Comment avez-vous vécu cette qualification presque inespérée au regard de votre classement avant la dernière journée ?
Avec beaucoup de soulagement. On était contents de valider l’objectif fixé en début de saison. On n’avait pas les cartes en main mais on savait que nos concurrents directs se déplaçaient chez des équipes qui jouaient quelque chose (NDLR, La Rochelle à Pau et Castres à Paris), donc il fallait que nous fassions le meilleur match possible à Montpellier (10-23), en espérant un faux pas. Finalement, il y en a eu deux, et on finit 5es. On n’est pas champion du monde mais c‘est bien de récompenser le travail du groupe, du staff et du club.
Le risque n’est-il pas de voir cette qualification comme un aboutissement ?
On a quand même beaucoup d’expérience avec des mecs âgés qui ont connu l’exigence du haut niveau. On a un mec comme (Benjamin) Urdapilleta, qui est à fond dans la compétition et tire tout le monde vers le haut. Et on a des jeunes de talent, comme Bayonne. Il y a eu de la frustration puis de la joie, on a rigolé, c’est bien, mais dans un coin de la tête, on ne veut pas se satisfaire de ça. C‘est une première étape.
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Clermont a vécu une saison bizarre, avec des grosses variations dans les résultats. Comment l’expliquez-vous ?
On ne s’est pas rendu la tâche facile. On a fait un début de championnat cohérent à la maison, mais inexistant à l’extérieur. On a enchaîné quelques victoires, on est très vite monté à la 4e place. On commençait à se sentir bien, à trouver nos automatismes. On était sur 4 ou 5 victoires à la maison, Top 14 et Coupe d’Europe cumulés (7 victoires), et puis il y a eu ce premier accroc chez nous contre Montpellier (18-22), vite rattrapé à Vannes (19-20). Mais après, on a eu une grosse période, en janvier-février, où on n’a pas gagné un match pendant plus de deux mois (5 défaites entre le 25 janvier et le 22 mars). Là, tu vois que tout le monde te passe devant, tu sors des six, tu prends beaucoup de pression… Ça n’a pas été facile pour le groupe, surtout après quatre ans sans se qualifier. Au cœur de l’hiver, tout nous filait encore entre les doigts.
Comment avez-vous stoppé la spirale ?
On n’a pas trop paniqué. On a trouvé les ressources pour se remobiliser, récupérer des points à droite à gauche. On termine par quatre victoires et une défaite bonifiée. Il y a eu des moments forts, comme la deuxième mi-temps contre le Stade Français (victoire 55-20 après avoir été mené 6-17 à la pause). Là, on a vraiment lâché les chevaux. C‘est peut-être le symbole de notre équipe. Parfois, on peut faire des très gros matchs, et à l’inverse, être catastrophique comme lors de cette première mi-temps. On est un peu sur courant alternatif. J‘espère qu’on a réglé ça avec ce dernier match.
« Quand tu n’arrives pas à mettre en place ce que tu veux, que tu veux te qualifier, faire plaisir aux supporters pour remettre l’ASM à la place qu’elle mérite, il y a parfois de l’énervement. Mais on a tous été très solidaires «
Le groupe n’a jamais souffert de son irrégularité ?
Quand tu n’arrives pas à mettre en place ce que tu veux, que tu veux te qualifier, te faire plaisir et faire plaisir aux supporters, pour remettre l’ASM à la place qu’elle mérite, il y a parfois de l’énervement. Mais on a tous été très solidaires, joueurs ou staff. Christophe (Urios) l’a souvent dit : parfois t’as les avants qui marchent bien, parfois t’as les trois-quarts, et jamais tous ensemble. On a eu du mal à se connecter toute la saison. Quand on arrive à le faire, comme contre Bordeaux à la maison (32-27), ou ce week-end à Montpellier, on est quand même une bonne équipe, une équipe qui mérite une place dans le top 6.
Comment être la première équipe à faire tomber Jean-Dauger cette saison ?
Il va falloir faire le match quasi parfait. On ne va pas tout énumérer parce que Bayonne, c’est vraiment costaud partout. Avec de l’expérience, de la jeunesse, de la folie, des facteurs X comme Sireli (Maqala), des vieux routiers comme Guillaume (Rouet), qui tiennent plus que bien la baraque. Il y a beaucoup de joueurs à surveiller. Le match parfait, ce serait être très discipliné, avoir une conquête très forte, et les mettre en permanence sous pression.
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Est-ce que vous êtes un peu plus sollicité par le staff et vos équipiers du fait de votre expertise bayonnaise ?
On discute un peu plus, parce que j’ai connu les joueurs, et notamment la conquête bayonnaise et son fonctionnement, mais pas plus que ça.
Ce match est-il un clin d’œil pour vous ?
Oui. Je suis content de revenir à Jean-Dauger, c’est un super endroit pour jouer au rugby, je l’ai toujours dit. Après, c‘est super, c’est bien, c’est beau, mais je vais préparer le match du mieux possible pour essayer d’être en vie (sic) le plus longtemps possible, pour les embêter au maximum.
Le téléphone ne vibre pas
Pour l’instant, c’est calme. Et ça devrait le rester. Thomas Ceyte fait partie des plus gros chambreurs du championnat. Le deuxième ligne de 34 ans aime taquiner, mais jamais méchamment. Hormis son ami Pascal Cotet, pilier blessé de l’Aviron Bayonnais qu’il a eu samedi soir après la qualification, son téléphone n’a pas sonné. Et inversement, il n’a pas composé le moindre numéro. « Si je mets des pièces à Guillaume (Rouet) et qu’on perd, il va être très lourd derrière, donc je vais éviter avant le match », sourit l’ancien joueur de Dax et Nevers. Ceyte avait imaginé rester à Bayonne après la partie. Mais en cas de qualification, l’ASM s’entraînera dès le dimanche. Et si son équipe est éliminée, il ne se voit pas subir les sympathiques railleries de ses amis. « C’est rigolo au début, mais pas toute une soirée. Je les reverrai peut-être cet été pendant les vacances. »