Sa cavale européenne a duré quatre jours et s'est terminée mardi soir, vers 20 h 15, au poste-frontière de Zahony, dans le nord-est de la Hongrie, tout près de l'Ukraine. C'est en vérifiant l'identité de Loïk Le Priol (27 ans), le principal suspect du meurtre de Federico Martin Aramburu, que les policiers locaux ont constaté que cette figure de la mouvance d'ultradroite faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen, émis par les autorités françaises. La police hongroise a relayé l'information de son interpellation sur son site Internet, mercredi matin, en diffusant une vidéo de onze secondes, avec visage flouté, de cet ex-militant du GUD (Groupe Union Défense), un groupuscule étudiant d'extrême droite et violent, dont l'emblème est un rat noir belliqueux.
Lors de sa garde à vue, Loïk Le Priol a effectivement expliqué, selon la police hongroise, qu'il avait « une formation militaire » et qu'il se rendait « en Ukraine pour se battre ». Trois couteaux ont également été retrouvés dans sa voiture. Derniers indices d'un itinéraire chaotique qui s'est - provisoirement - terminé dans cette petite ville frontalière, principal point d'entrée, en Hongrie, des exilés et réfugiés venant d'Ukraine pour fuir la guerre et échapper à l'offensive russe.
Un chemin que cet ancien membre du commando marine de Montfort, entré à 16 ans à l'École des mousses de la Marine nationale à Brest (Finistère), souhaitait emprunter en sens inverse, dans sa fuite. Peut-être pour se fondre de manière anonyme dans la fureur de cette guerre, au milieu d'autres volontaires étrangers, nationalistes, venus soutenir les forces ukrainiennes contre l'armée russe de Vladimir Poutine. Concernant l'arrestation de Loïk Le Priol à Zahony, la France dispose d'un accord d'extradition avec la Hongrie. Sollicités, les services consulaires de l'ambassade de France à Budapest n'ont pas donné suite ou n'ont pu être joints.
Le parcours militaire du jeune homme avait pris fin avec sa radiation pour motifs disciplinaires, il y a cinq ans, à la suite d'un rapatriement en France en juillet 2015, sur recommandation de la médecine des armées, en raison d'un état de stress post-traumatique sévère. Une rupture consécutive à sa participation à des opérations extérieures en Afrique, au Mali et à Djibouti, entre 2013 et 2015.
En parallèle, l'ex-commando marine est connu de la justice. Il a quatre mentions à son casier pour des faits de violence, a rapporté Marianne, et il est actuellement poursuivi - avec quatre autres anciens militants du GUD - pour violences aggravées à l'encontre d'un ancien président du groupuscule. En octobre 2015, Loïk Le Priol et les quatre autres « gudards » présents - dont Romain B., également mis en cause dans l'enquête sur la mort d'Aramburu - avaient violemment tabassé et humilié un ex-dirigeant du syndicat ; une agression filmée, dont les images furent partiellement diffusées par Mediapart. Le procès de cette affaire doit se tenir début juin. Loïk Le Priol avait aussi lancé une ligne de vêtements, « Babtou Solide Certifié », en 2016.
« Bouge ton cul de ta chaise, soulève de la grosse fonte, apprends ta putain d'histoire en lisant des bouquins aussi gros que les couilles de tes ancêtres, bombe le torse. »
Le credo de Loïk Le Priol affiché sur FaceBook
« On surfe sur une certaine vague identitaire, expliquait alors son fondateur dans une interview au média en ligne StreetPress. Dans le contexte, on trouvait important d'avoir une marque pour les jeunes costauds français qui revendiquent leur identité. » Le credo, alors affiché sur Facebook : « Bouge ton cul de ta chaise, soulève de la grosse fonte, apprends ta putain d'histoire en lisant des bouquins aussi gros que les couilles de tes ancêtres, bombe le torse [...]. Deviens un babtou solide certifié. » La marque a été radiée du registre du commerce et des sociétés en juin 2017.
Ancien directeur national du FNJ (Front national de la jeunesse), Julien Rochedy (34 ans) avait posé avec un T-shirt de la marque identitaire ; un cliché ressorti à la suite des premières informations disponibles, dès le jour du drame, sur le profil du principal suspect : son « copain » Loïk, qu'il « ne voyait presque plus », a écrit Rochedy, mardi, sur Twitter. « Ceux qui connaissaient Loïk pensaient tous qu'il s'était calmé, poursuit-il. Il avait toujours été fêlé, il était suivi par un psy de l'armée, mais la dernière fois que je l'ai croisé à Paris, il avait une copine, des projets, semblait apaisé. On était contents qu'il aille mieux [...] Puis vient cette information horrible. Une bagarre, l'alcool, les armes à feu, Loïk qui pète un plomb et commet cet acte inqualifiable. »
Au moment du meurtre d'Aramburu, le 19 mars à l'aube, Loïk Le Priol était sous contrôle judiciaire. Selon Libération, il avait interdiction de paraître à Paris et d'entrer en contact avec l'homme soupçonné d'être son complice, Romain B., qui a été interpellé hier dans la Sarthe.
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je ne resiste pas à vous copier la photo protégée de l'article
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