Comme dit Silhouette, la plupart des joueurs affichent ouvertement et publiquement leur hétérosexualité. Ils mettent en ligne des photos de leur femme, rejoignent l'UBB à cause d'elle, etc. On ne le remarque pas, précisément parce que c'est normal.
En France, la religion est du domaine du privé. Mais ce n'est pas le cas de beaucoup d'autres pays. Aux Etats-Unis, par exemple, c'est du domaine du public. Tu appartiens à une congrégation de manière presque officielle , et c'est affiché publiquement. Je ne parviens pas à trouver de parallèle probant avec la culture française, mais dis-toi que, par exemple, je peux te dire exactement quel à culte exactement chaque président américain appartenait. Il n'est pas rare de se présenter en disant qu'on va à telle ou telle église. Et puisque les églises y sont très politisées, ça en dit long sur tes vues sociétales.
Je ne te parle même pas du Liban où j'étais encore il y a quelques jours...
En l’occurrence, le fait pour un joueur connu de se dire ouvertement homosexuel a un impact important ; cela permet de normaliser l'homosexualité auprès du grand public du rugby. Là, c'est le premier All Black, donc c'est un petit événement. Puis il y en aura un autre, qui pourra se contenter de dire "Moi aussi, je suis homo". Puis quelques autres. Jusqu'à ce que soit devenu tout à fait normal, qu'il n'y ait plus besoin de faire de coming out.
En gros, ça aura disparu quand un jeune garçon de quatorze ans se mettra naturellement en couple avec un autre garçon, sans avoir besoin de dire à sa famille, ses amis, ou que sais-je encore "Je suis homo". Quand il ramènera son premier copain à la maison de la même manière que les hétéros ramènent leur première copine. Quand ce sera devenu complètement banal et normal.
Et puis, encore une fois, peut-être que tes enfants ont grandi en pensant qu'il était tout à fait normal d'être homo ou lesbienne. Mais ce n'est pas le cas de la grande majorité de la population. Et pour une grande partie du monde, c'est un problème énorme, une tare, une maladie mentale, etc. Donc si tu es un petit kiwi qui idolâtre les AB, que tu es homo, que ton père et tout ton entourage trouvent que c'est une abomination parce qu'il lisent le Lévitique (18, 22) tous les soirs avant d'aller se coucher, le fait de savoir qu'une de tes idoles est comme toi peut te faire penser que tu n'es pas si horrible et anormal que ça. Je n'exagère pas en disant que ça peut sauver des vies.
Un match de jeunes à Canterbury il y a deux semaines, filmé, où les insultes homophobes et les coups ont fusé.
Mathieu Bastareaud contre Sebastian Négri il y a quelques années ("fucking faggot", soit exactement "sale pédé").