Jusque-là, cette saison, Clermont avait l'habitude de saboter ses entames de match à l'extérieur, ce qui explique en partie ses quatre défaites en Top 14 à Bordeaux-Bègles (32-25), La Rochelle (51-20), Castres (29-23) et Toulouse (28-18). Mais la Coupe d'Europe, avec son format ultracourt, n'autorise pas ce genre de panne de réveil. Alors, l'ASM a fait vite, très vite, chez les Ospreys. Après dix minutes, elle menait déjà 14-0 grâce à deux essais de Raka (4e) et Spedding (10e) transformés par Parra.
À ce rythme, évidemment, on l'imaginait s'imposer assez largement dans ce Liberty Stadium de Swansea quasi désert (7 458 spectateurs), un peu à la manière des Saracens, écrasants vainqueurs de Northampton (13-57) dans l'autre rencontre de la poule. Sauf que tout ne s'est pas passé aussi facilement. Que les Auvergnats se sont mis à rater quelques plaquages, à musarder dans les rucks et, pour finir, à abandonner le ballon à leurs adversaires.
En seconde période, ils n'ont quasiment fait que défendre. À tel point qu'ils ont tremblé jusqu'au bout. Heureusement, les gros veillaient. Ce sont eux, grâce à une conquête dominatrice, qui ont permis à l'ASM de récupérer des pénalités ou des ballons décisifs, cassant ainsi régulièrement le tempo effréné des Gallois. « Nos avants ont fait un énorme boulot, témoigne le demi de mêlée Morgan Parra. Je pense surtout à ces ballons gagnés en contre en touche à cinq mètres de notre ligne, à cette mêlée qui nous a permis de récupérer des pénalités et soit d'ajouter trois points au score, soit de trouver des touches dans leurs 22 mètres. Les gros étaient à la recherche d'un énorme match. Bah voilà, ils l'ont fait ! »
Et si c'était le type de match référence à vraiment lancer une saison ? « Ça peut l'être à condition de battre Northampton à domicile le week-end prochain », observe Franck Azéma. L'entraîneur clermontois attendait ses joueurs dans le combat et l'agressivité. Des valeurs indispensables pour gagner à l'extérieur, déjà entrevues dimanche dernier à Toulouse malgré la défaite. Il n'a pas été déçu. Surtout devant. « Les gros nous ont mis sur la bonne voie, dit-il. Dans ce genre de match, il y a des ballons déterminants à gagner dans des zones difficiles et ils ont su le faire. »
Dans la semaine, les Jaunards avaient particulièrement étudié à la vidéo la touche des Ospreys, très efficace avec les Alun Wyn Jones, Davies, Lydiate et Tipuric. Ils ont bien fait. Ça leur a permis de récupérer trois ballons hyper importants sur des pénaltouches trouvées par l'ouvreur gallois Biggar à quelques mètres de l'en-but auvergnat. On pense notamment à ce contre parfait du flanker Alexandre Lapandry à la 45e, alors que l'ASM venait juste de se retrouver en infériorité numérique après le carton jaune écopé par l'ailier anglais Strettle (interception en position de hors-jeu). De quoi casser le moral de l'adversaire.
Tous les avants ont été bons. Lee a avancé à chaque impact, Cancoriet a défendu sans relâche, Vahaamahina et Jedrasiak étaient partout, et Slimani, pourtant en difficulté sur les plaquages, a largement contribué à la domination de son équipe en mêlée. « C'est bon d'avoir du caractère comme ça, se félicite Azéma. Je n'oublie pas qu'on avait laissé des dents sur ce terrain il y a deux ans (défaite 21-13), que seul le Stade Toulousain était parvenu à s'imposer ici (en 2003). Alors, quand t'as des résultats en dents de scie, comme c'est notre cas depuis le début de la saison, c'est bien de gagner à l'extérieur. Ça fait du bien à la tête. »
Source : lequipe.fr