Bernie et Urios
Bernie le Dingue sortit de son coupé Maserati garé avec maestria devant les bureaux verre et acier du Montpellier Héraut Rugby. Il épousseta machinalement son costume Smalto sur mesures à rayures bleu et blanches sur fond anthracite, ajusta son chapeau noir à bord cassé et chaussa ses lunettes noires qui lui donnaient « l’air d’un monsieur qu’on respecte » selon ses propres dires, même s’il n’y voyait pas à deux pas sans ses lunettes de vue.
Comme à chaque convocation par Mohed « le prèz’ » Altrad, Bernie ne savait pas sur quel pied danser. Il laissa échapper un juron quand il se fracassa nez en avant sur la porte de verre qu’il avait cru ouverte, remisa ses lunettes de soleil dans leur étui et entreprit de chausser ses lunettes de vue.
« Bernie, mon féal, mon homme de confiance, ma couille, viens que je t’accole ! » déclara Mohed Altrad qui l’attendait bras ouverts. Bernie n’ayant pas fini de chausser ses lunettes il buta sur le fauteuil devant le bureau et tomba à genoux devant son président. Ce dernier le ramassa sans ambages, l’assit dans le fauteuil et démarra l’entretien.
- Bernie, il faut qu’on cause !
- Je ne triche pas sur les notes de teinturerie, glapit Bernie qui se méprenait sur le motif de sa convocation, c’est mon revolver !
- Ton revolver triche sur les frais de teinturier ? s’inquiéta Mohed.
- Non mais le Manurhin ça fuit toujours un peu, rapport à la graisse d’armurerie, j’ai pensé qu’en achetant un Glock on économiserait…
- Je ne t’ai pas fait venir pour ça, coupa Mohed.
- Je ne triche pas non plus sur les frais d’essence, mais le sans plomb a monté au Leclerc et la Maserati, sa suce comme Fraulein Lulu à l’Eros Center de Düsseldorf et…
- Mais laisse moi finir, il n’est pas question de triche ! Enfin pas de celle-là. On reçoit l’ASM.
- Merde, lâcha Bernie ! J’avais oublié ! Ils ont des gonades en acier trempé !
- Des couilles comme des pastèques ! renchérit Mohed !
- Des roustons gonflés à l’IA, tenta Bernie qui voulait faire moderne.
- Des roubignolles qu’on pourrait jouer à la pétanque avec ! essaya Mohed qui voulait sonner provençal.
Les deux hommes gardèrent un moment le silence, le front plissé telles les testicules de leurs adversaires du samedi, le temps que Parigot trouve quelque chose de plaisant à raconter. La suite sous peu, ma pause n’est pas extensible.