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Combinaisons/Skills/Technique


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#121 el landeno

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Posté 31 octobre 2025 - 19:02

Hastoy-O'Gara, Serin-Mignoni... la relation spéciale entre un rugbyman et son coach quand il jouait au même poste que lui : « Je ne supportais pas qu'on soit sur mon dos à tort et à travers »
Les entraîneurs du Top 14 sont-ils plus durs avec les joueurs qui évoluent au poste qu'ils ont connu dans leurs jeunes années ? Ou nouent-ils au contraire une relation plus forte et plus tendre qu'avec les autres ?

On vous devine, sur votre canapé, prodiguer des conseils aux joueurs dans la TV, rouspéter contre un placement aléatoire ou une passe mal ajustée. C'est vrai, en qualité d'ancien talonneur de quatrième série ou fort d'une carrière d'ouvreur aux portes de la Fédérale 3, vous savez de quoi vous parlez en matière de lancer en touche ou de jeu au pied d'occupation. C'est complètement légitime et les rugbymen du Top 14 ne vous tiendront jamais rigueur d'un ou deux « tips » appuyés par écran interposé.

 
 

Mais imaginez un instant que ces commentaires-là soient adressés par une ancienne pointure internationale, une figure qui a porté pendant quinze ans le même numéro que vous dans son dos, et qui s'avère être votre entraîneur. C'est ce que vivent quotidiennement des dizaines de joueurs et cela a de quoi vous brider un tantinet. Vous joueriez sereinement un petit morceau de guitare avec Jimi Hendrix au-dessus de votre épaule, vous ?

« La confiance et la motivation sont des sujets hyper intéressants, parce qu'ils créent la différence entre un grand et un très grand joueur, un joueur de club et un joueur international »

Ronan O'Gara, ex-ouvreur de l'Irlande et entraîneur de La Rochelle

 
 
 

« Pour moi, c'est surtout un atout », jure Antoine Hastoy. À La Rochelle, le numéro 10 international (10 sélections) évolue sous les ordres de Ronan O'Gara, ex-ouvreur du quinze du Trèfle dans les années 2000 (128 sélections), et entraîneur au tempérament réputé volcanique. Un coach qui n'hésite pas à bousculer ces troupes par la parole et place très haut son curseur d'exigence. Porter le numéro 10 sous son haut patronat, ça ne doit pas être de tout repos ?

« Oui, J'ai déjà vécu ça avec (le Néo-Zélandais) Richie Mo'unga aux Crusaders, c'est un très grand 10, et Ihaia (West) et Antoine sont des grands 10, expliquait-il à L'Équipe en décembreJ'essaie de changer ma tactique, de tirer le meilleur de mes ouvreurs. Mais ils doivent prendre leurs responsabilités. Et ça commence par leur propre motivation, c'est la clé. La confiance et la motivation sont des sujets hyper intéressants, parce qu'ils créent la différence entre un grand et un très grand joueur, un joueur de club et un joueur international. »

 

« Ronan (O'Gara) comme Rémi (Talès) sont très regardants par rapport aux ouvreurs de l'équipe. C'est quelque chose de très plaisant »

Antoine Hastoy, demi d'ouverture du Stade Rochelais

 
 
 

Dans le cas rochelais, Hastoy et ses collègues ouvreurs s'appuient aussi sur Rémi Talès, ancien 10 des Bleus (24 sélections), coach adjoint en charge des arrières. « Ronan comme Rémi sont très regardants par rapport aux ouvreurs de l'équipe, poursuit Hastoy. C'est quelque chose de très plaisant. Je discute beaucoup des spécificités du poste avec Rémi. Et quand je joue, je ne pense pas à la façon dont ils peuvent m'observer (sourire), je ne vois pas les choses comme ça. »

« Par rapport à mon passé de joueur, je sais ce que les ouvreurs ressentent à certains moments d'une rencontre, explique Talès. Ils ont énormément de pression sur leurs épaules. J'ai peut-être plus d'empathie pour eux. Mais c'est important de les laisser faire comme ils sentent, parce que ce sont eux sur le terrain. Je vais les aider le plus possible, les accompagner, mais après... S'il y a quelque chose que je leur propose auquel ils n'adhèrent pas, ils ne le feront pas. Je sais comment j'étais aussi. Je les accompagne et ils valident pour qu'on avance ensemble. »

Comme Talès, Camille Lopez a un passé récent de joueur. L'ex-ouvreur, encore concurrent de Joris Segonds l'an passé, vient de devenir entraîneur en charge du jeu au pied à l'Aviron Bayonnais. « J'ai eu une discussion avec Joris à l'intersaison. Je lui ai dit que je n'allais pas lui apprendre à taper, il le fait très bien, sourit l'ancien international (28 sélections). On échange beaucoup mais on le faisait déjà quand on était tous les deux joueurs. Il sait que je ne lui fais pas de reproches, j'essaie juste de l'aider s'il en a besoin. »

Pour les entraîneurs, la ligne est très fine entre un accompagnement poussé et une omniprésence étouffante. Et la plupart en ont conscience. « Je ne supportais pas à l'époque qu'on soit sur mon dos à tort et à travers, se souvient Pierre Mignoni, ancien demi de mêlée international (28 sélections) et manager du RCT. Si c'était pour mon bien, je l'acceptais avec plaisir, parce que ça me remettait en question, parce que j'aimais ça. Mais si c'est pour dénigrer ou pas être constructif, là non. J'essaye vraiment, honnêtement, de ne pas faire ça. Par contre, j'aime avoir la relation avec mes 9, mais je ne veux absolument pas qu'ils me ressemblent, surtout pas. Je suis exigeant avec eux sur le côté technique, stratégique. Sur ça, je ne les lâche pas. Mon objectif, c'est de tirer le maximum de leur potentiel. Je veux qu'un 9 soit parfait. »

À quel poste jouaient les managers du Top 14 ?
Talonneur : Yannick Bru (Bordeaux-Bègles), Christophe Urios (Clermont), Joan Caudullo (Montpellier).
Pilier : Patrice Collazo (Racing).
Deuxième-ligne : Karim Ghezal (Lyon).
Troisième-ligne : Grégory Patat (Bayonne), Paul Gustard (Stade Français).
Demi de mêlée : Sébastien Tillous-Borde (Montauban), Pierre Mignoni (Toulon).
Demi d'ouverture : Xavier Sadourny (Castres), Ronan O'Gara (La Rochelle).
Centre : Sébastien Piqueronies (Pau).
Ailier/Arrière : Ugo Mola (Toulouse).

Baptiste Serin ou Ben White, les demis de mêlée toulonnais, distinguent la nuance entre l'exigence du coach et celle plus spécifique de l'ancien 9. Aux postes de la charnière, particulièrement exposés à cause de leur importance dans la conduite du jeu, il y a forcément une part de liberté qu'il faut laisser aux joueurs, seuls décideurs sur le terrain.

Les entraîneurs qui ont évolué à ces postes le savent, en théorie, mieux que personne. « Pour les joueurs, ça peut être insupportable si on est trop insistant, confirme Lopez. Je pense prendre assez de recul, je n'insiste pas en disant à mon ouvreur : "Tu as fait une erreur à ce poste !" » Les 10 de canapé s'en chargent déjà parfaitement.



#122 el landeno

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Posté 08 novembre 2025 - 10:14

Décryptage : comment l'Afrique du Sud cultive l'art des chandelles
Battus dans les airs lors du quart de finale de la Coupe du monde 2023, les Bleus pourraient être confrontés à un pilonnage au pied encore plus massif ce samedi (21h10) de la part des Sud-Africains. Et plus efficace.

Avec Rassie Erasmus, le jeu sud-africain recèle parfois quelques surprises mais il y a un mois, lors d'une répétition d'entraînement avec les Espoirs de Bordeaux-Bègles, Fabien Galthié savait déjà qu'une chose était certaine. « Les chandelles et le jeu de pression : ce que vont nous imposer les Sud-Africains, c'est ça ! » avait-il annoncé en pleine séance. Et comme par hasard, lors du rassemblement à Marcoussis, le premier exercice du premier entraînement a porté sur les réceptions de jeux au pied haut, en allant les attraper au-dessus de la tête si possible. « À l'entraînement, nous avons progressé, disait le sélectionneur ce jeudi. En match ? On verra samedi » À la vue de ce qui attend les Bleus, ce serait mieux.

 
 
L'équipe la plus chasseuse au monde

Vous vous souvenez du quart-de-finale 2023 ? Les quatorze coups de pied de pression sud-africains, les cagades en dessous, les trois essais encaissés par l'équipe de France... Ce samedi, ça pourrait être encore « pire ». Car les stats des Boks lors de ce quart - 51 % de jeux au pied de pression, 21 % ayant débouché sur un essai - sont très en deçà de celles de leur année 2025.

S'ils ont ajouté des éléments à leur rugby depuis deux ans, les champions du monde n'ont pas tourné le dos à leur recette aérienne. À l'image de leur nouvel ouvreur Sacha Feinberg-Mngomezulu, pourtant incroyablement talentueux balle en mains, l'Afrique du Sud colle à sa stratégie avec plaisir, mais aussi engagement total, organisation, et précision. En moyenne, cette année, elle a obligé ses adversaires à négocier 9 duels aériens par match. Aucune autre nation n'impose une telle pression par son jeu au pied.

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(Infographie L'Équipe.)
 
 
La folle réussite aérienne des ailiers et... d'Etzebeth

Il paraît que les Bleus ont établi un plan anti-Etzebeth. Pas en touche, ni quand il porte le ballon, non. L'idée est d'obliger l'ancien Toulonnais à aller dans les rucks offensifs pour éviter qu'il n'intervienne ailleurs, et notamment... sous les ballons hauts. Car, loin du rôle traditionnel d'un deuxième-ligne sur ces phases, Etzebeth est un « chasseur » quand son numéro 9 tape en l'air depuis l'arrière d'un regroupement. Grâce à sa vitesse, le colosse (2,03 m, 120 kg) est souvent au point de chute du ballon, où il sait se montrer adroit : il est l'un des quatre joueurs à son poste à avoir gagné un duel aérien en 2025, et le seul à l'avoir fait plusieurs fois.

 

Ce samedi soir, dans l'organisation des Sud-Africains sous les boxkicks de leurs « 9 », vous verrez donc Etzebeth (ou un autre deuxième-ligne) et, dans un autre genre, un des deux ailiers de poche, Cheslin Kolbe (1,72 m) et Kurt-Lee Arendse (1,76 m). Signe que les centimètres comptent moins que le timing et l'engagement, ces deux-là ont gobé 18 ballons en 2025. Il reste cependant moins efficace dans cet exercice que le titulaire du soir, Ethan Hooker, qui a remporté... 91,7 % des 12 duels aériens offensifs qu'il a disputés.

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(Infographie L'Équipe.)
Les trois habitudes dont les Bleus doivent se méfier

Que faire pour résister au déferlement de chandelles des numéros 9 sud-africains ? À cette question, Eddie Jones, sélectionneur du Japon, a trouvé une réponse originale, samedi dernier (61-7). À chaque fois que Cobus Reinach ou Grant Williams préparaient leur "boxkick ", deux de ses avants profitaient du temps de latence pour reculer dans le terrain, avec pour mission pour l'un de sauter et pour l'autre de le soulever le plus haut possible, comme en touche. La technique n'a pas vraiment fonctionné, mais elle montre à quel point ces chandelles des demi-de-mêlées, forme de jeux au pied la plus utilisée par les Springboks (8,4 par match), sont un enjeu majeur.

L'autre danger est bien connu des Français, puisque les chandelles croisées de Manie Libbok avaient notamment provoqué un essai lors du quart-de-finale. En 2025, Libbok (remplaçant ce samedi) et Feinberg -Mngomezulu continuent de beaucoup les utiliser : elles ont représenté 77 % de leurs jeux au pied offensif en 2025. Et ils les tapent très souvent après que les Boks ont récupéré un premier ballon dans les airs, autre habitude très marquée des champions du monde.

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#123 el landeno

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Posté 15 novembre 2025 - 07:38

Comment plaquer Josua Tuisova, le redoutable centre fidjien ?
Phénomène bien connu du Top 14, le centre fidjien Josua Tuisova proposera à la défense des Bleus, samedi soir à Bordeaux, une menace quasiment sans équivalent. Petit tuto pour courageux plaqueurs, en forme de guide de survie.

« Si quelqu'un a un abécédaire pour plaquer Josua Tuisova, s'il vous plaît, envoyez-le moi ! » Cette vanne est signée Shaun Edwards, actuel entraîneur de la défense des Bleus. Il l'avait sortie après un Galles-Fidji du Mondial 2019, quand il faisait partie du staff du quinze du Poireau. Les années ont passé, mais la formule magique demeure introuvable. Tuisova (31 ans, 1,80 m/113 kg) reste ce titan aux mollets taillés en angle droit et les Bleus ont beau être prévenus, ils vont galérer comme tout un chacun pour stopper le centre fidjien du Racing 92 (où il évolue depuis 2023, après être passé par Toulon, 2013-2019, et Lyon, 2019-2023).

 
 

« Tout le monde le connaît depuis des années, dans le Top 14, il fait des ravages, rappelle Nicolas Depoortere, qui devra se le coltiner ce samedi soir. J'ai un peu l'habitude maintenant de jouer contre lui. Je vais essayer de revoir des actions pour savoir comment j'ai pu le contrer ou pas ! Parce que je n'ai pas toujours réussi mes plaquages face à lui (rire). » Voici les grands commandements, très théoriques on en a bien conscience, pour tenter cette mission impossible.

1. Vaincre la peur

« Il y a une petite appréhension. Il peut vraiment vous marquer physiquement »

Henry Chavancy, partenaire de Josua Tuisova de 2023 à 2025

 
 
 
 
 

Se placer face à Tuisova lancé ne relève pas de l'évidence. « C'est assez compliqué, abonde Aurélien Cologni, spécialiste des attitudes défensives dans le staff de Bordeaux-Bègles. Il a cette force, cette puissance, qui fait que tu appréhendes quand tu es son vis-à-vis. »

 

« J'étais content de l'avoir plutôt avec moi que contre moi, sourit Henry Chavancy, son partenaire pendant deux saisons au Racing (2023-2025). Quand j'étais son adversaire, c'était peut-être la plus grande menace du Championnat. Forcément, il y a une petite appréhension quand on sait qu'on va jouer contre lui. Il peut vraiment vous marquer physiquement. Quand on l'a plaqué, le corps s'en souvient. »

 

Certains spécimens, câblés différemment du commun des mortels, y trouvent une forme d'excitation. « C'est un challenge intéressant pour chaque défenseur de se mesurer à ce joueur, avec son profil, assure Cologni. C'est une compétition avec toi-même et un contrat au long cours que tu passes, parce que ces joueurs te mettent à l'épreuve en permanence. Ce ne sera pas l'affaire de quelques minutes (sourire). »

2. Monter fort

« Lui enlever le plus de mètres possible pour qu'il ne puisse pas prendre de vitesse »

Aurélien Cologni, spécialiste des attitudes défensives à l'UBB

 
 
 

Aller aux devants des problèmes peut avoir du bon. Face à Tuisova, c'est même une obligation. Avant même que le Fidjien s'empare du ballon, le défenseur doit fondre sur lui. « Il faut lui enlever le plus de mètres possibles pour qu'il ne puisse pas prendre de vitesse, martèle Cologni. La clé, avant même le contact, c'est des montées rapides. » « À l'arrêt, il est comme tout le monde. Si on y va avec détermination, il tombera, jure Chavancy. Mais à partir du moment où il se lance, il devient presque inarrêtable. »

Jusqu'ici, rien de bien sorcier. Mais ce serait trop facile de contrer Tuisova s'il s'agissait simplement de sprinter vers lui. La montée rapide demande un maximum de maîtrise. Et pour deux raisons principales. « D'abord, si tu accélères trop juste avant le plaquage, avec un step, il peut réaccélérer et te mettre dans le vent, alerte Cologni. Ensuite, une montée rapide peut entraîner une cassure dans la ligne défensive. Et c'est là qu'il rentre. Pour les Fidjiens, le moindre espace est une bouffée d'oxygène. C'est ce qu'ils recherchent. »

3. Viser juste

« Il faut un joueur qui impacte au bassin, côté ouvert. Et un autre qui s'occupe du haut du corps »

Aurélien Cologni

 
 
 

Une fois en face de Tuisova, quels membres faut-il viser pour espérer le faire tomber ? « Il est puissant du bas, mais si on vise trop haut, c'est à nos risques de péril. Avec un raffut, il nous jette comme un enfant, image Chavancy. J'étais plutôt du genre à aller dans les jambes quitte à me faire rouler dessus. Ça remue pas mal (rire). »

Mais viser les appuis de Tuisova n'est pas sans risque non plus parce qu'il « est capable de se baisser, de se protéger avec l'épaule ou l'avant-bras, en mettant presque un bouclier devant lui, et de te ''bumper'' dans le sol ». Pour l'ancien treiziste Cologni, « la meilleure façon de le stopper, c'est surtout d'être à deux. Il faut un joueur qui impacte au bassin, côté ouvert, c'est-à-dire là où il ne porte pas le ballon. Et un autre qui s'occupe du haut du corps, au ballon. » Replacé au centre depuis plusieurs saisons, Tuisova se retrouve souvent dans le trafic, avec moins de situations de pur un contre un. Jouer le surnombre défensif face à lui est donc plus simple, mais cela implique d'autres soucis.

4. Accepter de perdre

« Il peut faire bénéficier ses coéquipiers d'espaces libérés par des défenseurs qui voudraient s'aider mutuellement »

Henry Chavancy

 
 
 

Le rugby est riche en leçons philosophiques. On avance en se faisant des passes vers l'arrière. Et on peut réussir un bon plaquage en reculant de cinq mètres. « Il faut simplement accepter que tu ne gagnes pas le contact, tu vas le perdre mais tu vas l'entraver. L'intérêt, c'est d'accepter cette domination, pose Cologni. Parce que physiologiquement, le rapport est perdu d'avance. » Comme au judo, le défenseur peut se servir de la force de son adversaire pour l'amener au sol. « C'est ça, il faut absorber le contact. Comme une carrosserie de voiture lors d'un choc frontal. »

Mais le pire dans cette affaire, c'est que réussir à plaquer Tuisova peut vite devenir une victoire en trompe-l'oeil. « Grâce à ses capacités physiques hors norme, il peut faire bénéficier ses coéquipiers d'espaces libérés par des défenseurs qui voudraient s'aider mutuellement pour l'arrêter », souffle Chavancy. Il faudrait donc monopoliser trois joueurs : deux pour le plaquer et un pour contester au sol, ralentir la sortie et concentrer les soutiens offensifs dans le ruck. Trois joueurs pour un seul homme, ça fait beaucoup. Mais pour Tuisova, c'est presque peu.

 


#124 RCV06

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Posté 15 novembre 2025 - 13:30

Faut demander à Gargajosa, la technique qu il a utilisé face à Lomu est imparable 


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#125 el landeno

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Posté 20 novembre 2025 - 07:03

Test à balles réelles en club, affinage lors des rassemblements : plongez dans les secrets de fabrication des combinaisons en touche des Bleus
Les combinaisons en touche du XV de France sont le fruit d'un travail commun entre le staff des Bleus et parfois les clubs du Top 14. Découvrez les principales étapes de leur élaboration expliquées par Laurent Sempéré, co-entraîneur de la conquête française.

Laurent Sempéré, co-entraîneur de la conquête et des tâches spécifiques de l'équipe de France, s'occupe notamment du secteur de la touche. Avant le premier test-match face à l'Afrique du Sud le 8 novembre (17-32), l'ex talonneur (40 ans) a accepté de dévoiler comment le staff des Bleus travaille en concertation avec plusieurs clubs du Top 14 pour élaborer des combinaisons en touche qui seront utilisées en match international par le quinze de France.

 
 

De l'idée, qui a d'abord germé dans l'esprit de Sempéré, jusqu'à l'exécution lors par exemple de la victoire en Italie le 23 février (24-73) pendant le dernier Tournoi des Six Nations (voir vidéo plus bas), découvrez les principales étapes d'une combinaison « made in France ».

 
La genèse d'une combinaison

 

 

 
 
 

« Il y a environ 50 % des idées que j'abandonne »

 
 
 

« Tout part d'une vision, d'une idée que je travaille seul dans mon coin. J'ai un bureau à mon domicile avec un grand tableau blanc qui fait beaucoup rire mes collègues quand on fait des visios. Je commence par faire des dessins pour visualiser ce que j'ai en tête, orchestré la combinaison que j'ai imaginée. Ensuite, autour de chez moi, j'ai pas mal d'équipes amateurs dont je connais les entraîneurs. Avec leur accord, ça me permet de tenter des choses, ils me mettent à disposition leur équipe sur une partie de leur séance. J'ai senti ça, mais est-ce que c'est vraiment réalisable ? Ce sont les prémices.

Je peux aussi le faire avec des équipes Espoirs. C'est ma phase de test. Mais jamais la combinaison dans sa globalité. Toujours un point de détail. Il y a environ 50 % des idées que j'abandonne. J'avoue, parfois, je pense à des trucs un peu farfelus (il sourit). En revanche, ce que je trouve intéressant, généralement deux ou trois idées entre chaque rassemblement, je les garde dans un coin de la tête. »

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Laurent Sempéré, co-entraîneur de la conquête et responsable plus spécifiquement de la touche lors d'un stage de l'équipe de France cet été. (A. Mounic/L'Équipe)
L'échange avec les clubs du Top14

 

 

« Les techniciens peuvent aussi m'amener leur vision »

 
 
 

« Chaque semaine, je me déplace dans les différents clubs du Top 14. Depuis mon arrivée dans le staff des Bleus après la Coupe du monde 2023, à force d'échanges, j'ai une bonne relation avec l'ensemble des staffs du Top 14. Nous discutons beaucoup, nous partageons beaucoup. C'est une chance. La conséquence, c'est que régulièrement, certains managers me laissent prendre une partie de leur séance d'entraînement. J'en profite à nouveau pour tester mes idées. Mais bien sûr, il y a un échange en amont pour expliquer ce que je souhaite proposer.

L'avantage, c'est que les techniciens peuvent aussi m'amener leur vision, une idée, un détail, qui va enrichir la construction de la combinaison. Nous avançons ensemble. Je me déplace souvent avec un membre de la cellule performance pour savoir quel sera l'impact énergétique nécessaire au travail de cette combinaison pour que ça reste complémentaire avec notre système d'entraînement sur une semaine de préparation. Dès cette étape, j'échange également avec l'ensemble des membres du staff de l'équipe de France pour que ça s'intègre au mieux à notre jeu dans sa globalité. »

Le test à balles réelles en club

 

 

« Parfois, je ne suis même pas au courant que le club va la tester en match »

 
 
 

« Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les combinaisons testées ne le sont pas forcément dans les clubs où il y a le plus d'internationaux. Nous travaillons avec tous les clubs. Ce qui m'intéresse le plus, c'est la réalisation, peu importent les joueurs. Ensuite, ce sont finalement les clubs qui ont la main. Si le club veut utiliser la combinaison, c'est son choix. Parfois, certains ne s'en servent pas. Je n'impose rien. Ce sont eux qui la bossent, je n'interviens plus. Parfois, je ne suis même pas au courant que le club va la tester à balles réelles en match. Je le découvre en regardant le multiplex !

En revanche, à la fin des matches, on échange. Il peut y avoir de nouvelles adaptations. Mais au final, les clubs sont aussi contents que moi de la réussite de la combinaison. Y a-t-il une part de risque du côté des clubs ? Peut-être. Mais nous avons tellement échangé, que le risque est très limité. Si les clubs acceptent de tester la combinaison, c'est qu'ils y croient aussi. Mais parfois, la combinaison ne fonctionne pas. Ça arrive, mais je peux quand même la garder. Je sais pourquoi ça n'a pas fonctionné et je sais comment y remédier. »

La présentation en équipe de France

 

« Faire ma propre cuisine pour mettre le bon joueur au bon endroit »

 
 
 

« Une fois qu'elle a été testée en club et que je décide de la proposer en équipe de France, je reprends la main dessus. C'est à ce moment-là qu'entre en compte le profil des joueurs susceptibles de la réaliser au mieux. Parce que ceux qui l'ont testé en club n'ont pas forcément le même profil que ceux du pack de l'équipe de France. Mais ça n'est pas si important. J'ai conscience des forces dont je disposerai avec les Bleus. À moi de faire ma propre cuisine pour mettre le bon joueur au bon endroit et d'utiliser leurs qualités.

Après un nouvel échange avec l'ensemble du staff, je présente la combinaison à mes leaders de touche. Sans leur donner trop de détails. Le principal atout de mon côté est de gagner du temps entre les compétitions avec l'équipe de France. Grâce aux clubs, les combinaisons sont testées à balles réelles. Si je devais essayer mes idées en rassemblement, on perdrait beaucoup de temps. L'autre point positif est d'avoir un rendu, des images, que je peux soumettre à mes leaders de touche. »

L'utilisation de la combinaison avec les Bleus

 

« C'est toujours Fabien (Galthié) qui tranche »

 
 
 

« Quand on décide d'utiliser la combinaison en match, c'est toujours Fabien (Galthié) qui tranche. Dès les premiers jours de rassemblement avec les joueurs, on met la combinaison en place aux entraînements. Comme je l'ai testé en amont avec une équipe d'amateurs puis une équipe de Top 14, il n'y a pas de place au doute : ça fonctionne avec l'équipe de France. Donc on va la tester en match international. Il n'y a jamais eu de rétropédalage.

Nous travaillons avec les meilleurs joueurs et nous sommes convaincus que la combinaison sera payante. Le piège, c'est quand tu n'as pas pu la tester en amont. Là, ce n'est pas une feuille blanche. On a déjà essuyé les plâtres. Mais ce procédé reste rare. Sur l'ensemble du Tournoi, nous avons utilisé deux combinaisons testées en amont en club. Les deux fois, ça a marché. Cela renforce encore un peu plus notre relation avec les clubs. De notre côté, nous optimisons notre méthodologie et nous gagnons du temps. »

Le décryptage de l'essai de Grégory Alldritt sur combinaison en touche

 

 
Lors du dernier Tournoi des Six Nations, face à l'Italie (24-73), à cinq mètres de l'en-but, les Français sont six dans l'alignement, répartis en deux trios (Gros-Cros-Guillard et Atonio-Flament-Boudehent). Une fois le lancer effectué, ils se mélangent. Le troisième-ligne Paul Boudehent s'empare du ballon en fond d'alignement. François Cros (numéro 6, casque vert) se dirige vers le sauteur.
Alors que Boudehent n'est pas encore retombé au sol, il lâche le ballon dans le mouvement en direction de Cros qui arrive à sa hauteur. Le troisième-ligne va attaquer la zone du 10 où l'ouvreur Paolo Garbisi a déjà réagi, prêt à intervenir, mais masqué par le bloc de saut.
Cros est au sol après avoir été plaqué par Garbisi et Lamaro. Yoram Moefana (n° 12) est son premier soutien, Grégory Alldritt (n° 8) arrive en second sur le ruck. Antoine Dupont (n° 9) se dirige également vers le porteur de balle. Les italiens Cannone (n° 4) et Spagnolo (n° 17) sont en retard et ont laissé un espace.
Grâce à une libération très rapide de Cros, Alldritt (cercle jaune) ramasse le ballon au sol tandis qu'Antoine Dupont (cercle vert) créé un leurre. Le troisième-ligne parcourt les deux derniers mètres en force pour aplatir dans l'en-but italien.
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Le leurre d'Antoine Dupont sur l'essai de Grégory Alldritt. (Capture d'écran/France Télévisions)


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Posté 22 novembre 2025 - 20:39

Rucks plus lents, joueurs impliqués plus nombreux, ballons vite libérés vers les extérieurs : le XV de France ouvre-t-il une nouvelle voie ?
Des rucks offensifs plus lents que les autres et qui concentrent le plus de joueurs : en théorie, cette double tare devrait empêcher les Bleus de marquer beaucoup d'essais. Pourtant, ils vont finir l'année parmi les meilleures attaques du monde. Explications d'un paradoxe.

Même Fabien Galthié n'a pas voulu y croire quand, jeudi, on lui a indiqué que son équipe de France avait les rucks offensifs les plus lents, chez les nations majeures, en 2025. « Je n'ai pas étudié spécifiquement notre classement, mais je pense que dans le Tournoi, on est parmi les plus rapides, a-t-il réagi. Si on rajoute les tournées, je pense que la moyenne baisse, mais on n'est pas dans les mêmes contextes, ce n'est pas la même équipe. »

 
 

Et pourtant, que l'on prenne le Tournoi ou cette tournée d'automne, le constat est le même : à chaque fois, selon les données réputées d'AIA Sports, les Bleus ont la plus faible part de rucks rapides dans le camp adverse. Et ce quelle que soit la zone choisie : des 50 m aux 22 m, dans les 22 m, ou dans les 50 m.

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La différence avec les autres nations est même énorme, pouvant aller du simple au double. Une autre donnée est très défavorable pour la France, celle du nombre de joueurs impliqués, puisqu'elle est l'équipe qui a consommé le plus de soutiens dans les regroupements pour conserver le ballon en zone offensive.

 
 
 
Des rucks resserrés plus proches que par le passé

Des techniciens qui verraient ces stats comme un oenologue goûte du vin, à l'aveugle, pronostiqueraient qu'elles sont celles d'une attaque faible. Avoir peu de rucks rapides, c'est en effet se retrouver souvent face à une défense robuste, qui a eu le temps de se replacer et de se préparer à monter. Et mettre trop de soutiens dans les regroupements, c'est avoir moins de joueurs disponibles pour proposer des solutions. Pourtant, l'équipe de France est l'exact inverse d'une attaque faible : elle a battu l'hiver dernier le record d'essais dans le Tournoi toutes nations confondues (30), et va finir 2025 avec l'une des meilleures moyennes de réalisations du niveau international. Impensable.

 

Comment les Bleus parviennent à concilier l'inconciliable ? La question amène à évoquer leur animation offensive apparue en novembre 2024. Son nom, « tank », la résume bien. Elle consiste à aligner plusieurs avants (jusqu'à huit à un moment face à l'Afrique du Sud) sur quelques mètres de largeur, en premiers attaquants derrière un ruck et presque à plat. Objectif : utiliser le cocktail de puissance et de technique individuelle de certains (Meafou, Alldritt, Flament, Marchand, Jelonch...) pour ouvrir des brèches dans la défense, soit par du défi pur, soit en enchaînant les petites passes.

Cette animation, qui mise sur les qualités du pack français tout en le « protégeant » de son manque de mobilité par rapport à d'autres, débouche sur des stats étonnantes. Cette année, dans le camp adverse, 90 % des rucks français se sont situés à moins de 5 mètres du précédent, la largeur moyenne étant elle passée de 6,5 m en 2023 à 1,9 m.

Resserrement du jeu, zones défensives adverses plus denses, ailiers trouvés efficacement...

Conséquence de ce resserrement du jeu, les Français se retrouvent régulièrement dans des zones plus denses en défenseurs. Et c'est ce qui rend délicat d'obtenir des sorties de ruck de moins de 3 secondes. De 2023 à aujourd'hui, pendant que la largeur entre deux rucks baissait de deux tiers, la part de sorties rapides diminuait de 30 %.

Mais même à un tempo modéré et en impliquant plusieurs soutiens pour assurer la conservation du ballon, l'organisation et les talents des « gros » ont régulièrement permis de faire des différences au cours de l'année écoulée. Dans ces situations, les libérations de balle se sont accélérées et ont permis de toucher les extérieurs : hors tournée en Nouvelle-Zélande, effectuée avec une équipe très expérimentale au jeu moins riche, les ailiers ont inscrit 15 des 36 essais tricolores.

La France a-t-elle ouvert une nouvelle voie, où la vitesse ne serait pas la seule reine ? Dans le concert international, elle est en tout cas une exception qui marche et fait peur. Il faudra attendre de voir comment les adversaires s'adapteront à son style pour dire si cette stratégie peut devenir une référence.



#127 frednirom

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    le Var est dans le fruit.

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Posté 22 novembre 2025 - 20:42

On a vu des trucs pas mal de la part de Clermont aujourd’hui , faut trouver un entraîneur de la défense et on commencera à être bien.

#128 el landeno

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Posté 29 novembre 2025 - 09:41

« On est dans une cocotte-minute » : les saisons à rallonge ont aussi un impact sur la santé mentale des entraîneurs du Top 14
Managers et staffs sont soumis à une pression permanente car le Top 14 ne s'arrête jamais. Alors que la santé psychologique des joueurs est désormais un sujet, il serait sans doute bénéfique de se pencher sur la charge mentale qui pèse sans cesse sur les entraîneurs.

Lors de la trêve internationale, durant les deux semaines de pause des clubs, l'entraîneur principal de Montpellier a osé un truc fou : pendant trois-quatre jours, Joan Caudullo a ôté la montre connectée qui l'avertit des coups de fil, histoire de s'extirper du tambour de la machine à laver du Top 14 qui ne s'arrête jamais complètement pour un manager. « Mais j'avais le téléphone sur moi ! », se marre-t-il. Et il a forcément sonné. « Un recrutement, une visio... toujours quelque chose. »

 
 

Dans tous les clubs, on a essayé de couper au sortir de la préparation estivale et du bloc de neuf matches qui a suivi. Avant d'enchaîner avec un bloc de onze ! Compliqué. « D'autant plus qu'on a fini sur une défaite à domicile (7-9 contre Clermont, le 1er novembre). Faut pas donner l'impression qu'on lâche », ajoute Caudullo.

Mais même quand les résultats sont là, comme à Pau, sur le podium durant la trêve, ça l'est tout autant. Sébastien Piqueronies a pris quelques jours en famille dans le Cantal. « Avec Pierre Lahore (le DG) et Bernard Pontneau (le président), on se force à avoir des moments où, pendant quelques jours, on ne s'appelle pas. Tenir trois jours, c'est déjà bien. En juin, durant les vacances, on fait un point tous les soirs. Ça permet de bien le vivre. Parce qu'un club, c'est une grosse machine avec 130-140 salariés dont 70 % de contrats courts à l'intérieur. Donc, il ne faut pas rêver : tous les jours, il se passe un truc. »

« Le manager d'un club pro de rugby, c'est un peu comme un dirigeant salarié. On lui tire dessus par le haut et on lui tire dessus par le bas »

Jean-Luc Douillard, psychologue, qui visite les clubs de Top 14 et de Pro D2

 
 
 
 
 

La saison dernière, dans le cadre du plan santé mentale mis en place par la Ligue nationale de rugby, Jean-Luc Douillard, psychologue, a visité les clubs pros et repartira cette saison en compagnie des anciens joueurs Jean-Marc Doussain et Rodrigo Capo Ortega. « Les staffs étaient invités à participer, mais j'ai essentiellement échangé avec les joueurs pour qui, depuis quelques années, il est plus naturel d'évoquer la charge mentale. Ce n'est pas le cas des staffs, qui sont surinvestis dans le projet, qui travaillent tout le temps, y pensent tout le temps, peuvent aussi être confrontés aux conséquences familiales, qui sont dans un stress permanent mais silencieux. »

 
 

Douillard dresse un parallèle avec le monde de l'entreprise : « Le manager d'un club pro de rugby, c'est un chef d'entreprise, un peu comme un dirigeant salarié. Il est sous la responsabilité des actionnaires mais aussi des salariés, qui ont de plus en plus de poids. Bien rémunéré mais corvéable à merci. On lui tire dessus par le haut et on lui tire dessus par le bas. Pourtant, il n'a pas prise sur grand-chose, n'étant pas sur le terrain. Il subit sans avoir beaucoup de leviers. Et finalement, sa seule façon de penser qu'il a un pouvoir, une action sur le sportif, c'est le travail, avec pour seul indicateur le résultat du match. »

« Son travail, c'est la seule chose que le coach peut maîtriser. Donc travailler beaucoup, c'est une manière de se rassurer indirectement, même si ce n'est pas toujours productif »

Julien Puricelli, entraîneur de la touche de Lyon

 
 
 

Depuis 2020, Julien Puricelli a intégré le staff du LOU Rugby. En cinq ans d'instabilité sportive, il a connu une succession de managers, de Pierre Mignoni à Karim Ghezal aujourd'hui, en passant par Xavier Garbajosa et Fabien Gengenbacher. L'ancien troisième-ligne international a remarqué une constante : « Son travail, c'est la seule chose que le coach peut maîtriser. Donc travailler beaucoup, c'est une manière de se rassurer indirectement, même si ce n'est pas toujours productif car on perd de la lucidité avec la fatigue. Pierre (Mignoni) était au bureau à 6 heures du matin. Xav (Garbajosa) nous envoyait des messages à 5 heures du matin ! J'étais sur mon vélo, je recevais ça et je me disais : c'est un psycho ! Quand est-ce qu'il dort ? »

Troubles du sommeil, problèmes vasculaires

Pour Jean-Luc Douillard, il faudrait se préoccuper davantage de cette charge mentale pesant sur les managers et leur staff. « Aller vers eux, car ils ne feront pas le chemin inverse. Certains gèrent mieux la pression que d'autres, ont mis en place un mécanisme de défense. Mais combien ont des troubles du sommeil ? Combien vont développer des problèmes de santé, des problèmes vasculaires en raison du stress ? Or la santé, physique et psychologique, est leur principal capital. »

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Yannick Bru en mai 2025, lors de l'échauffement de l'UBB avant un match de Top 14. (B. Papon/L'Équipe)

Les managers en sont conscients. Avant le début de la saison, Yannick Bru s'interrogeait à voix haute sur le fonctionnement de l'UBB : « Garder les batteries au vert pour l'ensemble du staff est une vraie préoccupation. Avec les deux finales de l'an dernier, on a mesuré, dans certains départements du staff, de la fatigue, des tensions, qu'il ne faudra pas renouveler. »

Même constat au MHR pour Caudullo, qui a pris davantage de recul cette saison : « L'année dernière, ma première en tant qu'entraîneur principal, je me complaisais à me dire qu'il fallait que je travaille tout le temps. Parce que je suis un besogneux et parce qu'il fallait que je montre aux joueurs qu'ils pouvaient compter sur moi. Mais qu'on bosse ou pas, ce qui compte pour les joueurs, c'est qu'on ne se tape pas dessus à la fin de la saison. Et là, staff et joueurs n'en pouvaient plus ! »

« Il faut qu'on accepte que personne n'est indispensable »

Yannick Bru, manager de Bordeaux-Bègles

 
 
 

Tous cherchent à libérer de la pression en soulevant, légèrement, le couvercle qui pèse sur le club. « Il faut qu'on accepte que personne n'est indispensable, prévenait Bru. Le rafraîchissement personnel à long terme est parfois plus important que les performances à très court terme. »

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Julien Puricelli est entraîneur de la touche du Lyon OU. (N. Luttiau/L'Équipe)

On fait souffler à tour de rôle sur un match de Coupe d'Europe, on permet de zapper un déplacement... À Lyon, Puricelli apprécie d'avoir de temps à autre un week-end : « Je ne fais plus tous les déplacements. Ça faisait cinq ans que je n'avais pas un week-end. Donc j'apprécie, même si on souffre en regardant le match à la télé. De façon générale, le déplacement a ses avantages car on débriefe et on travaille le programme durant le retour en car. Ça permet de souffler davantage le dimanche. Sauf si tu t'es pris une raclée la veille... »

Les adjoints peuvent trouver quelques moments de répit, pas le manager. « Un club, c'est 50 joueurs, 25 staffs, tous en moyenne avec des contrats de deux trois ans. Tu ajoutes la concurrence avec les autres équipes, les agents, les médias, les partenaires, etc. On est dans une cocotte-minute dans laquelle des pop-corns éclatent de partout », conclut Puricelli.


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#129 ZACH

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Posté 29 novembre 2025 - 10:50

Merci pour le partage.

C’est vrai que les boss sportifs des clubs de rugby sont dans une cocotte minute, tant ils sont au cœur de tout.

Aujourd’hui on appelle ça la charge mentale et elle est bien réelle et doit être gérée.

 

Pour l’avoir vécu en entreprise, il faut s’imposer de prendre du recul, pour plusieurs raisons.

- on cherche tous, sur ces niveaux de responsabilité, de l’adrénaline, de la valorisation et assouvir son ego 

- il ne faut jamais perdre de vue que le résultat est celui de plusieurs facteurs clés de réussite et le boss est un maillon, certes important, mais pas unique. On est bien meilleur lorsqu’on a su s’entourer des meilleurs et aussi quand on a favorisé leur progression.

- même si on est tenté de prendre le melon, car on est souvent flatté, il faut vite redescendre sur terre au risque de se perdre.

- pour finir, je me méfie de l’entre soi pleurnichard, ou l’on s’est vite persuadé que l’on est les plus mal lotis et que l’on souffre milles morts.

Dans ce cas là, il suffit d’échanger sa place avec un type qui est simple ouvrier dans le BTP, le transport qui en chie chaque jour, pour un petit salaire et qui doit faire vivre sa famille. Lui, il n’en n’a pas de charge mentale ?



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Posté 29 novembre 2025 - 15:18

Merci pour le partage.

C’est vrai que les boss sportifs des clubs de rugby sont dans une cocotte minute, tant ils sont au cœur de tout.

Aujourd’hui on appelle ça la charge mentale et elle est bien réelle et doit être gérée.

 

Pour l’avoir vécu en entreprise, il faut s’imposer de prendre du recul, pour plusieurs raisons.

- on cherche tous, sur ces niveaux de responsabilité, de l’adrénaline, de la valorisation et assouvir son ego 

- il ne faut jamais perdre de vue que le résultat est celui de plusieurs facteurs clés de réussite et le boss est un maillon, certes important, mais pas unique. On est bien meilleur lorsqu’on a su s’entourer des meilleurs et aussi quand on a favorisé leur progression.

- même si on est tenté de prendre le melon, car on est souvent flatté, il faut vite redescendre sur terre au risque de se perdre.

- pour finir, je me méfie de l’entre soi pleurnichard, ou l’on s’est vite persuadé que l’on est les plus mal lotis et que l’on souffre milles morts.

Dans ce cas là, il suffit d’échanger sa place avec un type qui est simple ouvrier dans le BTP, le transport qui en chie chaque jour, pour un petit salaire et qui doit faire vivre sa famille. Lui, il n’en n’a pas de charge mentale ?

Ça aurait pu être inventé par Galthié ça, c'est son style  ^_^ 






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