ils sont a 3 points du mhr, pourquoi ne pourraient ils pas faire des barrages eux aussi ?
l'interview d'Azéma est encore énorme, juste, vraie :
En marge des plans élaborés pour tenter de sauver ce qui peut l’être de cette saison en rugby, l’entraîneur en chef de l’ASM tient un discours empreint d’humanisme, d’efforts et de sacrifices que lui, joueurs et autres entraîneurs, devront faire pour aider à se relever ceux qui en auront besoin. Il émet aussi des doutes sur la reprise de la pratique du rugby, même à moyen terme.
Que vous inspire ce scénario, acté par les présidents et la Ligue, d’une fin de saison au mois d’août ?
« Ce serait une bonne chose pour le moral des gens, même si on doit jouer à huis clos. Cela pourrait apporter un peu de plaisir dans une situation difficile dont on sait qu’elle va durer. Après, le rugby est un sport de contact. Quelles seront en août les consignes sanitaires ? Comment allons-nous adapter cela à des entraînements collectifs ? Comment notre sport va pouvoir se confronter à ces contraintes, du moins en compétition ? Il y a beaucoup d’incertitudes ».
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Vous voulez dire que le rugby peut être encore plus pénalisé ?
« Tu passes ton temps à plaquer, à faire des rucks, à saigner, à saliver, à cracher...même si on est très sécuritaire, c’est un sport à risques. En plus, il y a semble-t-il un doute sur l’immunité, faudra-t-il se tester toutes les 48 heures ? Et il y un problème de morale ; est-ce qu’un rugbyman doit être prioritaire sur le reste de la population ? Il faut penser à tout cela, tout en gardant espoir ».
Quelle crédibilité peut avoir des phases finales jouées en août ?
« C’est essentiellement pour des raisons économiques. Et c’est aussi, à travers la compétition et le spectacle, redonner un peu de bonheur aux gens, au même titre que le Tour de France. Cela doit faire partie du rôle du sportif ».
Vous le disiez, même si vous devez jouer à huis clos ?
« L’intérêt du huis clos, tout le monde le sait, c’est les droits TV. C’est frustrant pour les supporters et les joueurs. Mais je me dis que l’on peut apporter un peu de vie nouvelle avec de la compétition. Cela peut aider les gens, même devant leur télé ».
« Si on peut redonner un peu de plaisir aux gens »
Une reprise des matchs en août dénature quand même l’enjeu sportif ?
« L’aspect sportif passe sans doute un peu après, c’est vrai. Dès le début de la crise, on s’est tout de suite dit que l’on allait perdre le fil de la saison. C’était une évidence. Là, si on rejoue fin août, avec des effectifs différents, avec des joueurs qui ne se seront pas entraînés de longs mois, il y aura énormément d’interrogations. La formule reste à définir (quarts, demies?), mais si on est amené à jouer, à l’ASM, on peut vivre aussi des matchs intenses en guise de préparation de la saison suivante ».
Sans aucune visibilité sur ce retour à la compétition, comment gérer les joueurs ?
« Déjà, c’est rester à l’écoute des recommandations qu’il va y avoir dans une quinzaine de jours, sur ce qui sera possible ou pas de faire. Nous, on sait qu’avant un retour sur le terrain d’entraînement il y aura une énorme batterie de tests médicaux à effectuer. Il faudra également sans doute faire preuve d’imagination sur une fin de saison sans compétition ».
Comme la voyez-vous cette période après le 11 mai ?
« A mon sens, on va sortir du confinement pour entrer dans une continuité de petits confinements avec des règles strictes. C’est le moment aussi de se pencher sur ce qui existe autour de nous. Joueurs, entraîneurs, on doit être moteur pour aider, apporter notre soutien. Je suis sûr qu’il y a de belles choses à vivre, dans le partage, l’entraide. Tout cela en dehors de notre sport. Peut-être même dans des choses plus terre à terre. Mettre la main à la pâte dans certaines entreprises sur des projets, se servir de nos têtes, de nos mains. Juste pour aider ».
« Mensonge et égoïsme, des mots à bannir de notre vocabulaire »
Pour revenir au rugby, peut-on déjà dire que la saison 2020-2021 va être un sacré casse-tête ?
« Elle sera très compliquée à gérer. J’espère qu’on va pouvoir reprendre en août, mais je ne sais pas si c’est réalisable comme je l’ai dit. Il va falloir intégrer un calendrier international différent. Et puis, on a l’habitude de parler de blessures, il va falloir s’habituer à parler de virus. Réapprendre à vivre, à jouer avec ça ».
On sait que le rugby, comme beaucoup d’autres secteurs, va souffrir économiquement. Êtes-vous prêt à une baisse de salaire ?
« Bien sûr, c’est évident et c’est du bon sens. Je ne vois pas pourquoi les entraîneurs seraient épargnés. On est tous dans le même bateau. Il est capital d’aider notre club. Aujourd’hui, nos supporters, nos partenaires souffrent et il est important que l’on mettre la main à la poche, qu’on participe à l’effort pour aider le rugby à s’en sortir. Cela fera l’objet de négociations mais c’est dans l’intérêt de tous. Pour moi, dans la période que l’on vit, il y a des mots à bannir de notre vocabulaire : mensonge et égoïsme. Il est important d’être dans l’effort et le sacrifice. C’est ce qui va permettre la survie de notre sport ».