Première sélection contre l'Écosse le 5 août et premier essai (25-21). Premier match de Coupe du monde il y a une semaine face à l'Uruguay (27-12) et premier essai dans la compétition, en étant au passage le plus jeune joueur français à jouer dans un Mondial, à 20 ans et 87 jours. Et ce soir, pour sa cinquième cape, Louis Bielle-Biarrey va être aligné pour la première fois au coup d'envoi avec les cadres de l'équipe, sous les yeux de ses parents, qui étaient déjà à Lille la semaine dernière.
Tout va décidément très vite pour l'ailier bordelais (1,85 m ; 84 kg), qui a l'air de vivre ça avec flegme et assurance comme le démontre son intervention mardi devant les médias quelques minutes après l'annonce de la composition d'équipe. « C'est mieux que je ne réalise pas forcément tout ce qui m'arrive, a-t-il souri. Je ne me pose pas de questions, j'arrive à rester moi-même et ça fonctionne plutôt bien. »
Depuis le début de la préparation, Bielle-Biarrey étonne. « Ce qui m'a toujours épaté, c'est sa capacité à se mettre toujours au niveau, peu importe la pression qu'il peut y avoir sur le match et ce qu'il se passe pendant la rencontre, salue son coéquipier à l'UBB Matthieu Jalibert. Il a cette capacité d'adaptation très rapide qui m'impressionne vraiment pour son âge, il y a ses qualités physiques, sa vitesse de pointe (au-dessus des 35 km/h) mais aussi son sens du placement et son intelligence de jeu qui sont vraiment impressionnants. »
« Prenez son essai en Écosse (le 5 août), il y a sa vitesse évidemment qui est frappante mais pas que... confirme Frédéric Charrier, qui l'a entraîné à Bordeaux ces deux dernières saisons et l'avait vu débuter en pro en janvier 2022. Matthieu Jalibert met les gaz, il a dézoné et arrive à venir à son extérieur, ce qui est déjà une performance. (Rires.) Il a ce sens du timing pour se "cacher" derrière Matthieu, sortir au dernier moment puis sortir cette double accélération qui fait la différence. Des joueurs qui vont vite, il y en a plein, mais lui l'a allié à une compréhension du jeu au-dessus de la moyenne. »
Au milieu des éloges qui s'accumulent, faut-il voir cette titularisation avec les cadres des Bleus comme le signe d'une montée dans la hiérarchie au détriment de Gabin Villière ? Il est beaucoup trop tôt pour prendre ce raccourci. Il n'y a que trois ailiers dans le groupe (avec Damian Penaud), Villière a déjà enquillé deux fois 80 minutes et chacun aura finalement joué deux matches sur trois dans une gestion des forces voulue par le sélectionneur Fabien Galthié.
« Si on lui donne l'opportunité de jouer ce match contre la Namibie, c'est qu'il a un coup à jouer. »
Frédéric Charrier, ancien entraîneur de Bielle-Biarrey
Toujours est-il que face aux modestes Namibiens, Bielle-Biarrey devrait avoir l'occasion de briller et donc d'être mis en avant au moment des calculs pour les matches qui comptent, à commencer par l'Italie le 6 octobre. Derrière Damian Penaud intouchable, le staff pourrait être confronté à un dilemme Villière - Bielle-Biarrey qui se résumerait avant tout à une question de profils. D'un côté, un Toulonnais loué notamment pour ses qualités de combattant et son mental inébranlable précieux dans les matches tendus et de l'autre un Bordelais « finisseur pur, arrière de formation, donc très dangereux sur les ballons de contre-attaque et fiable sous les ballons hauts », dixit le manager de l'UBB Yannick Bru dans le Salon Tactique publié sur le site L'Équipe.
« Si on lui donne l'opportunité de jouer ce match contre la Namibie, c'est qu'il a un coup à jouer »,
assure Charrier. Et aller jusqu'à défier l'Afrique du Sud ou l'Irlande en quarts de finale ? « Les Sud-Africains, ils n'ont pas des ailiers à la Jonah Lomu. Kolbe et Arendse, ce sont plutôt des petits gabarits, explosifs et à l'aise sous les ballons hauts. Louis saurait rivaliser avec ce genre de joueurs. » « Tous, dans les 33, veulent montrer qu'ils peuvent intégrer le quinze, conclut Bielle-Biarrey. J'ai d'abord envie de faire le meilleur match possible contre la Namibie puis je laisserai les entraîneurs faire leur choix. »