Castres - ASM : "un moment particulier" pour l'entraîneur clermontois Siaki Tukino, à la fois adversaire et père de famille
Le match à Castres de samedi est un rendez-vous primordial pour l’ASM Clermont dans la course au Top 6. C’est aussi un moment particulier pour l’entraîneur Siaki Tukino avec son fils aîné Feibyan dans les rangs adverses.
Ballon sous le bras, Siaki Tukino (ou Koula, comme tout le monde le surnomme au club) observe l’entraînement intensif des Clermontois avant le déplacement à Castres. À chaque temps mort, l’entraîneur chargé des « skills collision » n’hésite pas à corriger les éventuelles mauvaises attitudes. On sent l’importance du rendez-vous de samedi...
Le technicien jette probablement aussi un œil discret à son fils Crimson. En attendant de trouver un club, le deuxième de la fratrie participe chaque semaine aux oppositions. Comme ses deux frères, Feibyan et River, Crimson avait été recruté en 2021 par le Castres Olympique pour intégrer l’académie. C’était la première fois qu’un club de haut niveau misait sur trois garçons d’une même fratrie.
Quatre ans plus tard, seul l’aîné, Feibyan (23 ans), a percé au CO. Avec onze feuilles de match cette saison, dont cinq comme titulaire, le troisième ligne centre est devenu un modèle et une fierté pour cette grande famille de sept enfants (deux filles et cinq garçons). Notamment lorsqu’il a foulé la pelouse du stade Marcel-Michelin lors d’un match aller remporté par l’ASM Clermont.
« C’est un moment particulier pour moi quand on joue contre Castres, sourit le père. Face à nous, Feibyan avait fait son match malgré l’ampleur du score (victoire 54-10 de Clermont). Ce n’est pas facile de jouer au Michelin, et j’ai trouvé qu’il avait sorti une bonne performance. Toute la famille était très fière de lui. Bien sûr, mon engagement avec l’ASM reste prioritaire. Mais ce lien père-fils est spécial. Je ne cache pas avoir jeté un œil, de temps en temps, sur la performance de mon fils. »
Un papa au soutien
Samedi soir, la présence de Feibyan sur la pelouse reste incertaine. Le troisième ligne vient tout juste de reprendre l’entraînement après une blessure au genou. Comme l’ensemble de ses coéquipiers, il a également été fortement marqué par la disparition tragique de Josua Raisuqe, survenue il y a deux semaines. Les deux joueurs étaient très proches : Feybian voyait en lui un grand frère.
Dans cette épreuve, Siaki Tukino a naturellement endossé son rôle de père pour soutenir son fils aîné. « Josua avait un impact très positif autour de lui, et pas seulement sur le terrain. Bien sûr que le fiston a été très touché. C’était un ami. Sa disparition nous a profondément choqués. Évidemment, nous en avons parlé ensemble. Je n’ose pas imaginer ce que vivent les parents de Josua. En tant que papa, on ne peut pas concevoir un tel drame. Ce n’est pas normal de perdre un fils… »
Samedi soir, le rugby devra reprendre ses droits. Tel est le cours de la vie. Et comme le dit avec beaucoup d’humilité et de respect l’entraîneur clermontois : « la plus belle manière de rendre hommage à ce garçon sera de produire le meilleur match possible. »
Arnaud Clergue (M - 22/05/25)