CLERMONT-FERRAND - C'est un tour d'honneur qui ressemblait fort à des salutations finales. Tout juste battus, abattus, les Clermontois ont pris le temps de se réunir en cercle sur la pelouse de Michelin, puis d'aller remercier leurs supporters. La Yellow Army était restée nombreuse et encourageante, mais elle le savait aussi bien que ses joueurs : l'exercice 2017-2018 a pris fin en ce début de printemps, bien plus tôt qu'à l'accoutumée en Auvergne.

« On est déçus, soufflait Rémy Grosso en tapotant nerveusement une bouteille d'eau contre sa cuisse. On sort de cette Coupe d'Europe, qui pouvait sauver notre saison... » Le puissant ailier a bien tenté de donner le change, en évaluant à « 3 % » les chances que l'ASM avait encore d'accrocher un top 6 en Championnat. « Comptablement ? C'est mort !, se rebellait-il. Alors on ne va pas jouer nos quatre derniers matches de Top 14 en baissant la tête, on va y mettre la manière ! » Mais il finissait par reconnaître : « Je vous dis ça parce qu'on est orgueilleux, qu'on a les boules et que je n'ai pas envie d'avoir un discours dramatique... »
«Il y a eu des choses choquantes (sur l'arbitrage). Ce n'est pas là-dessus qu'on perd, mais ça nous expose»
Comme tout un club, il sait que la probabilité de refaire les 16 points de retard sur la sixième place est infime, et que celle d'arracher une place en Coupe d'Europe relèverait désormais du miracle. Il va sans doute falloir se contenter du Challenge européen la saison prochaine. Oh, on n'est pas totalement surpris par cela ici, même si les Auvergnats avaient pris part à toutes les phases finales de Championnat depuis 2006, et la plus prestigieuse des épreuves continentales rythmait toutes leurs saisons depuis 2007.

À force d'être irrégulier et de subir les blessures, Clermont savait que ses certitudes étaient faibles avant de recevoir le Racing 92. « Il nous a manqué quinze jours pour avoir plus de cohésion et de rythme », reconnaissait sans peine Franck Azéma, qui n'a récupéré des joueurs aussi importants que Morgan Parra, Damian Penaud, Wesley Fofana ou Camille Lopez que ces dernières semaines, après de longues absences.
Ce qui faisait râler davantage l'entraîneur auvergnat, c'est qu'à ces handicaps initiaux s'en sont ajoutés de nouveaux pendant le match. Le coup au visage de Morgan Parra porté par Bernard Le Roux (17e) : « Il prend un avant-bras dans la gueule, et c'est simple pénalité ? » L'essai refusé de Nick Abendanon après appel à la vidéo (44e) : « Sur le grand écran, j'ai l'impression qu'il aplatit sur la ligne. » Celui accordé à Marc Andreu après une passe plus qu'à plat de Dan Carter (64e). « C'est des choses litigieuses !, rajoutait-il. On n'a pas suffisamment de marge aujourd'hui pour absorber ces péripéties, entre les blessures (Yato et Iturria sortis tôt) et les choses discutables sur l'arbitrage... Il y a eu des choses choquantes. Ce n'est pas là-dessus qu'on perd, mais ça nous expose. »

Son capitaine, Parra, préférait lui ne pas revenir sur ces tournants, et mentionnait les erreurs commises par les siens. « On a été légers sur une contre-attaque du fond du terrain », relevait-il notamment à propos de cette relance audacieuse de Marc Andreu qui amène l'essai de Nakarawa (25e). Le demi de mêlée a pesé, créant l'essai de Betham (34e), avant de céder sa place, exténué. « Ça m'embête, reprenait-il, parce que l'année prochaine on ne va pas jouer la Coupe d'Europe, et là, derrière, tu n'as pas le Championnat pour te rattraper ! » Pour se rattraper, non. Mais pour finir dignement, oui, insistait Azéma : « On a quatre matches pour montrer ce qu'on représente. Et des garçons arrêtent, comme Aurélien Rougerie. On doit bien se comporter pour accompagner sa sortie. »