
-
Écouter
-
Voir sur la carte
-
Partager
Malgré la déception d’une deuxième défaite en finale face à Toulouse (39-33), Laurent Marti, le président de l’UBB, se souviendra longtemps de cette saison marquée par un titre en Champions Cup
Il n’a pas bien dormi dans la nuit de samedi à dimanche. S’il avait vite repris le dessus après la claque de l’an dernier à Marseille, Laurent Marti, le président de l’Union Bordeaux-Bègles, a été un peu plus touché par cette nouvelle défaite en finale face au Stade Toulousain au bout des prolongations (39-33). Mais il le reconnaît lui même, cette saison, marquée par un premier titre en Champions Cup, « restera gravée à jamais » pour le club girondin.
Quel sentiment vous habite après cette finale ?
Il y en a deux qui prédominent. Le premier, il faut être réaliste, c’est que l’année qu’on a vécue, dans les cinq ou dix ans qui viennent, on ne va peut-être pas en vivre beaucoup des comme ça. Être champion d’Europe et faire une finale de Top 14, on sait très bien qu’à part Toulouse, qui gagne quasiment tout ces dernières années, ce sont de choses qui arrivent rarement. Alors il faut savoir reconnaître que c’est une saison assez extraordinaire pour l’UBB. Le deuxième sentiment, c’est la déception et la frustration. Bravo à Toulouse qui mérite sa victoire. Mais il n’aura échappé à personne qu’on ne dispose pas tous des mêmes moyens. L’UBB est sans cesse obligée d’essayer de surperformer pour arriver à ce niveau et essayer de s’y maintenir. Et ça, c’est assez épuisant.
L’UBB ne s’est jamais rapprochée aussi près d’un Brennus mais sur cette finale, elle a l’air loin sur certaines choses. C’est aussi votre ressenti ?
Ça revient à ce que je disais, on ne conduit pas tous la même voiture. Ce n’est pas un hasard si Toulouse a gagné quatre ou cinq des derniers titres, a fait deux doublés en quatre ans, a fini 1er du championnat en battant tous les records… Ils travaillent bien, mais ils ont aussi pris une avance structurellement qui est dure à rattraper et à compenser. Et ça finit forcément par se retrouver sur le terrain.
« On a pris un énorme coup de poing l’an dernier mais à titre personnel, je me sentais un peu moins sonné »
Le fait que ça se soit joué devant, là où l’UBB a été plutôt irrégulière cette saison, n’est pas anodin…
Les problèmes à ce niveau sont relatifs. Si on parle de notre touche, on a eu la plus efficace en Champions Cup. En Top 14, on a été longtemps en difficulté mais sur cette fin de saison, notre alignement a été très bon. En mêlée fermée, c’est vrai, Toulouse est dominateur. Mais ce n’est pas non plus un trou chez nous. C’est un axe de progression pour la saison prochaine.
Un an après le cauchemar de Marseille (59-3), vous attendiez-vous à un rebond aussi rapide ?
Non. Cette saison restera gravée dans l’histoire de l’UBB. Moi, je signe pour que ce soit comme ça tous les ans (rires). La saison dernière, on avait hyper mal fini mais on voyait bien que le travail qu’était en train de faire Yannick (Bru, le manager) et son staff était de grande qualité, qu’il y avait un groupe de grande qualité, une jeune génération assez exceptionnelle…. On se doutait bien qu’on allait vers de la progression. Paradoxalement, on a pris un énorme coup de poing mais à titre personnel, je me sentais un peu moins sonné, un peu moins vidé, que cette année. Parce que ce combat permanent pour surperformer, il est vraiment épuisant.
« En général, ceux qui sont venus chatouiller le Stade Toulousain n’ont jamais tenu trop longtemps. C’est un défi pour nous »
On parle beaucoup de « finale d’anthologie » depuis samedi. Quand on se trouve dans le camp du perdant, ça rend quand même fier ?
Je préfère perdre sur une finale d’anthologie que sur le score de 59-3, il n’y a pas photo. Ça n’a pas été une finale d’anthologie sur le jeu mais ça a été clairement une finale d’anthologie sur l’intensité physique et le combat. Je ne suis pas sûr qu’il y ait eu beaucoup de finales avec une telle intensité.
Même s’il est difficile de suivre le rythme du Stade Toulousain, l’UBB s’installe tout de même depuis deux saisons comme son principal rival…
Oui mais comme ils l’ont rappelé dans la semaine : un coup c’est nous, un coup c’est d’autres. En général, ceux qui sont venus chatouiller le Stade Toulousain n’ont jamais tenu trop longtemps. C’est un défi pour nous que de rester tout en haut. La marge de manœuvre que nous avons sur les autres concurrents, elle n’existe pas. On est cinq ou six clubs à se tenir dans un mouchoir de poche. D’une année sur l’autre, les choses peuvent changer malheureusement.
Cette saison a malgré tout consolidé les finances de l’UBB ?
Il y a une finale de Top 14 et un titre de Champions Cup, les Lionnes du Stade Bordelais ont été championnes de France, les espoirs de l’UBB ont été champions de France, ce n’est pas neutre… On avait qualifié toutes nos équipes de jeunes (CABBG) pour les phases finales. On a fait des guichets fermés à Chaban-Delmas qui ne seront jamais battus à mon avis. Tout ça, ça solidifie le club sur ses bases. Il se structure, il devient très sain financièrement. Et ça, c’est un grand pas en avant qui a été fait cette année.