En accord avec le bilan sportif dressé la semaine dernière par son manager Christophe Urios, le président clermontois ne cache pas ses frustrations même s’il met en avant « une dynamique de progrès ».
Petit rappel. L’ASM a terminé sa saison en eau de boudin, il y a dix jours du côté de Bayonne et d’une défaite déprimante (20-3) en match de barrage.
« Sur le plan comptable, on progresse en passant de la 10e place en 2023, puis la 8e en 2024 et la 5e cette saison. On a atteint l’objectif de jouer les phases finales. Même si on n’est pas encore là où on voudrait être, ce qui m’a plu est la cohésion visible sur le terrain qui a gagné en intensité. Une cohésion qu’on ne voyait pas la saison dernière. Sur quelques matchs ou morceaux de matchs références, on a vu une ASM bien jouer au ballon. Je retiens également l’état d’esprit, j’ai vu une équipe resserrer les rangs dans les moments de doute. Sur les deux dernières saisons, ce n’était pas visible. J’ai donc vu cette année des choses nouvelles et c’est encourageant ».
Dans son bilan, Jean-Claude Pats n’a pas éludé la colonne des points négatifs. Ce qu’il nomme ses frustrations.
« J’ai eu une longue discussion sur le sujet avec Christophe (Urios), et on peut dire que le contenu de notre jeu n’a pas été d’une richesse extrême. Il y a 3 ou 4 secteurs du jeu qui ont été bons, mais quand on regarde tous ceux où l’on se positionne très loin des meilleurs, on ne peut pas nier que nous ne sommes pas au niveau d’un club prétendant jouer une demi-finale ou une finale ».
Comme l’ensemble des observateurs et spectateurs de l’ASM, le président clermontois a également été agacé par l’inconstance de son équipe. « La frustration est de voir un aussi beau match à Montpellier puis d’assister en suivant au non-match à Bayonne. On peut avoir des coups de mou dans une saison, on ne peut pas prétendre être au top du premier au dernier jour, mais notre irrégularité me frustre car c’est la marque de fabrique de notre saison ».
Cela étant dit, Jean-Claude Pats préfère au final retenir de cette saison « le verre à moitié plein ». « Les choses ont bougé et il ne faut pas oublier que l’équipe se reconstruit. Je regarde dans le rétro, je sais d’où on vient, c’est nettement mieux. Est-ce qu’on est arrivé ? Non, on n’est pas arrivé ».
Le président en a profité pour renouveler sa confiance à son manager, prolongé l’automne dernier (2027). « Je ne crois pas au coup de baguette magique pour redresser une situation. Il faut se donner du temps et faire les choses sur la durée. Avec Christophe (Urios), on n’est pas toujours d’accord sur tout, mais en parle toujours de manière intelligente. Comme tous, j’aurais aimé que ça aille plus vite mais je savais que ce n’était pas possible compte tenu du point de départ, il y a deux ans ».
Comme sur le plan sportif, la saison économique de l’ASM a apporté ses satisfactions. Elle a généré aussi des frustrations.
7,8 millions d’euros de déficit en 2023 ; 2,5 M€ en 2024. Et cette saison ? Il faudra attendre pour avoir les comptes (en septembre), mais le président a donné quelques indicateurs.
« Sur le plan du business, les progrès sont significatifs. Mais le bilan est frustrant car on s’était fixé de s’approcher de l’équilibre financier et on n’y sera pas. On progresse mais on n’est pas là où l’on voulait être. Pourquoi ? On a construit le budget l’an dernier sur des bases qui n’étaient pas forcément solides. On était partis sur des hypothèses budgétaires dans certains domaines qui n’étaient pas bonnes. Cela conforte notre diagnostic de 2023 quand on disait qu’il fallait passer à un autre niveau en comptabilité et contrôle de gestion ».
L’ASM a pourtant généré plus de chiffre cette saison, notamment à travers l’exploitation de son stade.
« On a révolutionné l’expérience supporter, avant, pendant et après le match. On a mis des contenus avec une augmentation encourageante des ressources. Du côté de la Ligue nationale, ils ont loué d’ailleurs notre rapidité de redressement financier ».
Une partie du manque à gagner a été identifiée. « Sur le partenariat, on a un dévers de 500.000 euros par rapport à notre budget. On a trouvé d’autres partenaires, mais pas à la hauteur que l’on voulait. Le contexte économique est difficile pour tous. La prime des JIFF (un peu plus de 200.000 euros) est également un manque à gagner, je le regrette ».
Départ de Didier Retière (DTN du tennis français), nomination d’Aurélien Rougerie comme responsable du recrutement… La gouvernance de l’ASM est concentrée désormais à un « Big Four ».
Terminé le « Big Five » ! Les grandes décisions et les orientations stratégiques de l’ASM Clermont Auvergne sont désormais prises par quatre responsables, qui ont tous leur mot à dire… et sur tous les sujets. Un fonctionnement qui tranche avec certains clubs du Top 14, où la gouvernance peut se résumer à un duo « président - coach ».
Pour Jean-Claude Pats, pas question de concentrer les pouvoirs.
« Je ne veux pas que l’ASM soit un club où le président est omniprésent qui décide de tout. Je ne veux pas non plus d’un club où le coach soit omniprésent et décide de tout aussi. Je n’en veux pas, car c’est source de fragilité. Personne n’est propriétaire de l’intelligence. Je crois à l’intelligence collective ».
L’ASM va donc fonctionner avec un « Big Four » : le président Pats, le directeur général Benoît Vaz, le responsable du recrutement Aurélien Rougerie et le manager sportif Christophe Urios. « On travaille ensemble pour un même objectif. Chacun avec ses compétences mais où tout le monde a voix au chapitre. Aurélien (Rougerie) parle de recrutement par exemple, mais il apporte ses responsabilités, son expérience et sa connaissance du club sur les autres sujets. Mais ce n’est pas un directeur sportif. Il est responsable de la cellule recrutement. Dans notre fonctionnement, on n’a pas besoin d’un directeur sportif. C’est une gouvernance à quatre ».