La problématique de la mêlée a déjà fait l'objet d'analyse pointues sur le forum, j'ai retrouvé un post de Duddu :
Bonsoir !
Plus une mêlée est basse plus elle est performante (entre autre , d'autres facteurs entrent en jeu : impact à 8 , appuis ,liaisons )mais de maniére générale faut qu'elle soit la plus basse possible pour que l'addition des forces soit la plus efficace possible : plus la mêlée monte (la caricature est la mêlée qui voit ses premiéres lignes se relever) plus il y a déperdition de forces et mauvais sens de transmission ; au lieu d'être horizontale la poussée devient alors verticale(on avance plus , on monte ; stratégéme souvent utilisé par le pilier le plus faible ou qui a subi l'impact : soit il écroule ,soit il se léve ) .
De fait les piliers ont souvent été assez similaires dans leur physique "cubique" (et non pas Stanley lol p:!) : petit ,pas de cou, dos solide ,cuisses et mollets énormes.
La petite taille permet au pilier de glisser plus facilement et efficacement( car partant d'une position trés trés basse )sous l'adversaire direct et de fait de lui couper la respiration ou alors de le "pousser" hors de l'axe de poussée ,de déplacer sa poussée sur le coté de la mêlée.
Thomas représente donc ce stéréotype du pilier tel qu'on a pu connaitre les Garuet ,Seigne et autres maitres es mêlées .
Le changement des régles en touche ,en particulier le rôle de plus en plus essentiel des soutiens a fait évoluer la taille des piliers : pour monter des joueurs le plus haut possible ,il faut déjà être le plus grand possible , d'ou des piliers qui mesurent de plus en plus souvent le 1,90 m (style les piliers Blacks, Scelzo etc etc ).
D'ailleurs vous aurez remarqué que les deuxiémes lignes sont de plus en plus souvent lifteurs et que les troisiémes lignes ,plus légers ,moins massifs (car nécessitant une vitesse de déplacement superieure) sont de plus en plus souvent utilisés en sauteurs (bien que dans beaucoup de systémes de jeux le numéro 8 est souvent utilisé en perforateur ,en troisiéme "2éme ligne" si on peut s'exprimer ainsi même si là aussi tout dépend du systéme de jeu mis en place avec deux ou trois sauteurs pour créer incertitudes dans la touche).
Mais de maniére générale un "petit" pilier sera tjours plus à l'aise face à un grand pilier car il pourra prendre des appuis beaucoup plus bas et de fait aura des facilités à glisser sous son adversaire direct pour bloquer alors sa poussée ou la diriger , voir l'abaisser(lui conservera son dos plat ,mais son adversaire aura un dos plus arrondi d'ou difficultés de respiration et de transmission des forces : celle ci ne peut se faire complétement et efficacement que quand le dos est plat --comme en squat : essayez de travailler le squat en dos rond ,c'est la blessure assurée et un manque tant de puissance que d'aisance de la respiration) .
De même avec l'évolution des régles en mêlée qui fait que les premiéres lignes ne se jettent plus de deux métres têtes contre têtes mais que les commandements de l'arbitre imposent un "touchez" et de fait raccourcissent les distances d'élan pour l'impact les piliers plus grands ne sont plus aussi désavantagés qu'avant même si ils le sont encore , comme dans tous sports de combats ,le plus petit cherchant le corps à corps alors que le plus grand préfére jouer de son amplitude gestuelle.
Ces modifications ont entrainé entre autre aussi une position plus allongée des piliers sur leurs appuis (la sensation de stabilité est passée du talon au "bout du pied"+tibia): vous remarquerez que les piliers ,surtout les droitiers ,s'allongent et partent d'une position avec appuis pieds paralléles(voir le pied droit trés légérement devant) , comme les sprinters ,quasiment en déséquilibre (comme le reste de la mêlée souvent ,avec un numéro 8 en contrepoids qui a une position plus assise pour faire balance)pour gagner en puissance d'impact et de glissage dessous leurs adversaires directs.
Les permiéres lignes ont souvent des positions où la ligne faite par les épaules+cou est loin devant la ligne faite des genoux: de maniére plus explicite les épaules sont trés avancées: le haut du corps est poussé vers l'avant ,pendant que le bas du corps est poussé vers l'arriére (image caricaturale mais exprimant assez bien ma pensée)
Les piliers ancienne formule étaient plus souvent "assis" sur leurs deuxiémes lignes mais il est vrai aussi que l'on rentrait de plus loin , au casque et que le but du jeu était de s'imposer en force ,dorénavant tout ce petit monde est en déséquilibre volontaire pour pouvoir être au plus prés ,s'appuyer (pilier droit) ou glisser (pilier gauche) sur/sous leurs adversaires directs .
Voilà pourquoi Thomas a un avantage certain en mêlée comme tous les piliers de plus petite taille : aprés il s'agit aussi de maitriser l'aspect technique individuel (liaisons ,angles de poussées genoux--force de la poussée-- et hanches--direction de la poussée-- ,position nuque/regard et entrée )et technique collective (impact à 8 ,bloc à l'entrée pour dominer impact) ainsi que la puissance (musculation des joueurs : plus les joueurs sont puissants , plus ils s"imposent dans le défi individuel et collectif que représente la mêlée ).
Quand tous ces facteurs sont réunis (par exemple ASM) la mêlée devient une arme performante et facilite l'épuisement des avants adverses : comme le disent les vieux adages "rugby" le rugby commence devant et quand la mêlée va tout va .Une mêlée qui avance ce sont des joueurs au moral d'acier ,ce sont des adversaires usés physiquement (et dés lors on court moins vite ,on lutte moins dans les regroupements ,on saute moins haut ,on est usé tant physiquement que moralement, la troisiéme ligne est fixée donc moins apte à aller au ballon dans la largeur).
Voili voilou !!
Kiss
et aussi un message de Mouky :
Mêlée écroulée ou relevée, quel est le but du fautif ? Au minimum de gagner ou conserver la gonfle, au mieux de récupérer une pénalité ou de châtier son vis-à-vis. Sur une mêlée les craintes des piliers sont les suivantes : A droite se faire monter. A gauche se faire écrouler. Ayant évolué aux 2 postes, et souvent face à des paquets plus lourds, je peux vous faire part de mes observations. A gauche, à une époque ou les liaisons n'étaient pas obligatoires, je préfèrerais après l'impact, garder le bras gauche libre en appui sur le genou extérieur en guise de « cale ». Cela rendait mon épaule gauche fuyante pour la liaison de l'adversaire. Le pilier gauche qui jouit d'une certaine liberté par rapport à son adversaire, s'il dispose de bons secondes lattes, essayera de faire relever son adversaire. Avec une mêlée dominatrice, en poussant en ligne, sa tête située sous le torse de l'adversaire, exercera une poussée légèrement ascendante, juste ce qu'il faut pour ne pas être sanctionné. L'adversaire va alors se relever. Ici, le fautif est le gaucher, cependant l'arbitre sanctionnera le droitier qui se sera visiblement relevé. Si les secondes lignes adverses ne lâchent pas, le gaucher atteint alors la jouissance extrême quand il entend le crac de la côte de son adversaire située contre son oreille. A ce moment là, il peut se préparer à accueillir un nouveau vis-à-vis. Ici, les fautifs sont le pilier gauche de l'équipe A et le 5 de l'équipe B, pourtant, c'est le droitier de l'équipe B qui est doublement sanctionné. Autre cas le gaucher s'efface, dans ce cas l'arbitre le sanctionnera logiquement. Il recevra également les chaleureux remerciements de ses coéquipiers jouant en 2, en 3 et en 5. En effet sous son action, il destructure sa mêlée laissant au côté droit subir la pression du pack adverse qui est resté structuré. A droite, comme je viens de le dire, avant même de penser à avancer, le trois devra s'assurer de ne pas monter. Il doit dès l'entrée en mêlée trouver de bons appuis. Ce que l'on appelle le « travail » consiste à peser du haut de son corps sur les cervicales de son adversaire. Il pourra ensuite penser à pousser, quant bien même oublierait-il ce dernier point, son 5 le lui rappellera bien vite… Le bras droit du 3 participera à l'action de pesée sur l'adversaire en exerçant une traction descendante voire même en initiant une rotation du buste de celui-ci. Depuis la règle de la liaison entre les piliers adverses, le 1 qui auparavant tentait d'échapper à la liaison, a appris à se servir du bras gauche pour contrer le « travail » du bras droit de son adversaire. Ce «travail » du droitier, s'il est exagéré conduira à la pénalité. Ici la règle de la position du bassin et des épaules sera plus équitable. Généralement, celui qui subit est sanctionné. Le 3 qui forcera son « travail » sur le haut du corps ou le 1 qui n'arrivera pas à imposer le sien. D'autres raisons peuvent être la cause d'un écroulement : mauvais appuis, manque de cohésion ou défaillance du troisième ligne aile. Ce troisième ligne qui a également sa responsabilité sur les poussées en travers (volontaires ou non). En effet, son boulot en mêlée, et plus particulièrement à gauche est de rentrer le kul de son pilier pour lui permettre de pousser dans l'axe. Car s'il est vrai que le 3 est calé dans la mêlée, il est tout aussi vrai que le 1 ne l'est pas plus devant que derrière sans son troisième ligne. On notera d'ailleurs qu'en infériorité numérique, c'est toujours le poste de 8 qui est supprimé. Cela nuit certes au rendement de la mêlée, mais pas à sa cohésion. Concernant la poussée du 3 sur le 2, j'ai du mal à expliquer comment le pilar peut aller chercher le talon sans être sanctionnable. Soit il a un cou de girafe, soit il pousse en travers. Dans ce cas, sa liaison avec son talon est loin d'être géniale tout comme celle de la seconde ligne. En effet si le 5 veut lui coller au kul, il devra s'éloigner du 4. Avec un paquet correct en face, la sanction risque d'être inversement proportionnelle à l'effet recherché. En conclusion, avec un arbitre particulièrement attentif… et honnête, il est plus facile de désigner le coupable d'une mêlée écroulée que d'une qui se relève. Mais il est impossible de savoir si l'effondrement est volontaire, les deux seuls qui le savent, même s'ils ne se le disent pas sont les deux protagonistes. Le poste de 1 est certainement le plus jouissif pour exprimer sa domination, mais le 3 est le plus exaltant en raison de la technicité qu'il requiert et de la résolution des problèmes posés par l'adversaire. Au cours de ma carrière, j'ai parfois haï certains joueurs, mais jamais un de la première ligne. Il est vrai que durant un match, je passais bien plus de temps au contact de mes adversaires directs qu'avec certains de mes coéquipiers. Quelle que soit la couleur du maillot, alors que l'odeur du camphre n'est qu'un lointain souvenir, la confrérie des oreilles en chou fleur prend toujours plaisir à se retrouver pour refaire une version romancée des joutes d'antan.