Posté 13 mai 2021 - 07:19
L'équipe ;
Encore sous contrat avec Clermont, Franck Azéma ne rejoindra pas Montpellier
L'entraîneur de Clermont a annoncé mercredi qu'il ne rejoindrait pas Montpellier à l'issue de la saison.
Aurélien Bouisset
La ritournelle revenait de plus en plus fréquemment, et toujours un ton plus fort, ces deux dernières semaines : «L'avenir de Franck Azéma s'éloigne du MHR.» Et samedi matin, quand les Héraultais ont commencé à faire des annonces sur leur futur encadrement, avec la prolongation d'Olivier Azam, des signaux supplémentaires obscurcissaient son possible retour sur les rives de la Méditerranée. L'entraîneur de Clermont a préféré prendre les devants et, en début de soirée, il a de lui-même donné corps à cette nouvelle en confirmant à La Montagne, comme il l'avait fait dès lundi à ses adjoints : «Je n'irai pas à Montpellier.»
Le manager de l'ASM nous l'a répété quelques minutes plus tard, le ton un peu las, d'où filtrait une colère rentrée. La longue incertitude qui a entouré les négociations entre les Auvergnats et Montpellier, ouvertes en mars, après que, fin février, Azéma a fait connaître à son club depuis 2010 ses envies de départ, puis leur échec, acté mercredi, «l'ont impacté», ressent-on dans son entourage. Comme s'il reprochait à Clermont de ne pas avoir eu la souplesse que méritaient ses onze années au service du club.
«Nous n'avons pas joué avec Franck, nous avait assuré Jean-Michel Guillon, le président de l'ASM, hier matin. Il n'est pas pris en otage par le club. On est dans une situation de business : je défends les intérêts du club au-delà des relations qu'on a avec lui. J'ai eu cette discussion avec lui : "Franck, on reconnaît tout ce que tu as apporté au club, mais, d'un autre côté, reconnais toi-même que, si tu pars dans un club concurrent, il y a un préjudice, parce que tu pars deux ans avant la fin de ton contrat."»
C'est ce que serine Clermont depuis bientôt un trimestre : pour qu'un autre club du Top 14 attire Azéma, il devra s'acquitter d'indemnités. Et c'est là où les choses ont bloqué entre ASM et MHR. «Je n'ai jamais fait aucune offre à l'ASM, répète ainsi, à l'envi, Mohed Altrad, le président du MHR. J'ai toujours dit que j'étais prêt à payer à Franck, pas à l'ASM, la somme de 150 000 euros pour négocier son départ. Je l'ai répété à Miguel Fernandez et Christian Chevalier et je le redis encore : je n'ai fait aucune offre à l'ASM. Et puis, il m'a été rapporté par le président et par Franck, indirectement, qu'il restait sous contrat, donc qu'il n'était pas libre. Mais s'il venait à l'être, alors nous serions intéressés.»
«J'ai toujours dit à Franck : si on part du principe qu'on peut casser n'importe comment et n'importe quand, on va aller vers un monde du rugby de plus en plus compliqué»
Jean-Michel Guillon, président de l'ASM
Si Jean-Michel Guillon concédait n'avoir «pas travaillé directement avec le président Altrad, mais via des avocats, pour éviter que l'affaire ne prenne un tour trop passionnel», il insistait : «Nous avons reçu une proposition de Montpellier. Mais, à ce stade, il n'y a plus de discussion. Deux facteurs empêchent les choses d'avancer : le niveau de l'indemnité et les résultats de Montpellier qui font que l'évidence Azéma telle qu'elle avait été déclarée n'en est plus vraiment une.» Clermont n'espérait plus de quoi couvrir totalement les deux années de contrat qui restaient à Azéma mais était prêt à se contenter d'une somme qui aurait couvert les frais provoqués par le départ de son coach, c'est-à-dire les éventuelles indemnités de départ de ses adjoints, dont Bernard Goutta et Didier Bès, qui ne seraient pas conservés par le futur entraîneur, Jono Gibbes.
Intransigeance auvergnate ? Ce qui est sûr, c'est que l'ASM et le MHR n'entretiennent pas les relations qui auraient permis de fluidifier le dossier, un passif, notamment sur le rachat par les Auvergnats du contrat de Scott Spedding, restant encore dans les mémoires locales. Et le président Guillon, avec son passé industriel chez Michelin, et une arrivée encore fraîche dans l'univers du sport, à l'été 2020, n'a pas laissé l'affect s'immiscer dans les affaires. «On n'est pas là pour punir qui que ce soit, c'est une position de business, justifie-t-il. J'ai toujours dit à Franck : si on part du principe qu'on peut casser un contrat n'importe comment et n'importe quand, on va aller vers un monde du rugby de plus en plus compliqué.»
Dans le staff de Clermont, c'est justement avec le fatalisme d'assister à un nouvel avatar de la lente professionnalisation du rugby qu'on subit la situation. L'ambiance dans les coulisses de Marcel-Michelin s'en est appesantie, les liens entre des hommes qui avaient tissé des relations au-delà du sport en sont sévèrement secoués. Et le contexte Covid n'aide pas à les priver de l'exutoire et la remobilisation que chacun pourrait trouver dans le soutien populaire.
Reste un sentiment qui grandit, celui du gâchis qui se profile, une relation ternie entre l'ASM et Azéma, l'homme qui a garni l'étagère du club d'un deuxième Brennus, et qui pourrait partir fâché, carrière désormais en stand-by, puisqu'il dit n'avoir pour l'instant aucune autre issue et que Guillon confirme qu'aucun autre club n'a, jusque-là, frappé à sa porte pour son entraîneur. En interne, on mesure ce risque. Comme celui d'une fin de saison compliquée sportivement, avec des matches cruciaux, à commencer par celui de samedi contre Toulon, afin de se qualifier pour une phase finale, qui, à cause de ce contexte, finirait par lui échapper.
-
soiru63, OliveR, musky et 6 autres aiment ceci