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Un peu d'Histoire


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324 réponses à ce sujet

#76 Yosky

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Posté 18 juin 2015 - 14:34



 
Je ferai Guadalcanal un de ces jours, notamment la fameuse bataille du "tir au pigeon".
 
Si tu veux un avis très personnel, la mini-série HBO "The Pacific" de Spielberg et Hanks est un chef d'oeuvre qui suit très bien ce passage de la guerre.
 
Une série magnifique. Réellement. Très poignante, notamment le dernier retour sur le retour des Marines aux USA.
 
Pour le théâtre européen, j'ai bien aimé la première série des deux compères "Band of Brothers" mais j'ai largement préféré le livre.
 
J'avais commencé à lire "With the Old Breed at Peleliu and Okinawa" d'Eugene Sledge, mais il n'est dispo qu'en anglais.


Merci
Je balance de ce pas "The Pacific" sur la seedbox, et je regarde ça ce week-end.
Je devrai pouvoir dégoter le bouquin ''Band of Brothers'' pour les vacances.

#77 gigi

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Posté 18 juin 2015 - 14:40

moi, j'aimais bien papa schultz... 


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#78 RCV06

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Posté 18 juin 2015 - 14:41

moi, j'aimais bien papa schultz... 

M'étonnes pas :D


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#79 jp66

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Posté 18 juin 2015 - 15:28

 

Je ferai Guadalcanal un de ces jours, notamment la fameuse bataille du "tir au pigeon".

 

Attend un peu ... t'es trop jeune pour mourir !  B)


moi, j'aimais bien papa schultz... 

 

Exceptionnel ...  ;)


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#80 Yosky

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Posté 18 juin 2015 - 15:29

moi, j'aimais bien papa schultz... 

Pareil. Ça s'appelait Stalag 13 au début.

#81 jp66

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Posté 18 juin 2015 - 15:32

Pareil. Ça s'appelait Stalag 13 au début.

 

J'ai rien vu, j'ai rien entendu ...  :rolleyes:



#82 Yosky

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Posté 18 juin 2015 - 15:34

 
J'ai rien vu, j'ai rien entendu ...  :rolleyes:

Ach, Klink !

Aaaaah, sa secrétaire...

cynthia_lynn_a_p.jpg


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#83 Le Marseillais

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Posté 18 juin 2015 - 15:39

Pour revenir à la bataille du Pacifique, le pire, c'est pour moi Okinawa.

Question sauvagerie, courage, et tout et tout.

Rémy ?



#84 Rémy63

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Posté 18 juin 2015 - 16:00

Bon j'avais écrit un immense pavé, mais tout est parti... Sur Churchill/De Gaulle.

 

Bon je recommence. C'est peut être un mal pour un bien, ça partait un peu dans tous les sens.



#85 ELSAZOAM

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Posté 18 juin 2015 - 16:07

Il y a un village en Guyane qui n'ayant eu aucun morts a fait ériger un monument pour faire comme tout le monde... Le record de France est breton : un père et ses sept fils y sont passés...

Saloperie de guerre...  :crying:



#86 Rémy63

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Posté 18 juin 2015 - 18:01

Merci pour ton récit, j'aurais mis un bémol sur l'importance donnée a cet événement pour la reconnaissance de de gaule

Mais j'ai pas tes connaissances, sans te commander mais ton avis sur le lien de gaule Churchill , et la participation de ce dernier a imposer le premier et aussi la quasi nullité politique d'un giraud

T'en pense quoi toi

 

 

D'après tous les reportages que j'ai vu sur la période, Giraud était le candidat des américains car plus docile que De Gaulle.

Il y a un moment lors d'une confrontation de toutes les parties en Afrique du Nord ou Churchill change d'avis et se met à soutenir de Gaulle mais je ne sais plus qu'ell en ait la raison. Par contre je me souvient d'une image ou les deux génaraux sont assis autour de Roosevelt et ou ils échangent ensuite une poignée de main lors de laquelle De Gaulle ne calcule pas du tout Giraud.

Pour les détails on va attendre la réponse de Rémy.

 

Sinon aujourd'hui grosse actualité historique entre l'appel de De Gaulle et le bicentenaire de Waterloo y a de quoi faire !! 

 

Bon comme promis, je recommence.

 

Sur la relation Churchill/De Gaulle, c'est une relation très complexe. Il faut bien dessiner deux contextes très différents :

 

- Leur relation homme à homme, que je vais détailler dans un premier, et qui sera altérée par quelques moments difficiles, malgré un profond respect et une profonde considération commune.

- Leur relation d'homme d'état français à homme d'état anglais qui sera beaucoup plus tumultueuse.

 

Tout d'abord, il faut rappeler le contexte et les conditions de leur rencontre. La France est asphyxiée. Complètement submergée par la supériorité technique et tactique des allemands, les forces françaises sont complètement anéanties (malgré un courage exceptionnel que l'opinion générale a trop souvent raillé - ne pas oublier que jamais dans la guerre, pas même en Russie, les troupes allemandes ne subirent autant de pertes sur une de leurs offensives). Reynaud, alors président du conseil, charge un tout jeune sous secrétaire d'état, De Gaulle, alors tout juste nommé Général de brigade (alors qu'il a combattu en tant que Colonel obtenant ses gallons en étant l'un des rares officiers français à remporter une bataille face aux allemands) de se rendre à Londres pour prendre la température auprès des anglais et tout particulièrement de Churchill.

 

Reynaud espère que l'ardeur et la détermination de ce jeune homme pourra convaincre Churchill de parier encore sur la France. Reynaud n'a pas fait forte impression auprès de Churchill, tenant des propos pessimistes. Les nominations au sein du gouvernement de vieux résignés comme Pétain et Weygand, sous la pression populaire, n'est pas là non plus pour rassurer les britanniques. Il était déjà connu que, comme de Gaulle le dit dans ses Mémoires de Guerre, Pétain était « le paravent de tous ceux qui voulaient l'armistice avec l'Allemagne ».

 

Pourtant les deux hommes avaient peu de chances de bien s'entendre. Churchill était anglais, têtu et froid bien que parlant un français tout à fait correct. De Gaulle en revanche, fils d'un royaliste prof d'histoire qui présenta à son fils l'Angleterre comme l'ennemi héréditaire, était têtu, chaleureux et français mais ne parlait pas un mot d'anglais.

 

Si stratégiquement, l'entretien fut un échec, Churchill refusant d'envoyer la RAF et plus de troupes sur le territoire français (non sans raisons), les deux hommes se reconnurent dès les premiers instants. De Gaulle reconnu en Churchill cet homme courageux, fort et impitoyable. Il sut dès les premiers instants qu'avec un tel chef, jamais les anglais n'abandonneront. Churchill vit en De Gaulle un homme déterminé, loin d'être résigné. Il vit un combattant impitoyable.

 

Mais De Gaulle n'est que le pion de Reynaud, à ce moment là. Churchill lui vaut une douce admiration, par sa volonté, sa détermination et son esprit combattif. Churchill croit qu'avec De Gaulle à la tête de l'armée française, avec ses propositions de guérilla et d'acharnement, la France peut rester dans le conflit. Mais il se fait des illusions. De Gaulle n'est qu'un pion.

 

En partant de la préfecture pour reprendre son avion, Churchill croisa de Gaulle dans la foule et lui dit : « l'homme du destin ». Dans le bruit, de Gaulle n'entendit pas ces paroles fatidiques mais ce hasard ne modifiait en rien le prestige qu'il avait acquis aux yeux du Premier ministre.

 

Reynaud se débarrasse de De Gaulle et le renvoie en Angleterre par voiture puis par bateau (plutôt que par avion, ce qui aurait été bien plus rapide...). De Gaulle fait part de son envie de créer une union-sacrée avec l'Angleterre, de s'unir de manière indéfectible. Churchill jubile et convainc immédiatement son conseil. Roosevelt aussi est d'accord. Reynaud valide également cette proposition. Churchill le prend pour le nouveau Napoléon et même De Gaulle se laisse aller à un peu d'optimisme.

 

Mais tout s'écroule. Revenu à Bordeaux le lendemain, De Gaulle apprend la démission de Reynaud suite au refus du conseil et l'arrivée au pouvoir de Pétain. Il sait qu'il ne peut retourner en Angleterre sans mission. Il contacte donc habilement Churchill pour le convaincre de l'appeler à lui et il retourne à Londres avec l'attaché britannique auprès du premier ministre français, le Général Spears, dont on reparlera plus tard. Churchill lui ouvrit les portes de la BBC pour le fameux discours du 18 Juin.

 

De Gaulle décrit dans un beau passage de ses « Mémoires de Guerre » le rôle de Churchill dans ses premiers jours à Londres : « Quant à moi, je n'étais rien au départ... Naufragé de la désolation sur les rivages de l'Angleterre qu'aurais-je pu faire sans son concours ? Il me le donna tout de suite ».

 

Tout ce que de Gaulle a pu faire pour la France par la suite a été fondé sur son entente avec Churchill. Cette entente a survécu à beaucoup d'épreuves et de disputes amères pendant la guerre. De Gaulle trouvait souvent que l'Angleterre abusait de sa position envers la France et il croyait qu'il fallait protéger la France non seulement contre ses ennemis mais aussi contre ses alliés. Il pensait que les Anglais ou les Américains pouvaient désirer s'emparer des territoires français outre-mer. La première organisation qu'il ait fondée dans le cadre de la France Libre a été le Conseil pour la Défense de l'Empire français. C'était une défense contre tout le monde, y compris Churchill.

 

De Gaulle et Churchill, par la nature des choses, avaient les intérêts souvent opposés de leurs deux pays à protéger, et ils le faisaient avec toute la détermination inhérente à leurs caractères. Ils ont cependant maintenu leur coopération pendant toute la guerre et, bien qu'ils n'étaient pas destinés à devenir des amis, ils ont toujours gardé un immense respect l'un pour l'autre.

 

A partir du moment où De Gaulle fut en Angleterre, il mit tout en œuvre pour déployer la France Libre.

 

 

Dans sa relation avec Churchill, De Gaulle eut deux ennemis. Spears et Roosevelt.

 

Spears était un homme intelligent, responsable des territoires Syriens et du Liban sous occupation britanniques. Il lorgnait sur l'empire français et ne cessait de chercher à le conquérir (nombre de querelles entre Churchill et De Gaulle débutèrent par Spears - Madagascar, Saint-Pierre et Miquelon, Dakar). Il fit tout en son pouvoir pour abattre De Gaulle et le discréditer auprès de Churchill. Il était par la force des choses et de ses choix anti-gaulliste et anti français.

 

Roosevelt était un président qui était en total désaccord avec De Gaulle. Il s'était acoquiné auprès de tous les intellectuels français en exil (en commençant pas Alexis Léger et Jean Monnet) qui étaient de farouches opposants au général de Gaulle et qui continuait à entretenir de forts liens avec Vichy. En tout temps, il vit en De Gaulle une volonté personnelle de s'imposer et une ambition politique et territoriale.

 

Mais De Gaulle n'a jamais voulu cela. Il n'a jamais eu l'ambition de devenir ce qu'il est devenu. Dans les premières heures de la France libre, il tenta de rapprocher des intellectuels et des personnalités françaises avec lui à Londres. Trop peu ont rejoint Londres, si ce n'est en transit pour rejoindre les États-Unis. Seul l'amiral Muselier (qui allait être le sujet d'une brouille avec Churchill) répondit à son appel.

 

Si Churchill avait deviné de Gaulle au cours de ces réunions franco-britanniques qui ont ponctué l'agonie de la résistance militaire en France, s'il s'était dit qu'il était « l'homme du destin, le connétable de la France », de Gaulle de son côté avait reconnu en Churchill un lutteur capable d'être le modèle de la résistance au nazisme. Puisqu'on refusait de continuer la résistance en Afrique alors que l'empire était intact comme la flotte, il ne pouvait donc que se rendre en Angleterre pour s'efforcer de maintenir la France dans l'alliance et dans le combat avec la pensée que ceux qui pensaient de même allaient s'y grouper.

 

Une vérité s'imposa alors à De Gaulle. Il était seul. Il devait donc représenter la France. Être la France. Il allait devoir se montrer inflexible pour combattre ses ennemis et défendre en toute occasion les intérêts de la France. Il lui fallut pour cela résoudre un tel débat psychologique qu'il en resta marqué pour toujours. De là cette froideur excessive qui désarmait ses interlocuteurs. C'est en ces occasions que sa relation avec Churchill fut fragilisée.

 

Churchill, bien qu'il était persuadé que De Gaulle était la carte française à jouer en priorité, continua tout de même de nouer des contacts avec Vichy, ce que De Gaulle ne lui pardonna jamais. Déjà pour des raisons diplomatiques, en espérant à tout moment que ces français endormis se réveillent. Mais surtout pour pouvoir garder sous contrôle la flotte Française que Roosevelt et lui craignaient tant. Mais il n'a jamais cru, comme Roosevelt, qu'il y eût quelque chose à attendre des gens de Vichy et que ceux-ci rentreraient un jour dans la guerre à nos côtés. Mais il a estimé de son devoir de faire tout ce qu'il pourrait pour éviter qu'un mouvement de colère vînt rendre tout à coup menaçant le rôle de la marine française. Il a tiré peut-être d'une manière excessive la leçon de ce qu'avait été Mers el-Kébir.

 

Outre Spears et Roosevelt, De Gaulle eut bien du mal à s'imposer auprès de la sphère d'influence directe de Churchill, son conseil pour la simple et bonne raison que De Gaulle était intransigeant. Bien des chefs d'états étaient présents à Londres, en exil. Tous étaient bien dociles envers les anglais et américains qui les avaient recueillis. Sauf De Gaulle. En toute occasion, dès que la souveraineté de la France était en jeu, De Gaulle fit preuve d'une inflexibilité légendaire. Et il se fit des ennemis.

 

Néanmoins, malgré des brouilles nombreuses, quand ils étaient seuls, Churchill et De Gaulle, après de longues engueulades, finissaient toujours par s'entendre. Le mal vint par Spears et Roosevelt en bien des occasions. Churchill savait bien ce qu'était Spears, mais Spears avait été à ses côtés dans sa propre traversée du désert et il était très fidèle à tous ceux qui, à ce moment, lui étaient restés attachés. Roosevelt voulait lui profiter de la légèreté de la France pour la mettre sous son joug. Mais Roosevelt ne voyait pas en De Gaulle un grand homme. Il ne voyait ni ne comprenait la mécanique quasi mystique de cette France qui allait résister avec acharnement, jusqu'au bout du désespoir. Cette erreur, il ne la répara jamais, ni ne l'avoua d'ailleurs...

 

Dans ces conditions, le mécanisme de l'alliance anglo-américaine à laquelle le demi-américain qu'était Winston attachait une importance essentielle et justifiée, se trouvait grippé dès qu'il s'agissait des affaires françaises. Churchill tendait toujours à suivre les directives de Roosevelt même quand celles-ci aboutissaient à trahir la France Libre. Il s'en voulait de le faire vis-à-vis de De Gaulle et ce complexe de remords aigrissait encore les conflits qui séparaient les deux hommes.

 

Mais De Gaulle n'avait pas que des ennemis, que ce soit côté anglais ou américains. Je ne citerai qu'Anthony Eden, qui fut l'un des plus grands défenseurs de De Gaulle auprès de Churchill. Le général s'était également entouré d'une foule d'intellectuels et de journalistes anglais et américains qui défendaient la cause de la France. Et plus important encore : De Gaulle prit Churchill à son propre jeu en ayant tourné l'opinion publique anglaise et américaine en sa faveur (ce qui aura son importance, comme nous le verrons plus tard.

 

De ces affaires qui heurtèrent le général et Churchill, il y eut celle de l'amiral Muselier dont j'ai parlé précédemment. Il était un homme peu fréquentable (mais le seul amiral et bon marin à s'être rallié). Churchill le fit trahir De Gaulle pour rallier Giraud, bien plus manœuvrable car totalement incompétent politiquement.

 

Je ne reviendrai pas sur le ralliement des territoires africains qui donnaient à la France Libre enfin une base territoriale et, dans une certaine mesure, économique. Mais, après l'affaire de Dakar, Churchill se montrait solidaire du général de Gaulle. Certes il savait à quel point l'amirauté anglaise était fautive en ayant laissé passer les bateaux français qui s'en allaient vers Dakar et comment il était intervenu lui-même pour écourter la tentative. Mais il savait aussi quel stoïcisme le général de Gaulle avait montré dans ces circonstances contraires et il se rendait compte de l'argument que Dakar donnait à ceux qui l'accusaient de s'être engagé légèrement avec de Gaulle. Sa persistance à défendre le Général, à rester solidaire avec lui dans la mauvaise fortune n'était pas le fait d'un homme politique ordinaire.

 

Cela montre toute l’ambiguïté du personnage envers De Gaulle. Il y a eu deux Churchill : l'un était le combattant acharné, plein d'imagination créatrice, le chef du monde libre dans la guerre dont les discours étaient empreints d'une poésie shakespearienne, et puis il y avait un homme d'Etat du XVIIIe britannique, astucieux et malin, celui qui faisait partir le petit roi de Yougoslavie dans un bateau traversant lentement la Méditerranée, ce qui lui donnait le temps de reconnaître Tito comme chef de la résistance yougoslave.

 

La brouille vint donc d'affaires comme celle de l'amiral Muselier, mais aussi la tentative de Vichy de faire lever le blocus anglais sur les ports. Malgré une parole donnée, cela ne fut jamais le cas. En réalité, les anglais avaient une nouvelle fois peur que la flotte française vienne rejoindre celle de l'Axe en méditerranée.

 

Il y eut également l'affaire du général Catroux, l'un des généraux les plus décorés de l'histoire de France. Il était un grand militaire et homme mais comme Giraud, il ne goutait pas trop aux choses de la politique. Churchill tenta de le séduire et y parvint même en montant un comité autour de lui dans le but de faire contrepoids à un De Gaulle toujours aussi intransigeant. Grand diplomate et administrateur, Catroux fut séduit par cela. Mais une fois libéré de Londres, d'où De Gaulle le fit habilement partir (malgré toute l'admiration qu'il portait pour l'homme et le militaire qui fut son ainé à Saint-Cyr et qu'il traitait en supérieur hiérarchique) Catroux sut merveilleusement bien se désintéressé de tout cela. Et il le prouva par ce grand moment d'histoire qui légitima De Gaulle : A Fort-Lamy, Catroux, grand général de France, se mit au garde à vous devant un simple général de brigade inconnu. Il reconnaissait ainsi en De Gaulle (qui continuait à l'appeler "Mon général") sa hiérarchie sur la nation française. Cet acte d'une loyauté et dignité immenses n'a pas placé le général Catroux à la place qui devrait être la sienne dans l'histoire de France.

 

 

Passons maintenant à leur relation d'hommes d'états. Jusqu'à présent tout cela n'était pas grave. Churchill disait : « Je ne veux pas faire de mes amis des ennemis dans l'espoir que les ennemis deviendront amis ». Mais le malentendu créé par le fait que de Gaulle était intransigeant dans la défense des intérêts français quand il les estimait menacés, allait s'accroître du fait que dans le duo des deux hommes allait intervenir une tierce partie : ce fut d'abord Spears ; ce fut ensuite Roosevelt. Ce qui aigrissait les choses, c'est qu'aucun des gouvernements étrangers repliés à Londres ne montrât de semblables velléités d'indépendance. Mais De Gaulle était inflexible. Il était la France.

 

Pendant ce temps, pour répondre aux nécessités de notre action, le général de Gaulle organise la France Libre comme un embryon d’état : Information et Presse Marine marchande Administration et Finances Colonies et Affaires économiques Justice Armements, telles furent les premières directions.

 

C'est le 24 septembre 1941 que fut constitué le Comité national français avec Pleven aux Colonies, Diethelm à l'Intérieur (c'est-à-dire la France occupée), Dejean aux Affaires étrangères, puis Soustelle à l'Information.

 

Tout cela devant se fondre à Alger dans le Comité de la Libération nationale.

 

Mais avant cela, de grandes crises eurent lieu. Tout commença à Madagascar, de la faute de Spears, qui préféra traiter avec Vichy sans inclure la France Libre dans l'entrevue. Les anglais pensaient que cela aurait compliqué les choses. De Gaulle fut fou de rage et menaça de quitter Londres. L'affaire, diffusée dans des médias acquis à la cause de De Gaulle (Déjà) fit grand bruit mais se termina, néanmoins, sans grand dommage. Mais l'amertume régna des deux côtés.

 

Vint ensuite le débarquement en Afrique du Nord, en Novembre 1942. De Gaulle ne l'apprit que la veille, mais cela faisait des semaines que Churchill le laissait en retrait, l'interdisant de se rendre ailleurs qu'à Londres. Il fut fou de rage tandis qu'en même temps, les services secrets anglais et polonais se débrouillaient pour faire évader Giraud, grand homme militaire français mais qui n'avait aucune compétence en dehors de ce domaine, pour l'installer à la tête des territoires libérés, en relation avec Vichy et ainsi permettre aux américains et aux anglais de mieux priver la France de ses territoires.

 

Mais Giraud se montra incapable. Si bien qu'Eisenhower, alors en charge du débarquement en Afrique du Nord, dut faire appel à Darlan. Darlan... Le traitre, l'un des pires collaborateurs qui avait serré la main d'Hitler... Encore une fois, la presse anglaise et américaine à ses pieds, De Gaulle put surfer sur une vague incroyable d'indignation. Darlan fut assassiné et Roosevelet et Churchill ressortirent Giraud du chapeau.

 

Je ne reviens pas sur les étapes du processus qui montra à ses partisans les plus convaincus l'incapacité du pauvre général Giraud. Mais celui-ci ne semblait pas s'en rendre compte. C'est dans ce contexte que se passa la célèbre entrevue de Casablanca. De Gaulle, enfermé à Londres depuis des semaines, reçoit soudain une invitation de Churchill à le rejoindre. Se doutant de quelque chose mais ne pouvant rien faire, De Gaulle accepte. Roosevelt et Churchill insiste pour lier les deux hommes en conservant en haut Giraud avec l'autorité sur toutes les anciennes affaires de Vichy.

 

Giraud ne comprend pas que les américains et anglais sont en train de faire main basse sur les territoires de la France. Pour l'objectif, Giraud et De Gaulle sont invités à se serrer la main, dans une scène qui restera dans l'histoire. Giraud aussi bête que jamais serrant la main d'un glacial De Gaulle qui ne peut rien faire d'autre. De Gaulle court à Alger. Il veut voir cette France libérée. On l'assigne à résidence. Qu'importe. Il file au monument aux morts se recueillirent. Et une foule d'Algérois l’accueillent.

 

S'ensuit une tournée triomphale dans les territoires libérés. De Gaulle s'accapare le soutien du peuple. Roosevelt et Churchill perdent pied. Après la reconnaissance de Catroux, les épisodes de Koufra, du Fezzan et de Bir Hakeim qui justifient la France libre combattante dans le camp des alliés, il ne reste plus à De Gaulle qu'une chose : prouver son influence sur la résistance intérieure.

 

Il ne peut compter que sur deux hommes : le colonel Passy et Jean Moulin, deux fidèles de la première. En eux, et la fondation du Conseil National de la Résistance, dépend de la légitimité politique de De Gaulle. En unifiant enfin les mouvements de la résistance indépendamment de leurs orientations politiques, Jean Moulin et le Colonel Passy, quelques semaines avant leurs arrestations et morts, offrent à De Gaulle l'outil pour renverser Giraud.

 

Giraud est isolé. Il n'a plus aucune influence. Churchill et Roosevelt sont vaincus. Giraud se rétracte et se voit offert par De Gaulle le seul poste à sa hauteur : la direction militaire. Giraud se retire malgré tout quelques semaines plus tard. De Gaulle devient le dirigeant politique de la nation française symbolisée, politiquement par le Conseil National de la Résistance en France, le Gouvernement provisoire de la République à Alger et les Forces Françaises Libres intégrées aux forces d'invasion en Italie, en Provence et en Normandie.

 

Le Général Juin et le Général De Lattre de Tassigny se joignent (ENFIN !!) à la France Libre avec toute l'armée d'Afrique. Mais, au bout de la misère, dès l'invasion de la zone sud, la flotte française se saborde à Toulon. Un moindre mal pour Roosevelt et Churchill. Un immense gâchis et une honte éternelle pour De Gaulle.

 

Malgré tout, De Gaulle a gagné. Il a légitimé sa position auprès du monde entier (non sans quelques aller-retour auprès de Staline qu'il n'aime guère). Il devra encore longuement combattre les tentatives de Churchill et Roosevelt de combattre la souveraineté française (Saint-Pierre et Miquelon, la Guyane, la fameuse affaire des francs américains lors du débarquement en Normandie) mais une rencontre sera déterminante : De Gaulle rencontre un jour Eisenhower. Et les deux hommes, fin organisateurs, tacticiens, diplomates et politiques se respectent et se comprennent.

 

Contrairement à Roosevelt, dont la maladie lui ravage son énergie, Eisenhower, futur président des États-Unis, comprend que la France seule peut administrer la France et que seul un chef français peut réaliser cela. Montgomery, aussi peu politicien que Giraud, est bien plus simple à convaincre. Eisenhower ouvre les portes de Paris à la 2e DB et De Gaulle triomphe dans Paris.

 

Il est trop tard pour les anglais et les américains : la France a conservé sa souveraineté. Grâce à De Gaulle. Grâce à Churchill aussi.

 

Churchill, sans cesse tiraillé entre son affection pour l'homme De Gaulle et son opposition au chef de la France Libre, aura à bien des occasions du mal à refouler son émotion.

 

De Gaulle n'est pas dupe de tous ces jeux politiques. Invité avec le grand ami de la France, le chancelier Anthony Eden, le 11 Novembre 1944 sur les Champs Elysées, Churchill dépose une gerbe de fleurs aux pieds de George Clémenceau. De Gaulle fait jouer "Le père de la Victoire" et glisse doucement à Churchill "For you". Churchill, embué d'émotion, ne répond pas.


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#87 jp66

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Posté 18 juin 2015 - 18:28

 

Bon comme promis, je recommence.  (Ma première fiancée me disait ça aussi !  B) )

 

Extra comd'hab ...  :)


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#88 dim50

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Posté 18 juin 2015 - 18:50

Tiens, je ne sais pas pourquoi j'avais loupé ce sujet. Je savais que tu avais une culture historique immense, mais en plus de ça tu es incroyablement captivant, Rémy. :hat:



#89 jp66

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Posté 18 juin 2015 - 18:58

Tiens, je ne sais pas pourquoi j'avais loupé ce sujet. Je savais que tu avais une culture historique immense, mais en plus de ça tu es incroyablement captivant, Rémy. :hat:

 

Tu dois lire un livre qui te fatigue !!!   B)    ( une médaille si tu me trouves l'auteur de cette phrase sans tricher !!! ) 



#90 DOUDOU63

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Posté 18 juin 2015 - 19:57

D'après tous les reportages que j'ai vu sur la période, Giraud était le candidat des américains car plus docile que De Gaulle.

Il y a un moment lors d'une confrontation de toutes les parties en Afrique du Nord ou Churchill change d'avis et se met à soutenir de Gaulle mais je ne sais plus qu'ell en ait la raison. Par contre je me souvient d'une image ou les deux génaraux sont assis autour de Roosevelt et ou ils échangent ensuite une poignée de main lors de laquelle De Gaulle ne calcule pas du tout Giraud.

Pour les détails on va attendre la réponse de Rémy.

 

Sinon aujourd'hui grosse actualité historique entre l'appel de De Gaulle et le bicentenaire de Waterloo y a de quoi faire !! 

Très beau reportage sur cet événement ce soir au JT de 20 heures !!!!!!!! 6000 participants de toute nationalité, pour la reconstitution de la bataille de WATERLOO...... 


Chapeau Rémy, moi qui suis passionné d'histoire, et surtout d'histoire militaire, j'admire ta culture historique........Un régal à lire et des éléments précis.....Bravo!!!!!!! :hat:  :hat:


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