Pourtant, la multiplication des chocs et des blessures graves inquiète ; les récents accidents dramatiques aussi, surtout. « La moitié des blessures sont provoquées par des plaquages, a expliqué Bill Beaumont, le président de World Rugby. Nous avons donc réfléchi, en présence de joueurs - dont Conrad Smith et Jean de Villiers -, d'entraîneurs (comme le sélectionneur argentin Mario Ledesma) et d'experts scientifiques, à un moyen de réduire le nombre de plaquages et de créer plus d'espaces pour permettre un jeu plus fluide. »

De gauche à droite, Martin Rafferty, médecin en chef de World Rugby, Bill Beaumont et Bret Gosper, directeur general de World Rugby et PDG, et Mario Ledesma, entraîneur de l'équipe d'Argentine.
World Rugby a retenu huit propositions de changement de règle parmi les dizaines qui ont émergé, certaines applicables dès la saison prochaine, d'autres qui nécessitent encore validation. Voici les trois principales.
« HTW », l'avertissement pour plaquage haut
Le High Tackle Warning (HTW) va être introduit par World Rugby à toutes les compétitions élite, dès la saison prochaine. Cet avertissement pour plaquage haut viendra s'ajouter aux sanctions déjà prises en cours de match, lorsque les plaquages sont dangereux, par l'arbitre de champ. Il s'agit d'un outil pédagogique supplémentaire pour modifier l'attitude des joueurs qui, sans être coupables de plaquage illégal, restent debout pour bloquer le haut du corps de l'adversaire (et le ballon), et, parce qu'ils ne se baissent pas suffisamment, exposent leur adversaire à un choc tête contre tête. Les avertissements seront distribués par le TMO (Television match official), l'arbitre chargé de la vidéo. Au deuxième avertissement, l'équipe du joueur devra soumettre ce dernier (et le justifier) à des séances d'entraînement spéciales pour modifier sa technique de plaquage. Au troisième, un ou plusieurs matches de suspension pourront être prononcés.
La France, l'autre pays du plaquage
En 2018, les décès de trois jeunes joueurs (Adrien Descrulhes, 17 ans, Louis Fajfrowski, 22 ans, et Nicolas Chauvin, 19 ans) ont tous été consécutifs à des plaquages ou doubles plaquages. Même si cela n'explique pas tout, cela a poussé la FFR à se positionner pour tester de nouvelles règles. La saison prochaine, la ligne de plaquage sera descendue à la taille, dans ce qu'on appelle la « soft zone », celle autour du ventre, où les chocs sont amortis, et le plaquage à deux sera interdit. Reste à savoir quelles catégories seront concernées, a priori les amateurs, hommes et femmes, et les Espoirs. Le test durera un an (sauf s'il s'avère rapidement contre-productif) et fera, comme les autres, l'objet d'études statistiques poussées, en particulier sur le nombre de passes supplémentaires que la nouvelle règle génère, le ballon n'étant plus bloqué par un plaquage haut.
Touche indirecte, ballon conservé
Cette proposition, qui devra encore être validée par le Comité de World Rugby avant d'être testée, a déclenché l'enthousiasme des participants. Inspirée du rugby à XIII, elle suggère que lorsqu'une équipe, placée entre ses 22 mètres et la ligne des 50 mètres, trouve une touche indirecte (la balle rebondit dans les limites du terrain avant de sortir), elle conserve le ballon (qui est rendu actuellement à la défense). Cette nouvelle règle viserait à offrir plus d'espaces aux attaquants puisqu'elle obligerait l'adversaire à couvrir le fond de terrain avec deux ou trois joueurs, les empêchant de monter et libérant ainsi des espaces. De plus, elle impliquerait un jeu au pied stratégique et très précis.