Qu est ce que les classements inutiles de CAT font dans le sujet France Uruguay
Capo mon adjudant.
Posté 13 septembre 2023 - 01:19
Qu est ce que les classements inutiles de CAT font dans le sujet France Uruguay
Posté 13 septembre 2023 - 02:36
Une opinion qui ne plaît guère mais: je ne suis pas très fan des Capo Ortega etc. Des avants gaillards à l'ancienne, leaders et tout ... mais qui n'offrent pas bien plus sur le plan rugbystique. Je pense qu'ils étaient utiles voire nécessaires il y a 15-20 ans, mais j'ai du mal à totalement digérer leur entière utilité au sein d'une équipe, tout en comprenant leur présence en vestiaire, présence vétérane etc... mais les mecs, sur le terrain, il faut bien qu'ils jouent. Y sont-ils tellement un avantage ? Sazy pareil à La R, grand respect pour sa longévité, mais sportivement sur le terrain ? A mon avis c'est un des titulaires les plus moyens de cette grande équipe championne d'Europe.
Je pense vraiment que le jour ou tu joueras face à un mec comme ça tu comprendras l'intérêt de l'avoir dans une équipe
Posté 13 septembre 2023 - 06:01
Il descend un doux soleil d'avril, soit l'automne de ce côté du monde, sur le petit terrain champêtre des Old Christians, à quelque 30 kilomètres de Montevideo. On apporte le bois et le charbon pour préparer l'incontournable parilla (grillade) qui clôt tout match de rugby en Uruguay, y compris ceux de l'équipe nationale. Surtout ceux de l'équipe nationale. « On emportera en France notre viande et nos barbecues depuis l'Uruguay », nous avait assuré Santiago Slinger, le président de la Fédération.
Des enfants jouent sur les balançoires posées au bord de la touche, indifférents au match qui se déroule sous leurs yeux. Esteban Meneses, le sélectionneur argentin de l'Uruguay, en place depuis 2015, marque plus d'intérêt sur le bras de fer que se livrent les Old Christians et les Old Boys, les deux clubs frères ennemis du rugby uruguayen. Il n'est pas allé voir le « PSG », autre club de Première Division issue d'une école française car il apprécie « la vraie tension d'un derby ». Meneses sait néanmoins qu'il ne décéléra aucun joueur susceptible de disputer la Coupe du monde.
Cette confrontation constitue un duel historique du Championnat uruguayen, mais nul joueur n'est en mesure de disputer un match international. Chacun a appris le rugby dans les écoles privées, souvent britanniques, travaille ou étudie et s'entraîne une à deux fois par semaine. « Le réservoir de joueurs de haut niveau est faible, mais on progresse, explique Meneses. Pour la Coupe du monde au Japon on avait 20 joueurs de haut niveau, là on en a 30. Mais pour certains postes, je ne dispose pas de plusieurs options. »
« C'est un miracle et le propre des miracles, c'est difficilement explicable. Disons que le rugby fait partie de nos existences au plus profond de nous
Luis Lacalle Pou, président de l'Uruguay
Mais alors, comment l'Uruguay, pays de 3 millions d'habitants, est-il parvenu à disputer cinq Coupes du monde (1999, 2003, 2015, 2019 et 2023) ? « C'est un miracle et le propre des miracles, c'est difficilement explicable, sourit un ancien joueur des Old Boys, accoudé à la main courante. Disons que le rugby fait partie de nos existences au plus profond de nous... » Ce supporter anonyme, venu soutenir son équipe, n'est autre que Luis Lacalle Pou, le président de l'Uruguay depuis mars 2020. En jean et petit blouson, il est un spectateur parmi les autres. « Aujourd'hui, je suis off, alors c'est rugby, dit-il. Je suis venu voir mon ancien club. » Luis Lacalle Pou a joué dans ses jeunes années comme demi de mêlée dans l'équipe réserve des Old Boys. « Il est meilleur président qu'il était demi de mêlée », se marre à côté un de ses anciens coéquipiers.
Comme dans le rugby de naguère, ici on est d'un club pour toute la vie. Meneses adore cette ambiance, les parillas interminables, ces dimanches en famille au club-house. Mais ce romantisme sera de peu de chose pour affronter le quinze de France demain soir au stade Pierre-Mauroy. « Heureusement, depuis 2019, la Fédération sud-américaine a créé une compétition continentale (Super Rugby Americas) avec des franchises dans chacun des pays de rugby », explique le sélectionneur. C'est ainsi que l'équipe de Peñarol a vu le jour, soit le nom d'un club de foot de Montevideo qu'elle a emprunté. Lors des matches de l'équipe de rugby, c'est le groupe de supporters de Peñarol foot qui assure l'ambiance dans le stade loué... à la Fédération de foot.
« Ils sont courageux, volontaires, aiment apprendre et font tout pour compenser ce qui leur manque par rapport aux autres nations
Esteban Meneses, sélectionneur de l'Uruguay
Mais cette franchise permet à l'entraîneur de l'Uruguay de travailler au quotidien avec les trois quarts de son équipe nationale. « On n'a que huit joueurs qui évoluent en France, dit-il. Je suis allé en février les visiter dans leur club à Dax, Aix, Castres... Le reste évolue ici. » Comme Felipe Etcheverry, dont le grand-père a émigré du Pays basque. Comme presque tous les joueurs de rugby de l'équipe nationale, il a commencé par le foot, qui est ici davantage qu'un sport.
L'Uruguay a organisé la première Coupe du monde en 1930 et l'a gagnée (comme celle de 1950 au Brésil) et a remporté celle des moins de 20 ans en juin en Argentine. « J'ai joué au foot jusqu'à 18 ans, explique Etcheverry, et ensuite j'ai dû faire un choix... » Il a également poursuivi ses études comme tous les Teros, le nom d'un oiseau endémique qui désigne les joueurs de l'équipe nationale. Mais le rugby demeure totalement amateur. Les joueurs de Peñarol, les seuls pros du pays donc, touchent entre 500 et 2 000 euros par mois...
« Ils sont courageux, volontaires, aiment apprendre et font tout pour compenser ce qui leur manque par rapport aux autres nations, dit Meneses. Ils sont très respectueux des consignes, très appliqués. » Étonnant dans cette folie sud-américaine. Par exemple, durant la pandémie du Covid-19, l'Uruguay est l'un des rares pays au monde qui n'a pas été confiné. Luis Lacalle Pou, l'ancien numéro 9 des Old Boys, a simplement demandé à sa population d'être raisonnable, de limiter ses déplacements et les interactions. Et les gens l'ont écouté. Le miracle uruguayen, toujours.
« C'est inouï qu'un petit pays comme nous batte régulièrement les États-Unis, le Canada, s'étonne Santiago Slinger, le président de la Fédération, expert-comptable à la ville. Il y a quatre ans, nous avions battu les Fidji (30-27). » Un exploit retentissant. « On a préparé trois ans ce match, on voulait choquer le monde », sourit le sélectionneur. « Cette fois, reprend le président, notre objectif est de se qualifier directement pour la future Coupe du monde, donc terminer troisième de la poule, et donc battre l'Italie et la Namibie. Cela va être très difficile... »
Mais pour un pays où des hommes ont survécu à un crash d'avion, puis soixante-douze jours en tongs à 3 600 m d'altitude, rien n'est impossible. La réussite sportive uruguayenne est naturellement rapprochée de ce qu'il est convenu d'appeler « le miracle des Andes ». Cette histoire, qui a fait le tour du monde, a donné lieu à moult livres ou films, comme les Survivants (1983) et, désormais, le Cercle des neiges (2023), produit par Netflix et présenté à la Mostra de Venise le 9 septembre. Dans l'esprit des Teros et de leurs supporters, leur cinquième participation à une Coupe du monde est directement liée à cet événement désormais historique du Chili. Il y a ainsi un musée à Santiago. Il a uni à travers le temps les rugbymen uruguayens.
« Cela continue d'être la plus belle histoire de rugby, celle qui dit ce qu'est ce jeu, explique le troisième-ligne Manuel Diana. Pour nous, elle est fondatrice, elle raconte la solidarité, le courage, elle nous inspire. » L'équipe nationale ne serait jamais ce qu'elle est sans le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571.
Alors que l'équipe de Première Division des Old Christians se rendait au Chili pour jouer contre les Old Boys de Santiago, son avion s'est écrasé le 13 octobre 1972 dans la cordillère des Andes à quelque 3 600 m d'altitude avec 45 personnes à bord ; 29 sont mortes dans l'accident ou dans les jours qui ont suivi ; 16 ont survécu grâce à leur courage, leur inventivité, leur cohésion, et, enfin, grâce à la volonté folle du deuxième-ligne Nando Parrado et de l'ailier Roberto Canessa.
« Je vous le dis en toute humilité par rapport aux autres sports, nous expliquait Parrado, un des 16 rescapés, au bar d'un hôtel de Carrasco, dans la banlieue de Montevideo. Je pense profondément que ce nous avons réalisé, nous l'avons réussi parce que l'on était une équipe de rugby. » Alors que les recherches avaient été abandonnées et alors qu'ils avaient perdu tout espoir après deux mois de survie, tous les deux sont partis, avec des crampons de rugby aux pieds, gravir des sommets à plus de 4 000 m, ce qui fut ensuite admis comme des premières en alpinisme pour aller chercher des secours. Après dix jours de marche, de grimpe dans ces hautes montagnes, ils ont réussi.
« Vous savez, jouer au rugby c'était une manière de dire que la vie continuait
Antonio Vizintín, survivant du crash, ancien pilier des Old Christians, devenu président de la Fédération
Cinq joueurs des Old Christians ont survécu à l'accident. Autour du terrain, ce jour d'avril et de derby, il y en avait trois d'entre eux. « On habite tous à moins de 5 kilomètres les uns des autres, explique Antonio Vizintín dit « Tintin ». On est forcément devenus des frères. Mais vous savez, des frères, ça s'engueule. » Ils ont marqué le rugby uruguayen par leur exemple, mais aussi parce qu'ils ont exercé des fonctions importantes. Ainsi, Vizintín est devenu président de la Fédération. Il était parti avec Nando Parrado et Roberto Canessa chercher des secours, mais, en tant que pilier gauche, la gravité l'a rattrapé et il a dû faire demi-tour.
L'année suivante, il rejouera avec les Old Christians et sera dix fois champion d'Uruguay. « Vous savez, jouer au rugby, c'était une manière de dire que la vie continuait », explique-t-il, assis sur la frêle tribune de bois. Tous les joueurs de rugby qui vont affronter la France ont grandi avec ce récit et avec ces hommes. Ils ont un cousin, un père, un ami lié à cette histoire. « Tout le monde se connaît, explique le Teros Manuel Diana. Le rugby en Uruguay, c'est une petite famille. »« Moi, j'étais juniors quand l'accident a eu lieu, raconte Alejandro Nicolich, l'actuel président des Old Christians. Mon frère était dans l'avion. »
Lorsqu'un bulletin radio annonce le 22 décembre qu'il y aurait des survivants, les familles avaient fait leur deuil après avoir appris que les recherches avaient été abandonnées. « J'étais parti travailler dans une ferme pour me faire de l'argent lorsque j'ai entendu cette information sur mon transistor, poursuit Nicolich. J'ai pris tout de suite un car pour Santiago. Il y avait cinq heures de route. Lorsque j'ai ouvert la porte de la maison, j'ai compris. » Son frère était mort dans l'avalanche qui avait tué huit d'entre eux treize jours après le crash. « L'année suivante, j'ai intégré l'équipe première des Old Christians et j'ai joué avec les survivants qui étaient avec mon frère. » « J'ai perdu 40 kg durant ces deux mois, confie l'ailier Roberto Canessa. Mais, quelque temps après, j'ai repris l'entraînement puis les matches avec les Old Christians et je suis devenu international. »
Le Vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 a structuré le rugby uruguayen. Bien sûr, les Français sont mille fois plus forts rugbystiquement. Mais dans l'engagement et le don de soi, les Teros ne failliront pas. « Vous savez, un ballon de rugby, pour nous, c'est beaucoup plus qu'un ballon et le rugby plus qu'un jeu, nous disait Canessa alors que les Old Boys revenaient au score lors du derby. Là-haut, dans le froid de la Cordillère, on a pris notre ballon d'entraînement retrouvé dans les décombres, on l'a coupé en deux et on a pissé dedans. Cela nous permettait de nous réchauffer. »
Les Old Boys l'ont finalement emporté. Luis Lacalle Pou, ravi, a rejoint discrètement le palais présidentiel ; Canessa, aujourd'hui l'un des plus grands cardiologues pédiatriques d'Amérique du Sud, et Meneses, sont rentrés juste après le match. Les joueurs des deux équipes ont ouvert quelques bières tandis que la fumée de la parilla envahissait doucement l'air du soir.
Posté 13 septembre 2023 - 07:43
Issue d'un petit pays où le rugby est un sport mineur, l'équipe nationale d'Uruguay va participer à sa cinquième Coupe du monde. Elle est portée par une histoire majuscule, avec notamment le crash d'un avion qui transportait une équipe de rugby en mars 1972.
Il descend un doux soleil d'avril, soit l'automne de ce côté du monde, sur le petit terrain champêtre des Old Christians, à quelque 30 kilomètres de Montevideo. On apporte le bois et le charbon pour préparer l'incontournable parilla (grillade) qui clôt tout match de rugby en Uruguay, y compris ceux de l'équipe nationale. Surtout ceux de l'équipe nationale. « On emportera en France notre viande et nos barbecues depuis l'Uruguay », nous avait assuré Santiago Slinger, le président de la Fédération.
lire aussi[/size]Guide de la Coupe du monde de rugby : la fiche de l'Uruguay
Des enfants jouent sur les balançoires posées au bord de la touche, indifférents au match qui se déroule sous leurs yeux. Esteban Meneses, le sélectionneur argentin de l'Uruguay, en place depuis 2015, marque plus d'intérêt sur le bras de fer que se livrent les Old Christians et les Old Boys, les deux clubs frères ennemis du rugby uruguayen. Il n'est pas allé voir le « PSG », autre club de Première Division issue d'une école française car il apprécie « la vraie tension d'un derby ». Meneses sait néanmoins qu'il ne décéléra aucun joueur susceptible de disputer la Coupe du monde.![]()
Esteban Meneses, le sélectionneur argentin de l'équipe nationale d'Uruguay. (COLO IGNACIO/L'Équipe)
Cette confrontation constitue un duel historique du Championnat uruguayen, mais nul joueur n'est en mesure de disputer un match international. Chacun a appris le rugby dans les écoles privées, souvent britanniques, travaille ou étudie et s'entraîne une à deux fois par semaine. « Le réservoir de joueurs de haut niveau est faible, mais on progresse, explique Meneses. Pour la Coupe du monde au Japon on avait 20 joueurs de haut niveau, là on en a 30. Mais pour certains postes, je ne dispose pas de plusieurs options. »
lire aussi[/size]Toute l'actualité de la Coupe du monde de rugby
« C'est un miracle et le propre des miracles, c'est difficilement explicable. Disons que le rugby fait partie de nos existences au plus profond de nous
Luis Lacalle Pou, président de l'Uruguay
Mais alors, comment l'Uruguay, pays de 3 millions d'habitants, est-il parvenu à disputer cinq Coupes du monde (1999, 2003, 2015, 2019 et 2023) ? « C'est un miracle et le propre des miracles, c'est difficilement explicable, sourit un ancien joueur des Old Boys, accoudé à la main courante. Disons que le rugby fait partie de nos existences au plus profond de nous... » Ce supporter anonyme, venu soutenir son équipe, n'est autre que Luis Lacalle Pou, le président de l'Uruguay depuis mars 2020. En jean et petit blouson, il est un spectateur parmi les autres. « Aujourd'hui, je suis off, alors c'est rugby, dit-il. Je suis venu voir mon ancien club. » Luis Lacalle Pou a joué dans ses jeunes années comme demi de mêlée dans l'équipe réserve des Old Boys. « Il est meilleur président qu'il était demi de mêlée », se marre à côté un de ses anciens coéquipiers.![]()
Le long de la rambarde, le président uruguayen Luis Lacalle Pou, ancien joueur des Old Boys, assiste au derby. (COLO IGNACIO/L'Équipe)
Comme dans le rugby de naguère, ici on est d'un club pour toute la vie. Meneses adore cette ambiance, les parillas interminables, ces dimanches en famille au club-house. Mais ce romantisme sera de peu de chose pour affronter le quinze de France demain soir au stade Pierre-Mauroy. « Heureusement, depuis 2019, la Fédération sud-américaine a créé une compétition continentale (Super Rugby Americas) avec des franchises dans chacun des pays de rugby », explique le sélectionneur. C'est ainsi que l'équipe de Peñarol a vu le jour, soit le nom d'un club de foot de Montevideo qu'elle a emprunté. Lors des matches de l'équipe de rugby, c'est le groupe de supporters de Peñarol foot qui assure l'ambiance dans le stade loué... à la Fédération de foot.
« Ils sont courageux, volontaires, aiment apprendre et font tout pour compenser ce qui leur manque par rapport aux autres nations
Esteban Meneses, sélectionneur de l'Uruguay
Mais cette franchise permet à l'entraîneur de l'Uruguay de travailler au quotidien avec les trois quarts de son équipe nationale. « On n'a que huit joueurs qui évoluent en France, dit-il. Je suis allé en février les visiter dans leur club à Dax, Aix, Castres... Le reste évolue ici. » Comme Felipe Etcheverry, dont le grand-père a émigré du Pays basque. Comme presque tous les joueurs de rugby de l'équipe nationale, il a commencé par le foot, qui est ici davantage qu'un sport.![]()
Les tribunes garnies du stade des Old Christians, situé dans le quartier Solymar de la Ciudad de la Costa, à 30 km de Montevideo. (COLO IGNACIO/L'Équipe)
L'Uruguay a organisé la première Coupe du monde en 1930 et l'a gagnée (comme celle de 1950 au Brésil) et a remporté celle des moins de 20 ans en juin en Argentine. « J'ai joué au foot jusqu'à 18 ans, explique Etcheverry, et ensuite j'ai dû faire un choix... » Il a également poursuivi ses études comme tous les Teros, le nom d'un oiseau endémique qui désigne les joueurs de l'équipe nationale. Mais le rugby demeure totalement amateur. Les joueurs de Peñarol, les seuls pros du pays donc, touchent entre 500 et 2 000 euros par mois...
lire aussi[/size]Les organisateurs de la Coupe du monde abandonnent les hymnes chantés en canon
« Ils sont courageux, volontaires, aiment apprendre et font tout pour compenser ce qui leur manque par rapport aux autres nations, dit Meneses. Ils sont très respectueux des consignes, très appliqués. » Étonnant dans cette folie sud-américaine. Par exemple, durant la pandémie du Covid-19, l'Uruguay est l'un des rares pays au monde qui n'a pas été confiné. Luis Lacalle Pou, l'ancien numéro 9 des Old Boys, a simplement demandé à sa population d'être raisonnable, de limiter ses déplacements et les interactions. Et les gens l'ont écouté. Le miracle uruguayen, toujours.
Le souvenir si présent de 1972
« C'est inouï qu'un petit pays comme nous batte régulièrement les États-Unis, le Canada, s'étonne Santiago Slinger, le président de la Fédération, expert-comptable à la ville. Il y a quatre ans, nous avions battu les Fidji (30-27). » Un exploit retentissant. « On a préparé trois ans ce match, on voulait choquer le monde », sourit le sélectionneur. « Cette fois, reprend le président, notre objectif est de se qualifier directement pour la future Coupe du monde, donc terminer troisième de la poule, et donc battre l'Italie et la Namibie. Cela va être très difficile... »
Mais pour un pays où des hommes ont survécu à un crash d'avion, puis soixante-douze jours en tongs à 3 600 m d'altitude, rien n'est impossible. La réussite sportive uruguayenne est naturellement rapprochée de ce qu'il est convenu d'appeler « le miracle des Andes ». Cette histoire, qui a fait le tour du monde, a donné lieu à moult livres ou films, comme les Survivants (1983) et, désormais, le Cercle des neiges (2023), produit par Netflix et présenté à la Mostra de Venise le 9 septembre. Dans l'esprit des Teros et de leurs supporters, leur cinquième participation à une Coupe du monde est directement liée à cet événement désormais historique du Chili. Il y a ainsi un musée à Santiago. Il a uni à travers le temps les rugbymen uruguayens.![]()
Des restes de l'avion qui s'est crashé en 1972, exposés au Musée des Andes 1972. (COLO IGNACIO/L'Équipe)![]()
Des restes de l'avion qui s'est crashé en 1972, exposés au Musée des Andes 1972. (COLO IGNACIO/L'Équipe)
« Cela continue d'être la plus belle histoire de rugby, celle qui dit ce qu'est ce jeu, explique le troisième-ligne Manuel Diana. Pour nous, elle est fondatrice, elle raconte la solidarité, le courage, elle nous inspire. » L'équipe nationale ne serait jamais ce qu'elle est sans le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571.
Alors que l'équipe de Première Division des Old Christians se rendait au Chili pour jouer contre les Old Boys de Santiago, son avion s'est écrasé le 13 octobre 1972 dans la cordillère des Andes à quelque 3 600 m d'altitude avec 45 personnes à bord ; 29 sont mortes dans l'accident ou dans les jours qui ont suivi ; 16 ont survécu grâce à leur courage, leur inventivité, leur cohésion, et, enfin, grâce à la volonté folle du deuxième-ligne Nando Parrado et de l'ailier Roberto Canessa.![]()
Un cliché de l'équipe des Old Christians, au Musée des Andes à Montevideo. (COLO IGNACIO/L'Équipe)
« Je vous le dis en toute humilité par rapport aux autres sports, nous expliquait Parrado, un des 16 rescapés, au bar d'un hôtel de Carrasco, dans la banlieue de Montevideo. Je pense profondément que ce nous avons réalisé, nous l'avons réussi parce que l'on était une équipe de rugby. » Alors que les recherches avaient été abandonnées et alors qu'ils avaient perdu tout espoir après deux mois de survie, tous les deux sont partis, avec des crampons de rugby aux pieds, gravir des sommets à plus de 4 000 m, ce qui fut ensuite admis comme des premières en alpinisme pour aller chercher des secours. Après dix jours de marche, de grimpe dans ces hautes montagnes, ils ont réussi.
« Vous savez, jouer au rugby c'était une manière de dire que la vie continuait
Antonio Vizintín, survivant du crash, ancien pilier des Old Christians, devenu président de la Fédération
Cinq joueurs des Old Christians ont survécu à l'accident. Autour du terrain, ce jour d'avril et de derby, il y en avait trois d'entre eux. « On habite tous à moins de 5 kilomètres les uns des autres, explique Antonio Vizintín dit « Tintin ». On est forcément devenus des frères. Mais vous savez, des frères, ça s'engueule. » Ils ont marqué le rugby uruguayen par leur exemple, mais aussi parce qu'ils ont exercé des fonctions importantes. Ainsi, Vizintín est devenu président de la Fédération. Il était parti avec Nando Parrado et Roberto Canessa chercher des secours, mais, en tant que pilier gauche, la gravité l'a rattrapé et il a dû faire demi-tour.![]()
Nando Parrado, un des 16 survivants de la tragédie des Andes. (COLO IGNACIO/L'Équipe)
L'année suivante, il rejouera avec les Old Christians et sera dix fois champion d'Uruguay. « Vous savez, jouer au rugby, c'était une manière de dire que la vie continuait », explique-t-il, assis sur la frêle tribune de bois. Tous les joueurs de rugby qui vont affronter la France ont grandi avec ce récit et avec ces hommes. Ils ont un cousin, un père, un ami lié à cette histoire. « Tout le monde se connaît, explique le Teros Manuel Diana. Le rugby en Uruguay, c'est une petite famille. »« Moi, j'étais juniors quand l'accident a eu lieu, raconte Alejandro Nicolich, l'actuel président des Old Christians. Mon frère était dans l'avion. »
Lorsqu'un bulletin radio annonce le 22 décembre qu'il y aurait des survivants, les familles avaient fait leur deuil après avoir appris que les recherches avaient été abandonnées. « J'étais parti travailler dans une ferme pour me faire de l'argent lorsque j'ai entendu cette information sur mon transistor, poursuit Nicolich. J'ai pris tout de suite un car pour Santiago. Il y avait cinq heures de route. Lorsque j'ai ouvert la porte de la maison, j'ai compris. » Son frère était mort dans l'avalanche qui avait tué huit d'entre eux treize jours après le crash. « L'année suivante, j'ai intégré l'équipe première des Old Christians et j'ai joué avec les survivants qui étaient avec mon frère. » « J'ai perdu 40 kg durant ces deux mois, confie l'ailier Roberto Canessa. Mais, quelque temps après, j'ai repris l'entraînement puis les matches avec les Old Christians et je suis devenu international. »
Le Vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 a structuré le rugby uruguayen. Bien sûr, les Français sont mille fois plus forts rugbystiquement. Mais dans l'engagement et le don de soi, les Teros ne failliront pas. « Vous savez, un ballon de rugby, pour nous, c'est beaucoup plus qu'un ballon et le rugby plus qu'un jeu, nous disait Canessa alors que les Old Boys revenaient au score lors du derby. Là-haut, dans le froid de la Cordillère, on a pris notre ballon d'entraînement retrouvé dans les décombres, on l'a coupé en deux et on a pissé dedans. Cela nous permettait de nous réchauffer. »
Les Old Boys l'ont finalement emporté. Luis Lacalle Pou, ravi, a rejoint discrètement le palais présidentiel ; Canessa, aujourd'hui l'un des plus grands cardiologues pédiatriques d'Amérique du Sud, et Meneses, sont rentrés juste après le match. Les joueurs des deux équipes ont ouvert quelques bières tandis que la fumée de la parilla envahissait doucement l'air du soir.
Posté 13 septembre 2023 - 07:50
Ouais enfin vous dites ce que vous voulez mais MOI, j'ai un ami uruguayen que je vais pouvoir chambrer !
Ou qui va pouvoir me chambrer oooooooooh
Posté 13 septembre 2023 - 09:30
Ouais enfin vous dites ce que vous voulez mais MOI, j'ai un ami uruguayen que je vais pouvoir chambrer !
Ou qui va pouvoir me chambrer oooooooooh
Bien chambré, comme un vieux Pommard...
Posté 13 septembre 2023 - 10:06
Une opinion qui ne plaît guère mais: je ne suis pas très fan des Capo Ortega etc. Des avants gaillards à l'ancienne, leaders et tout ... mais qui n'offrent pas bien plus sur le plan rugbystique. Je pense qu'ils étaient utiles voire nécessaires il y a 15-20 ans, mais j'ai du mal à totalement digérer leur entière utilité au sein d'une équipe, tout en comprenant leur présence en vestiaire, présence vétérane etc... mais les mecs, sur le terrain, il faut bien qu'ils jouent. Y sont-ils tellement un avantage ? Sazy pareil à La R, grand respect pour sa longévité, mais sportivement sur le terrain ? A mon avis c'est un des titulaires les plus moyens de cette grande équipe championne d'Europe.
Certes pas des joueurs qu'on retrouve sur Youtube ... néanmoins indispensable à ce sport même en 2023 ... de par leur activité de l'ombre qui permet aux autres de briller (conquete, défense, déblayage, tirage de maillots et écrasements des doigts de pieds ) ... Y'a qu'à voir chez nous l'apport d'un SIMMONS dans le rôle d'un papa ... on voit tout de suite la différence
Posté 13 septembre 2023 - 10:08
Certes pas des joueurs qu'on retrouve sur Youtube ... néanmoins indispensable à ce sport même en 2023 ... de par leur activité de l'ombre qui permet aux autres de briller (conquete, défense, déblayage, tirage de maillots et écrasements des doigts de pieds
) ... Y'a qu'à voir chez nous l'apport d'un SIMMONS dans le rôle d'un papa ... on voit tout de suite la différence
Plus 1. On leur avait passé une méchante raclée il y a des années de ça (2006 ? 2007 ?) chez eux. Capo Ortega qui s'était battu comme un lion pleurait à chaudes larmes après le match, une attitude qui démontrait son attachement au club.
Posté 13 septembre 2023 - 10:11
« On emportera en France notre viande et nos barbecues depuis l'Uruguay », nous avait assuré Santiago Slinger, le président de la Fédération.
J espère que les douanes ne les ont pas laissé entrer leur barbaque, ça leur donnera l occasion de découvrir de la bonne viande française
Certes pas des joueurs qu'on retrouve sur Youtube ... néanmoins indispensable à ce sport même en 2023 ... de par leur activité de l'ombre qui permet aux autres de briller (conquete, défense, déblayage, tirage de maillots et écrasements des doigts de pieds
) ... Y'a qu'à voir chez nous l'apport d'un SIMMONS dans le rôle d'un papa ... on voit tout de suite la différence
Je mettrais pas Simmons et Ortega dans la même catégorie, sauf sur l ancienneté et le coté papa.
Posté 13 septembre 2023 - 10:39
Je mettrais pas Simmons et Ortega dans la même catégorie, sauf sur l ancienneté et le coté papa.
Peut etre un coté plus aérien coté Simmons .. mais sur le reste ils font le même boulot.
Posté 13 septembre 2023 - 11:01
Je pense vraiment que le jour ou tu joueras face à un mec comme ça tu comprendras l'intérêt de l'avoir dans une équipe
sur un forum de discussion, ça ne vaut rien ça. Zéro. On n'est pas sur le terrain, on est sur le clavier. Donne moi du contenu, que je vois où je me serais trompé.
Certes pas des joueurs qu'on retrouve sur Youtube ... néanmoins indispensable à ce sport même en 2023 ... de par leur activité de l'ombre qui permet aux autres de briller (conquete, défense, déblayage, tirage de maillots et écrasements des doigts de pieds
) ... Y'a qu'à voir chez nous l'apport d'un SIMMONS dans le rôle d'un papa ... on voit tout de suite la différence
mouais. Et je ne sais pas si Simmons est tout-à-fait comparable. Je pense que ces joueurs vétérans de type gros avants moins dynamiques apportent surtout une présence fondatrice et une confiance pour le groupe. Mais tu dis "défense conquête déblayage..." ce sont tous des domaines dont un 2èL plus jeune, plus athlétique et mobile, apporterait un meilleur rendement.
Posté 13 septembre 2023 - 12:42
sur un forum de discussion, ça ne vaut rien ça. Zéro. On n'est pas sur le terrain, on est sur le clavier. Donne moi du contenu, que je vois où je me serais trompé.
Ce serait admettre que sur le clavier on peut dire n'importe quoi, il me semble pourtant parfaitement légitime que la participation au forum inclut et devrait même privilégier l'expression du vécu.
Aussi je réitère ma remarque "si tu as joué face à un mec comme ça tu as dû comprendre à quel point c'est important dans une équipe" , c'est probablement parce-que tu n'en a jamais eu l'occasion que tu ne vois pas en quoi tu t'es trompé
Posté 13 septembre 2023 - 12:47
Issue d'un petit pays où le rugby est un sport mineur, l'équipe nationale d'Uruguay va participer à sa cinquième Coupe du monde. Elle est portée par une histoire majuscule, avec notamment le crash d'un avion qui transportait une équipe de rugby en mars 1972.
Il descend un doux soleil d'avril, soit l'automne de ce côté du monde, sur le petit terrain champêtre des Old Christians, à quelque 30 kilomètres de Montevideo. On apporte le bois et le charbon pour préparer l'incontournable parilla (grillade) qui clôt tout match de rugby en Uruguay, y compris ceux de l'équipe nationale. Surtout ceux de l'équipe nationale. « On emportera en France notre viande et nos barbecues depuis l'Uruguay », nous avait assuré Santiago Slinger, le président de la Fédération.
Des enfants jouent sur les balançoires posées au bord de la touche, indifférents au match qui se déroule sous leurs yeux. Esteban Meneses, le sélectionneur argentin de l'Uruguay, en place depuis 2015, marque plus d'intérêt sur le bras de fer que se livrent les Old Christians et les Old Boys, les deux clubs frères ennemis du rugby uruguayen. Il n'est pas allé voir le « PSG », autre club de Première Division issue d'une école française car il apprécie « la vraie tension d'un derby ». Meneses sait néanmoins qu'il ne décéléra aucun joueur susceptible de disputer la Coupe du monde.
Esteban Meneses, le sélectionneur argentin de l'équipe nationale d'Uruguay. (COLO IGNACIO/L'Équipe)Cette confrontation constitue un duel historique du Championnat uruguayen, mais nul joueur n'est en mesure de disputer un match international. Chacun a appris le rugby dans les écoles privées, souvent britanniques, travaille ou étudie et s'entraîne une à deux fois par semaine. « Le réservoir de joueurs de haut niveau est faible, mais on progresse, explique Meneses. Pour la Coupe du monde au Japon on avait 20 joueurs de haut niveau, là on en a 30. Mais pour certains postes, je ne dispose pas de plusieurs options. »
« C'est un miracle et le propre des miracles, c'est difficilement explicable. Disons que le rugby fait partie de nos existences au plus profond de nous
Luis Lacalle Pou, président de l'Uruguay
Mais alors, comment l'Uruguay, pays de 3 millions d'habitants, est-il parvenu à disputer cinq Coupes du monde (1999, 2003, 2015, 2019 et 2023) ? « C'est un miracle et le propre des miracles, c'est difficilement explicable, sourit un ancien joueur des Old Boys, accoudé à la main courante. Disons que le rugby fait partie de nos existences au plus profond de nous... » Ce supporter anonyme, venu soutenir son équipe, n'est autre que Luis Lacalle Pou, le président de l'Uruguay depuis mars 2020. En jean et petit blouson, il est un spectateur parmi les autres. « Aujourd'hui, je suis off, alors c'est rugby, dit-il. Je suis venu voir mon ancien club. » Luis Lacalle Pou a joué dans ses jeunes années comme demi de mêlée dans l'équipe réserve des Old Boys. « Il est meilleur président qu'il était demi de mêlée », se marre à côté un de ses anciens coéquipiers.
Le long de la rambarde, le président uruguayen Luis Lacalle Pou, ancien joueur des Old Boys, assiste au derby. (COLO IGNACIO/L'Équipe)Comme dans le rugby de naguère, ici on est d'un club pour toute la vie. Meneses adore cette ambiance, les parillas interminables, ces dimanches en famille au club-house. Mais ce romantisme sera de peu de chose pour affronter le quinze de France demain soir au stade Pierre-Mauroy. « Heureusement, depuis 2019, la Fédération sud-américaine a créé une compétition continentale (Super Rugby Americas) avec des franchises dans chacun des pays de rugby », explique le sélectionneur. C'est ainsi que l'équipe de Peñarol a vu le jour, soit le nom d'un club de foot de Montevideo qu'elle a emprunté. Lors des matches de l'équipe de rugby, c'est le groupe de supporters de Peñarol foot qui assure l'ambiance dans le stade loué... à la Fédération de foot.
« Ils sont courageux, volontaires, aiment apprendre et font tout pour compenser ce qui leur manque par rapport aux autres nations
Esteban Meneses, sélectionneur de l'Uruguay
Mais cette franchise permet à l'entraîneur de l'Uruguay de travailler au quotidien avec les trois quarts de son équipe nationale. « On n'a que huit joueurs qui évoluent en France, dit-il. Je suis allé en février les visiter dans leur club à Dax, Aix, Castres... Le reste évolue ici. » Comme Felipe Etcheverry, dont le grand-père a émigré du Pays basque. Comme presque tous les joueurs de rugby de l'équipe nationale, il a commencé par le foot, qui est ici davantage qu'un sport.
Les tribunes garnies du stade des Old Christians, situé dans le quartier Solymar de la Ciudad de la Costa, à 30 km de Montevideo. (COLO IGNACIO/L'Équipe)L'Uruguay a organisé la première Coupe du monde en 1930 et l'a gagnée (comme celle de 1950 au Brésil) et a remporté celle des moins de 20 ans en juin en Argentine. « J'ai joué au foot jusqu'à 18 ans, explique Etcheverry, et ensuite j'ai dû faire un choix... » Il a également poursuivi ses études comme tous les Teros, le nom d'un oiseau endémique qui désigne les joueurs de l'équipe nationale. Mais le rugby demeure totalement amateur. Les joueurs de Peñarol, les seuls pros du pays donc, touchent entre 500 et 2 000 euros par mois...
« Ils sont courageux, volontaires, aiment apprendre et font tout pour compenser ce qui leur manque par rapport aux autres nations, dit Meneses. Ils sont très respectueux des consignes, très appliqués. » Étonnant dans cette folie sud-américaine. Par exemple, durant la pandémie du Covid-19, l'Uruguay est l'un des rares pays au monde qui n'a pas été confiné. Luis Lacalle Pou, l'ancien numéro 9 des Old Boys, a simplement demandé à sa population d'être raisonnable, de limiter ses déplacements et les interactions. Et les gens l'ont écouté. Le miracle uruguayen, toujours.
Le souvenir si présent de 1972« C'est inouï qu'un petit pays comme nous batte régulièrement les États-Unis, le Canada, s'étonne Santiago Slinger, le président de la Fédération, expert-comptable à la ville. Il y a quatre ans, nous avions battu les Fidji (30-27). » Un exploit retentissant. « On a préparé trois ans ce match, on voulait choquer le monde », sourit le sélectionneur. « Cette fois, reprend le président, notre objectif est de se qualifier directement pour la future Coupe du monde, donc terminer troisième de la poule, et donc battre l'Italie et la Namibie. Cela va être très difficile... »
Mais pour un pays où des hommes ont survécu à un crash d'avion, puis soixante-douze jours en tongs à 3 600 m d'altitude, rien n'est impossible. La réussite sportive uruguayenne est naturellement rapprochée de ce qu'il est convenu d'appeler « le miracle des Andes ». Cette histoire, qui a fait le tour du monde, a donné lieu à moult livres ou films, comme les Survivants (1983) et, désormais, le Cercle des neiges (2023), produit par Netflix et présenté à la Mostra de Venise le 9 septembre. Dans l'esprit des Teros et de leurs supporters, leur cinquième participation à une Coupe du monde est directement liée à cet événement désormais historique du Chili. Il y a ainsi un musée à Santiago. Il a uni à travers le temps les rugbymen uruguayens.
Des restes de l'avion qui s'est crashé en 1972, exposés au Musée des Andes 1972. (COLO IGNACIO/L'Équipe)Des restes de l'avion qui s'est crashé en 1972, exposés au Musée des Andes 1972. (COLO IGNACIO/L'Équipe)« Cela continue d'être la plus belle histoire de rugby, celle qui dit ce qu'est ce jeu, explique le troisième-ligne Manuel Diana. Pour nous, elle est fondatrice, elle raconte la solidarité, le courage, elle nous inspire. » L'équipe nationale ne serait jamais ce qu'elle est sans le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571.
Alors que l'équipe de Première Division des Old Christians se rendait au Chili pour jouer contre les Old Boys de Santiago, son avion s'est écrasé le 13 octobre 1972 dans la cordillère des Andes à quelque 3 600 m d'altitude avec 45 personnes à bord ; 29 sont mortes dans l'accident ou dans les jours qui ont suivi ; 16 ont survécu grâce à leur courage, leur inventivité, leur cohésion, et, enfin, grâce à la volonté folle du deuxième-ligne Nando Parrado et de l'ailier Roberto Canessa.
Un cliché de l'équipe des Old Christians, au Musée des Andes à Montevideo. (COLO IGNACIO/L'Équipe)« Je vous le dis en toute humilité par rapport aux autres sports, nous expliquait Parrado, un des 16 rescapés, au bar d'un hôtel de Carrasco, dans la banlieue de Montevideo. Je pense profondément que ce nous avons réalisé, nous l'avons réussi parce que l'on était une équipe de rugby. » Alors que les recherches avaient été abandonnées et alors qu'ils avaient perdu tout espoir après deux mois de survie, tous les deux sont partis, avec des crampons de rugby aux pieds, gravir des sommets à plus de 4 000 m, ce qui fut ensuite admis comme des premières en alpinisme pour aller chercher des secours. Après dix jours de marche, de grimpe dans ces hautes montagnes, ils ont réussi.
« Vous savez, jouer au rugby c'était une manière de dire que la vie continuait
Antonio Vizintín, survivant du crash, ancien pilier des Old Christians, devenu président de la Fédération
Cinq joueurs des Old Christians ont survécu à l'accident. Autour du terrain, ce jour d'avril et de derby, il y en avait trois d'entre eux. « On habite tous à moins de 5 kilomètres les uns des autres, explique Antonio Vizintín dit « Tintin ». On est forcément devenus des frères. Mais vous savez, des frères, ça s'engueule. » Ils ont marqué le rugby uruguayen par leur exemple, mais aussi parce qu'ils ont exercé des fonctions importantes. Ainsi, Vizintín est devenu président de la Fédération. Il était parti avec Nando Parrado et Roberto Canessa chercher des secours, mais, en tant que pilier gauche, la gravité l'a rattrapé et il a dû faire demi-tour.
Nando Parrado, un des 16 survivants de la tragédie des Andes. (COLO IGNACIO/L'Équipe)L'année suivante, il rejouera avec les Old Christians et sera dix fois champion d'Uruguay. « Vous savez, jouer au rugby, c'était une manière de dire que la vie continuait », explique-t-il, assis sur la frêle tribune de bois. Tous les joueurs de rugby qui vont affronter la France ont grandi avec ce récit et avec ces hommes. Ils ont un cousin, un père, un ami lié à cette histoire. « Tout le monde se connaît, explique le Teros Manuel Diana. Le rugby en Uruguay, c'est une petite famille. »« Moi, j'étais juniors quand l'accident a eu lieu, raconte Alejandro Nicolich, l'actuel président des Old Christians. Mon frère était dans l'avion. »
Lorsqu'un bulletin radio annonce le 22 décembre qu'il y aurait des survivants, les familles avaient fait leur deuil après avoir appris que les recherches avaient été abandonnées. « J'étais parti travailler dans une ferme pour me faire de l'argent lorsque j'ai entendu cette information sur mon transistor, poursuit Nicolich. J'ai pris tout de suite un car pour Santiago. Il y avait cinq heures de route. Lorsque j'ai ouvert la porte de la maison, j'ai compris. » Son frère était mort dans l'avalanche qui avait tué huit d'entre eux treize jours après le crash. « L'année suivante, j'ai intégré l'équipe première des Old Christians et j'ai joué avec les survivants qui étaient avec mon frère. » « J'ai perdu 40 kg durant ces deux mois, confie l'ailier Roberto Canessa. Mais, quelque temps après, j'ai repris l'entraînement puis les matches avec les Old Christians et je suis devenu international. »
Le Vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 a structuré le rugby uruguayen. Bien sûr, les Français sont mille fois plus forts rugbystiquement. Mais dans l'engagement et le don de soi, les Teros ne failliront pas. « Vous savez, un ballon de rugby, pour nous, c'est beaucoup plus qu'un ballon et le rugby plus qu'un jeu, nous disait Canessa alors que les Old Boys revenaient au score lors du derby. Là-haut, dans le froid de la Cordillère, on a pris notre ballon d'entraînement retrouvé dans les décombres, on l'a coupé en deux et on a pissé dedans. Cela nous permettait de nous réchauffer. »
Les Old Boys l'ont finalement emporté. Luis Lacalle Pou, ravi, a rejoint discrètement le palais présidentiel ; Canessa, aujourd'hui l'un des plus grands cardiologues pédiatriques d'Amérique du Sud, et Meneses, sont rentrés juste après le match. Les joueurs des deux équipes ont ouvert quelques bières tandis que la fumée de la parilla envahissait doucement l'air du soir.
el landeno Merçi pour le partage
Posté 13 septembre 2023 - 13:00
Ils vont recruter des supporters de l'USAP, qui les acclameront pour le seul plaisir de crier UUuuuuuuuu - ruguay.
Note des modos : non.
Posté 13 septembre 2023 - 14:09
Ils vont recruter des supporters de l'USAP, qui les acclameront pour le seul plaisir de crier UUuuuuuuuu - ruguay.
Note des modos : non.
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