. Je suis obligé de parler plus avec mon rôle de capitaine mais c’est vrai que je suis comme cela aussi. »
À la lecture de ces déclarations, on a du mal à imaginer un joueur si rude et bestial sur le terrain. Une fois sur la pelouse, Alexandre Fischer laisse derrière lui son costume du quotidien pour enfiler la tunique clermontoise. Clark Kent et Superman en version jaune et bleu. « C’est simplement son lieu de prédilection, explique Christophe Urios. C’est là où il se régale. C’est là où il ne ne se sent pas juger. C’est son moyen d’expression. Il n’est pas facile à lire mais c’est quelqu’un qui a un gros cœur. »
Pas certain que les Bayonnais retiennent cela de lui vendredi soir… Avant de le découvrir dans leur vestiaire la saison prochaine, les joueurs de l’Aviron vont d’abord devoir se coltiner la version grand dur.
Arnaud Clergue (LM - 11/06/25)