Christophe Urios reposa discrètement sa bière Kulminator – 16,5° dans la glacière en bord de terrain. Il se souciait peu du jugement des journalistes, mais il ne voulait pas que les joueurs de l’ASM – auxquels il avait interdit la limonade et même l’eau pétillante, - le voient savourer une petite mousse pour se dégager les sinus et la thyroïde.
- Eh là-bas ! Qu’est-ce qu’il fout sur le terrain le Gremlin ? Petit, rentre chez toi ta maman s’inquiète ! Nan mais y a personne pour lui dire que les terrains sont interdits quand les grands s’entraînent ? Allez raouste le Schtroumpf, on a du travail !
- C’est Baptiste Jauneau, susurra un entraîneur adjoint, qui restait à distance respectueuse pour éviter de prendre une baffe. Il rentre de la coupe du monde des moinsse de vingt ans. Il est précieux, il faut pas le vexer.
- Ah bon. OK, my bad. Et lui le con qui glande en tribune pendant qu’on travaille les combinaisons de trois-quarts, il fait quoi à prendre des vidéos ?
- Ben justement, c’est le vidéaste, ça sert à analyser les mouvements sur le terrain, gémit l’entraîneur adjoint qui recula encore d’un mètre.
- D’accord. Reçu. Bon. OK. Parfait. ET TOI T’ES QUI ?
- Euh… Votre entraîneur adjoint couina le susmentionné, qui appuya immédiatement sur ses clefs de voiture afin de s’enfuir à bord de sa Ford Mondeo, partenaire des triomphes de l’ASM, porteur de valeurs de partage et de performance, et les quatre tribunes en même temps.
- Ouais, bon, reviens, je vais pas te manger ! J’ai pas la mémoire des visages ça n’est quand même pas dirimant ! marmonna Urios qui usait de mots savant quand il voulait passer pour civilisé.
La suite au premier match.