Selon vous, le RC Toulon ne respecte pas le Salary-Cap. Sur quels arguments vous basez-vous ?
Jacky Lorenzetti : Premier point : Mourad Boudjellal annonce un budget de 34 ou 35 M d’euros. Or, à la DNACG, le budget réel de son club est de 25 M d’euros. Il y a donc 10 M d’euros qui se baladent…
Second point par rapport au Salary-Cap : Mourad Boudjellal engage des joueurs en leur faisant signer un contrat ’classique’ assorti d’un contrat d’images d’environ 25 à 30 % du montant du salaire. Du coup, au début de la saison, il doit payer le salaire et les droits d’images. Mais, en fait, ces derniers sont payés en fin de saison, car comme son équipe est qualifiée en finale, Mourad Boudjellal transforme le contrat d’images en primes de match.
Le président Boudjellal indique cependant qu’il s’agit de primes de performance versées aux joueurs uniquement s’ils atteignent les objectifs de titres ou de finales…
Jacky Lorenzetti : On n’a pas affaire du tout à un salaire assorti de primes. Je le répète : c’est un salaire agrémenté d’un contrat d’images transformé, à la fin de la saison, en primes de match. S’il signait un simple contrat d’images lié à des résultats, je le comprendrais. Mais ce n’est pas le cas.
Avez-vous des preuves ?
Jacky Lorenzetti : Oui. Prenons le cas James O’Connor, par exemple. J’ai rencontré ce joueur au Racing-Métro ; il était venu visiter nos installations. Je lui avais formulé une proposition de 450 000 euros (par saison). Mourad Boudjellal, lui, a conclu ce transfert à 500 000 euros et ce montant comprend des contrats d’images qui, si le RCT se qualifiait à nouveau pour une finale au printemps prochain, pourraient se transformer en primes de performance.
A l’inverse, si le RCT ne se qualifie pas pour une finale cette saison, vous verrez bien ce qui arrivera. C’est facile à contrôler. Vous savez, comme le Racing-Métro est un club dit ’riche’, je reçois aussi les propositions de tous les joueurs que Mourad Boudjellal rencontre. Je sais donc quel est leur prix sur le marché. Eh bien, jamais un joueur n’a accepté d’avoir une prime aléatoire aux résultats aussi importante de 25 à 30 % du salaire. Pouvez-vous vraiment croire que tous les joueurs du RCT acceptent un aléas de 30 % du montant de leur salaire ? C’est inimaginable. Mais bon, c’est surtout le boulot de la DNACG d’aller voir les contrats initiaux et d’interroger les joueurs concernés pour voir à quel prix ils sont payés.
Pour vous donc, les pratiques du RCT sont totalement illégales…
Jacky Lorenzetti : Pour moi, il s’agit d’une interprétation du règlement. Si tous les dirigeants du Top 14 faisaient ça, il y aurait douze clubs hors-jeu en fin de saison.
À ce jour, le RCT est-il le seul club du Top 14 à agir de la sorte ?
Jacky Lorenzetti : Oui, je pense.
Si on vous dit que la plupart des joueurs du Racing-Métro coûte plus cher que ceux du RCT, que répondez-vous ?
Jacky Lorenzetti : C’est archi-faux. Je suis prêt à ouvrir mes livres de comptes. D’ailleurs, je l’ai évidemment fait auprès de la DNACG qui a contrôlé mon club sur la base des contrats d’images et des salaires.
Vous respectez donc pleinement le Salary-Cap…
Jacky Lorenzetti : Je le respecte totalement.
Est-ce que vous avez croisé Mourad Boudjellal, samedi dernier, à Colombes ?
Jacky Lorenzetti : Oui, fortuitement dans les couloirs. On est tombés nez à nez ; on n’a pas pu faire autrement que de se serrer la main. Mais visiblement, on n’avait pas envie de le faire.
Pourtant, jusqu’à présent, vous vous appréciez beaucoup…
Jacky Lorenzetti : Bien sûr, mais entre-temps, Mourad Boudjellal a déraillé, pour reprendre une expression cycliste, puisqu’il s’avère qu’il connaît un peu ce sport (NDLR : le président du RCT a comparé son homologue du Racing-Métro à ’Poulidor’ chez nos confrères du ‘Parisien’).
Ses propos à votre encontre vous ont-ils choqué ?
Jacky Lorenzetti : Non, parce que j’aime beaucoup Raymond Poulidor pour ce qu’il représente. Il a tout de même eu une carrière de 17 ans. Je ne sais pas si Mourad Boudjellal pourra diriger son club durant autant de temps. Je n’en suis pas certain. En tout cas, Poulidor a couru à l’eau claire. Je rends donc hommage à ce cycliste. J’aime bien l’image d’un Poulidor qui gagnerait.
Si vous êtes Poulidor, comparez-vous Mourad Boudjellal à Armstrong ?
Jacky Lorenzetti : On pourrait l’appeler Lance.
