Devenu titulaire par défaut, Étienne Fourcade ne quitte plus le XV de départ de Clermont
Le seul talonneur valide de Clermont enchaîne les titularisations depuis fin avril. Pour son plus grand bonheur.
Quand il a appris qu'Adrien Pélissié allait se faire opérer, fin avril, Étienne Fourcade s'est douté qu'il allait avoir une fin de saison chargée. Le Jurassien devenait le seul talonneur valide de l'ASM, puisque Yohan Béhérégaray n'était toujours pas remis d'une blessure à un genou. Et derrière lui, l'effectif de Clermont ne comptait plus que des Espoirs inexpérimentés en Top 14. « J'ai compris que j'allais avoir beaucoup de temps jeu, sourit-il. Et ça s'est vite ressenti, le premier match après, contre Brive (victoire 37-27), je joue quatre-vingts minutes ! » Un match dans son intégralité, le genre de rareté qu'on ne voit presque plus pour un joueur de première ligne, et qu'il n'avait lui-même expérimenté qu'une fois dans sa carrière jusque-là.
Fourcade sait que ce samedi soir contre La Rochelle, dans un match qui sera décisif pour les Auvergnats, dont la qualification pour la phase finale ne tient qu'à un fil, il risque à nouveau d'être sollicité en long, en large et en travers, pour préserver son jeune remplaçant, Benjamin Boudou, 18 ans. Il débutera côté jaune et bleu une sixième rencontre consécutive, un enchaînement que les entraîneurs essaient au maximum d'éviter à leurs troupes, tant ils savent qu'il multiplie les risques de blessures. « Moi ça va ! rassure le stakhanoviste. Je suis content de jouer. Physiquement, j'ai l'impression que c'est quand j'enchaîne que je me sens le mieux, avec plus de fraîcheur que quand c'est saccadé. »
« Vers la 60-70e, il n'y a peut-être plus trop d'essence dans le moteur, mais je m'accroche et je donne tout ! »
Étienne Fourcade, talonneur de Clermont
Jusqu'au printemps, Fourcade (24 ans) avait bénéficié de ce dosage savant que les staffs techniques équilibrent entre les joueurs d'un même poste, et Pélissié et lui avaient alterné avec régularité. Freinant peut-être l'adaptation de Fourcade, arrivé de Grenoble à l'intersaison. Depuis, il est au four et moulin, ce qui lui rappelle ses années iséroises, où on ne le ménageait pas. « L'année dernière, avant l'interruption du Covid, je n'avais loupé qu'un match, parce que j'étais malade », se souvient-il avec précision. Soit 22 batailles de Pro D2 sur 23 possibles, dans un marathon de sept mois.
Cette fois, cela fait près d'un an qu'il est sur le pont en Auvergne, où il a débarqué le 8 juin 2020, pour, douze mois plus tard, enfiler la tunique jaune et bleu pour la 26e fois. « C'est une saison qui laisse des traces, parce qu'on est sur le qui-vive depuis longtemps, avec une longue prépa physique pour se remettre à niveau, évalue-t-il. Mais c'est surtout la saison précédente où c'était un peu trop pour moi. J'avais ressenti un peu d'usure. » L'arrêt dû à la pandémie lui a donc plutôt fait du bien.
Et son test Covid positif en octobre dernier ne l'a pas trop freiné non plus : « Je n'avais aucun symptôme, j'étais même en pleine forme ». Le talonneur prétend l'être toujours. Sans chercher à se préserver. « J'ai gardé les mêmes routines, je n'ai rien changé à ma préparation, promet-il, avant de réfléchir un peu. Si, je fais peut-être plus attention à la récupération, ne pas trop en faire dans la semaine. Mais c'est tout ! Et pendant les matches, quand on est dedans, on ne se rend pas trop compte du temps qui avance. Je suis concentré. Vers la 60-70e, il n'y a peut-être plus trop d'essence dans le moteur, mais je m'accroche et je donne tout ! » Ce dont Clermont aura bien besoin ce soir pour que sa saison ne s'arrête pas brutalement.