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314 réponses à ce sujet

#136 RCV06

RCV06

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Posté 08 avril 2024 - 13:35

Que ceux qui ont plus de 60-65 ans et qui n'ont jamais rêvé d'être un des deux frères Boniface lèvent le doigt...

 

Il a rejoint son frangin ... la paire est reconstituée ... 

Nous de l ancien rugby oui, on rêvait de jouer comme eux, mais maintenant ils n auraient leur place nulle part, le temps n 'est plus aux techniciens mais au tanks.



#137 Requiem_W

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Posté 08 avril 2024 - 13:37

Un nom devenu légendaire.
Bon voyage Monsieur.


Les duo toulonnais BL et MB lui avait rendu un drôle d'hommage il y a 12 ans...

#138 ELSAZOAM

ELSAZOAM

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Posté 08 avril 2024 - 14:12

j'ai vu ça aux infos, que de souvenirs encore une fois, la roue tourne et pas dans le bon sens mon cher elsa

Punaise oui, plus le temps passe et plus on pense que notre tour va arriver...
Profitons un max (si on peut) en attendant !

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#139 OliveR

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Posté 08 avril 2024 - 14:15

Les duo toulonnais BL et MB lui avait rendu un drôle d'hommage il y a 12 ans...

C'est vrai qu'en matière de poésie et de retenue, on peut leur faire confiance à ces 2 là :(


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#140 el landeno

el landeno

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Posté 08 avril 2024 - 17:13

André Boniface : « Je rêvais d'un jeu avec des passes à l'infini » International à 48 reprises, trois-quarts centre emblématique du French Flair en 1954 et 1966, le Montois André Boniface, décédé ce lundi à 89 ans, était revenu en 2021 sur les moments forts de sa longue et riche carrière.

 
« Quel a été l'adversaire le plus méchant que vous ayez affronté ? 

Au niveau international, j'ai toujours trouvé beaucoup de respect chez tous mes adversaires. En Championnat de France, j'ai en revanche le souvenir d'un Briviste qui a toujours été particulièrement désagréable : crachats, plaquages à retardement, insultes... Un jour, je suis revenu à Brive, pour la Foire du livre. Je ne l'avais pas revu depuis 30 ans, je ne me souvenais pas de son nom mais de son visage, oui ! J'ai refusé de lui dédicacer mon ouvrage (Nous étions si heureux, La Table Ronde, 2006). Il s'est confondu en excuses, mais ça n'a rien changé.

 
 

Quel est le partenaire pour lequel vous avez le plus d'admiration ?
C'est Michel Crauste. Il faut savoir que nous sommes amis d'enfance depuis l'âge de 12 ans. Nous étions aux Coeurs Vaillants ensemble (mouvement de jeunesse catholique créé dans les années 1930). Nous passions devant le bar Le Winger pour voir Jean Prat (qui en était le propriétaire). Des gamineries quoi, mais qui ont finalement compté beaucoup dans notre vie... (31 sélections ensemble sous le maillot tricolore entre 1958 et 1966). Michel Crauste a été un homme digne, droit, généreux. Et comme joueur, il était dur comme la pierre...

« L'arbitre italien était tellement nul que je me suis foutu de sa gueule. Il m'a expulsé mais je n'ai pas voulu sortir du terrain. »

 
 
 

Quelle est votre plus grosse colère ?
C'est contre un arbitre. En Roumanie. En 1963. Ça avait été lamentable. Ce n'était pas un voyage touristique. J'y étais allé pour leur faire plaisir et on avait été reçu comme des moins que rien. L'arbitre, italien, avait été catastrophique : on ne l'a plus revu après. Il était tellement nul que je me suis foutu de sa gueule. Il m'a expulsé mais je n'ai pas voulu sortir du terrain. Figurez-vous qu'au retour, je n'avais pas mis les pieds sur le sol français que la sanction tombait ! Les gros pardessus de la fédé se frottaient les mains : ils se débarrassaient de moi pour six mois. Et j'étais donc privé de la tournée en Afrique du Sud (durant l'été 1964).

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André Boniface et son frère Guy sous le maillot noir et jaune du Stade Montois. (L'Équipe)
 
 

Quel est le moment le plus drôle de votre carrière ?
Nous avions un excellent talonneur à Mont-de-Marsan, Pierre Pascalin (sept sélections en 1950 et 1951). Il a été le premier international montois. Il était garagiste, une force de la nature, engagé jeune dans le Maquis, Croix de Guerre... Il n'avait peur de rien, ni de personne. Pour le faire rager, on avait décidé, à l'entraînement, de compliquer les annonces en touche, avec des nombres à rallonge, genre « 365 789 ». Il était perdu... Ça l'avait fait rire et nous aussi. Il nous avait lancés : « Pour jouer au rugby, il faudra être « agrégué », maintenant... »

Quelle est la consigne de jeu que vous n'avez pas suivi ?
Notre entraîneur, Fernand Cazeneuve, ancien ailier international côté fermé (six sélections de 1950 à 1954), nous demandait de taper en touche quand nous étions dans notre camp, ce que je n'ai jamais fait (rires). Il nous disait : « Surtout, pas de prise de risque ! » Qu'est-ce que ça pouvait m'énerver...

« Un jour, notre entraîneur a annoncé qu'il y avait un petit nouveau qui allait débuter en équipe première. On allait affronter Dax en seizièmes de finale à Biarritz. Et là, il m'annonce qu'il s'agit de mon frère. »

 
 
 

Quel est votre plus beau souvenir ?
Lorsque j'ai joué pour la première fois en club avec mon frère, Guy. Quand j'ai quitté Dax pour Mont-de-Marsan, il m'avait suivi et signé une licence au club. Et un jour, notre entraîneur a annoncé qu'il y avait un petit nouveau qui allait débuter en équipe première. On allait affronter Dax en seizième de finale à Biarritz. Et là, il m'annonce qu'il s'agit de mon frère et qu'il va jouer avec moi au centre. Ça a été un moment très fort. De mémoire, je crois qu'on a filé une vingtaine de points aux Dacquois.

Et votre pire souvenir ?
Quand l'arbitre de la finale de 1963 a refusé l'essai que nous marquons sur une des dernières actions, pour siffler un en-avant imaginaire. Je croise avec mon frère, qui perce et sert l'ailier André Caillau qui marque entre les poteaux ! Ça aurait été un beau symbole que de finir ainsi à l'issue d'une finale (remportée par Mont-de-Marsan sur Dax, 9-6), que nous avions volontairement cadenassée. C'était monsieur Capelle, que j'avais trouvé un peu gros. Au moment d'entrer sur le terrain, je lui avais fait remarquer qu'il n'avait pas l'air très en forme et il me répond : « Oui, j'ai quelques kilos en trop... »

085c0.jpg
 
André Boniface lors de ses débuts tricolores, à l'aile. Particularité : toute l'équipe anglaise est sur cette photo. (L'Équipe)

Quel est le plus bel essai que vous avez inscrit ?
Celui contre l'Angleterre à Colombes en 1966. Un essai symbolique d'amitié et de complicité avec Jeannot Gachassin. C'est une relance de Claude Lacaze avec une percée de Jeannot plein champ qui m'offre ce ballon d'essai comme on fait un cadeau à un ami. Pendant que je courais vers l'en-but anglais, je l'entendais hurler derrière moi : « Vas-y Dédé, vas-y Dédé ! » C'était un beau moment. Et puis Jeannot, c'était la famille, la fratrie. Sur le terrain, c'était super, et le soir, pour faire le con avec mon frère Guy, c'était bien aussi... La complémentarité existait dans tous les domaines (rires).

« Une heure avant de partir au stade rejoindre mes coéquipiers, j'écoutais Nabucco, de Verdi. J'adore cet opéra. »

 
 
 

Quel est le club où vous auriez aimé jouer, en dehors de Mont-de-Marsan ?
J'aurais aimé jouer à Lourdes. Le grand Lourdes (six fois champion de France entre 1952 et 1960). Avec mon frère, nous sommes allés quelques fois nous entraîner : nous nous mélangions avec les frères Labazuy, Martine, Maurice Prat. C'est l'équipe qui exploitait le mieux les qualités de chaque joueur à travers un jeu bien réglé. C'était le jeu d'équipe par excellence.

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ? 
Il y en a tellement (rires). Je vais vous faire une confidence, plutôt. Avant chaque match à domicile avec le Stade Montois, une heure avant de partir au stade rejoindre mes coéquipiers, j'écoutais Nabucco, de Verdi. J'adore cet opéra. Et en particulier le passage intitulé « Le choeur des esclaves ». (« Va, pensée, sur tes ailes dorées »). C'était comme un rituel. Je fermais les yeux et j'imaginais la balle partir vers l'infini, de mains en mains, et que ça ne s'arrêtait pas. Je rêvais d'un jeu avec des passes à l'infini... »

Une vie de Landais
Natif de Montfort-en-Chalosse, André Boniface vivait depuis une trentaine d'années à Hossegor, toujours dans les Landes, après avoir vendu son magasin de sport de Mont-de-Marsan, qui fut longtemps l'épicentre du rugby landais. Grand-père, celui qui fut pendant les années 60 la référence en matière de French Flair adorait s'occuper de ses deux petits enfants. « J'ai toujours eu le culte de la famille, » ajoutait-il. Côté activités sportives, après avoir beaucoup et remarquablement bien pratiqué le tennis et surtout le golf en sus du rugby, il continuait à aller « voir jouer les gars à la pétanque » dont Marc Dal Maso, autre international montois devenu entraîneur.

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#141 Gourine63

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Posté 08 avril 2024 - 19:06

"Je fermais les yeux et j'imaginais la balle partir vers l'infini, de mains en mains, et que ça ne s'arrêtait pas. Je rêvais d'un jeu avec des passes à l'infini..."

À deux doigts de me faire pleurer sérieux.

#142 RCV06

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Posté 08 avril 2024 - 19:10

"Je fermais les yeux et j'imaginais la balle partir vers l'infini, de mains en mains, et que ça ne s'arrêtait pas. Je rêvais d'un jeu avec des passes à l'infini..."

À deux doigts de me faire pleurer sérieux.

Faudrait expliquer ça à certains de nos joueurs ^_^



#143 Good Shvili

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Posté 08 avril 2024 - 19:11

Faudrait expliquer ça à certains de nos joueurs ^_^

Non non rien

J'y pensais lol



#144 Gourine63

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Posté 08 avril 2024 - 19:43

Faudrait expliquer ça à certains de nos joueurs ^_^


Faudrait l'expliquer à World Rugby surtout...

Mon rêve serait qu'une règle apparaisse un jour, interdisant tout plaquage au-dessus de la ceinture, ce serait déstabilisant au début mais on verrait essai sur essai avec toutes ces opportunités de passer les bras :wub:

Quitte à perdre des matchs autant les perdre 50-40 que 25-15 de mon point de vue.
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#145 Underscore

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Posté 08 avril 2024 - 19:44

Encore un nom du rugby qui nous quitte :(

RIP mister Boniface



#146 Boulard

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Posté 08 avril 2024 - 19:49

"Je fermais les yeux et j'imaginais la balle partir vers l'infini, de mains en mains, et que ça ne s'arrêtait pas. Je rêvais d'un jeu avec des passes à l'infini..."

À deux doigts de me faire pleurer sérieux.


Les datas viennent de planter...
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#147 RCV06

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Posté 08 avril 2024 - 20:42

Faudrait l'expliquer à World Rugby surtout...

Mon rêve serait qu'une règle apparaisse un jour, interdisant tout plaquage au-dessus de la ceinture, ce serait déstabilisant au début mais on verrait essai sur essai avec toutes ces opportunités de passer les bras :wub:

Quitte à perdre des matchs autant les perdre 50-40 que 25-15 de mon point de vue.

Jusque la, aucune des règles qui ont été mises en place pour favoriser le jeu n a été efficace, a chaque fois ils trouvent une parade pour contrer.

Pour la sécurité des joueurs pareil.


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#148 InASMWeTrust

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Posté 08 avril 2024 - 20:58

"Je fermais les yeux et j'imaginais la balle partir vers l'infini, de mains en mains, et que ça ne s'arrêtait pas. Je rêvais d'un jeu avec des passes à l'infini..."

À deux doigts de me faire pleurer sérieux.

Ouais enfin ça sent la drogue la quand même. Un mec sortirait ça aujourd'hui on se foutrait bien de sa gueule.
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#149 Codorplusàvie

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Posté 08 avril 2024 - 22:12

Ouais enfin ça sent la drogue la quand même. Un mec sortirait ça aujourd'hui on se foutrait bien de sa gueule.

Ou jouerait à 7 sur la plage.

Ps : juste après mon message je tombe sur ce titre :

https://www.lequipe....u-rugby/1459585

Comme quoi t'es vraiment pas tombé loin.
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#150 el landeno

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Posté 09 avril 2024 - 06:07

André Boniface, racé et intransigeant, icône du rugby d'attaque André Boniface, qui s'est éteint lundi, à Bayonne, à l'âge de 89 ans, restera un personnage à part dans la mythologie du rugby français, le plus racé et le plus intransigeant des trois-quarts centre.

Avant et après lui, aucun international n'a magnifié le rugby avec autant d'intransigeance et de passion. Surtout le rugby au centre. André Boniface parlait avec les mains et, soudain, le jeu se mettait en place comme par magie. Sur la table basse de son salon ou, bien avant cela, au zinc des bars situés rue du Bac ou rue de Verneuil à Saint-Germain-des-Prés (Paris, VIIe) après les matches de Tournoi des Cinq Nations en compagnie d'Antoine Blondin et de ses fidèles suiveurs, il déplaçait les sucres, les tasses et les verres pour mieux signaler les angles de course, le placement des attaquants et la défense qui glisse, au milieu des chants de supporters.
 
 

Né le 14 août 1934 à Montfort-en-Chalosse, dans les Landes, André Boniface portait beau avec ou sans le ballon, sur le terrain et en dehors. Tel un aimant, il attirait les regards. Et attisait aussi les jalousies. On lui reprochait son port altier, ses esquives pleines de morgue, des percées éblouissantes parfois mal finies. Premier entre ses égaux, il demandait tous les ballons. Et son charisme autant que son talent faisaient que ses partenaires se soumettaient à ses injonctions. « Plus j'avais des problèmes pour prouver aux gens la valeur de notre jeu, plus je m'accrochais pour trouver la perfection », avouait-il. Un mantra qu'il ne cessa de répéter entre 1954 et 1966 à quarante-huit reprises en équipe de France.

Un col de maillot toujours relevé : sa signature pour l'éternité

Tel l'Hermès de Praxitèle, il n'a jamais donné aucune prise au temps qui passe. Né au rugby de haut niveau à 20 ans sous le maillot du quinze de France et à l'aile, cet archange remarquablement proportionné (1,80 m, 84 kg) est resté tout au long de sa carrière, puis de sa vie, l'icône de ce rugby d'attaque « à la française » que les journalistes anglais nommèrent french flair au début des années 60. Un col de maillot toujours relevé : telle est sa signature pour l'éternité. Si l'élégance habite les trois-quarts centres et se transmet, alors André Boniface en fut la figure, un parangon d'esthétique d'une lignée d'attaquants racés née avec Jean Dauger puis Roger Martine, prolongée par Jo Maso, Didier Codorniou, Denis Charvet et Thomas Castaignède...

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Porté en triomphe après avoir donné au Stade montois son seul titre de champion de France, le 2 juin 1963 à Bordeaux. (L'Équipe)
 
 

Cette grâce ne parvenait pas à cacher son refus des compromissions, ses emportements, ses colères, ses coups de gueule. Que ce soit en équipe de France ou à Mont-de-Marsan, il ne recherchait qu'une voie : celle de la perfection. Et à l'accomplissement de ses objectifs n'admettait aucune entrave. « Malgré l'esthétique et la facilité apparente, j'étais enragé de l'intérieur. Les gens qui me voyaient courir croyaient que je ne forçais pas, alors que j'étais toujours en colère. » Ce prophète impulsait d'autorité, et, par l'exemple, un rugby fait d'offensives incessantes et de relances, de feintes de corps et de passes croisées. « J'avais un caractère fragile mais je ne le montrais pas. Il faut toujours faire croire que vous êtes plus fort que votre adversaire. »

« Je n'ai jamais bu une goutte de vin. Pas de pain, pas de charcuterie, pas de viande rouge. Juste un peu de fromage les soirs de victoire »

André Boniface

 
 
 

Cet idéal était servi par un corps d'athlète dessiné pour l'exploit. En plus des entraînements de club, Boniface partait courir, seul, dans la forêt landaise. Quarante ans avant l'avènement de l'ère professionnelle avec ses séances de musculation répétées, son suivi diététique quotidien et son culte du corps comme outil de travail, ce spartiate s'astreignait déjà à une hygiène de vie inconcevable pour l'époque. « Je n'ai jamais bu une goutte de vin. Pas de pain, pas de charcuterie, pas de viande rouge. Juste un peu de fromage les soirs de victoire. » Telle était la clé d'une condition physique irréprochable qui lui permettait de sidérer ses adversaires et d'impressionner ses partenaires.

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Le bonheur absolu de jouer en équipe de France avec son frère Guy (à gauche), ce qui leur arriva à 17 reprises. (L'Équipe)

Sportif accompli possédant tous les dons, ce stakhanoviste de l'entraînement aurait pu briller en athlétisme, au tennis ou au golf. Il suivait tous les sports, s'intéressait aux performances, mais surtout fédérait autour de lui tous ceux - amis, journalistes, supporters - qui avaient la plus haute idée du rugby d'attaque et peu d'estime pour les fossoyeurs d'allégresse, qu'ils soient entraîneurs attirés par l'affrontement ou joueurs obtus s'enferrant dans les percussions aveugles. « Boni ! », tel fut le cri de ralliement de tous les attaquants à panache après lui. Son éthique se doublait d'un respect de soi hors norme : une fois sa carrière de joueur et d'entraîneur refermée à la fin des années 70, il ne se passait pas une journée sans qu'il enchaîne des séries d'abdominaux afin de se maintenir en forme(s), ventre plat et visage émacié.

Deux frères séparés par la mort

Personnage entier, André a toujours recherché l'autre moitié de lui-même ; ce frère aimé, ce coéquipier des grandes heures montoises et des joutes du Tournoi, son complément de « je », ce siamois différent d'aspect, sec et osseux. André et Guy, c'était le yin et le yang, l'inquiétude et l'insouciance fondues en un seul être. Double. « Imaginez deux frères qui pensent au rugby depuis qu'ils sont nés, se souvenait-il, qui ne se quittent pas, et arrivent un jour à jouer à Twickenham, l'un avec le maillot 12 et l'autre avec le 13. »

Associés à dix-sept reprises et plus forts à deux, ils firent entre 1960 et 1966 du jeu de trois-quarts une transmission de pensée. Un expert résumait leur complicité d'un aphorisme : « Le meilleur des deux Boni est celui qui n'a pas le ballon. » Comprendre que le porteur du ballon se mettait au service de son partenaire. Profondeur insondable de cette fraternité de sang et d'âme, André n'a jamais comblé le vide laissé par la disparition de Guy, parti trop tôt dans la nuit du 1er janvier 1968 (à 30 ans) sur une route des Landes.

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Lors du Tournoi 1966, contre l'Angleterre, Jean Gachassin sert André Boniface d'une passe croisée. Un match remporté 13-0 par la France avec un essai de chacun des deux amis. (L'Équipe)

Ironie, ce héros de la passe devint champion de France en 1963 avec le Stade Montois en inscrivant un drop-goal et un but de pénalité - car il était aussi excellent buteur. Maigre tribut pour un sacre. Son chef-d'oeuvre, il le livra deux ans plus tard sous un autre maillot : celui du quinze de France. Écarté de la sélection nationale par des dirigeants de mauvaise foi, il retrouva Colombes face au pays de Galles en 1965 en remplacement de Christian Darrouy, blessé à l'entraînement. Son rappel au dernier moment obligea Jean Piqué à glisser à l'aile. Dans son sillage inspiré, les Tricolores menèrent 22-0 à l'entame de la seconde période... Du jamais vu !

Cette symphonie le propulsa de nouveau sur le devant de la scène, à 32 ans. Mais la médiocrité finit par l'emporter. Il fut réprimandé l'année suivante par les sélectionneurs pour une passe de Jean Gachassin, rabattue par le vent dans l'Arms Park de Cardiff et interceptée par l'ailier gallois Stuart Watkins alors qu'elle lui était destinée.

Le martyr de Cardiff

Au terme d'un Tournoi lumineux, la France s'inclina ce jour-là et, dans la nuit galloise, le sort d'André Boniface fut scellé alors qu'il n'avait pourtant pas touché ce ballon maudit par le vent. Jamais, en Ovalie, injustice ne fut plus flagrante. Se portant immédiatement au soutien des bannis, L'Équipe décida alors d'ouvrir une souscription et ses lecteurs se cotisèrent pour payer aux frères Boniface, évincés comme des malpropres, le voyage à Naples où le quinze de France, qu'ils venaient de quitter brutalement sans jamais pouvoir y revenir, affrontait l'Italie en sortie de Tournoi. Cet épisode, qui marquait aussi la fin d'une génération, éleva l'insoumis montois au rang de martyr de ce jeu.

Après avoir longtemps tenu un magasin d'articles de sports à Mont-de-Marsan, André Boniface migra vers Hossegor pour y savourer à partir de 1993 une retraite active et rester au contact du rugby, au stade Jean-Dauger à Bayonne, à celui de Mont-de-Marsan qui porte son nom et celui de son frère, ou devant son écran de télévision. Sa riche carrière rugbystique a été magnifiée par plusieurs documentaires et de nombreux ouvrages. Lui-même a écrit Nous étions si heureux..., publié en 2006 par les éditions La Table Ronde.

Entre 2015 et 2016, le musée de la Chalosse lui rendit un bel hommage en exposant photos, artefacts et maillots qui retraçaient son histoire et celle de son frère Guy sous une thématique - Pour la beauté du geste - qui lui allait si bien.

À son épouse Annie et à leurs enfants Corinne, François et Hélène, L'Équipe adresse ses condoléances les plus attristées.


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