Mi-octobre, la Coupe du monde d'Antoine Dupont à peine terminée (défaite en quarts de finale face à l'Afrique du Sud 28-29), le demi de mêlée de l'équipe de France était encore et toujours au coeur de l'actualité. L'officialisation de sa mise à disposition pour France 7 en vue des Jeux Olympiques 2024 à Paris était attendue. Il a fallu patienter un mois.
La FFR a finalement communiqué le 15 novembre, jour de ses 27 ans, l'intégration du capitaine des Bleus en accord avec son club du Stade Toulousain. « Nous avons créé des conditions exceptionnelles pour un joueur exceptionnel », a d'ailleurs précisé récemment Didier Lacroix, le président toulousain.
Le demi de mêlée, lui, venait de reprendre la compétition avec son club face à Perpignan quatre jours plus tôt. Depuis, le cas Antoine Dupont a fait couler beaucoup d'encre. Notamment à la suite d'une saillie de l'ancien sélectionneur Marc Lièvremont sur Canal+: « Depuis la fin de la Coupe du monde, il est entré dans une forme de norme, à laquelle on n'était pas habitués. Il pèse peu sur le jeu, c'est un peu inquiétant. » Ugo Mola était monté au front pour défendre son joueur.
« Antoine décide de beaucoup de choses. Mais il y a des gens qui l'entourent et qui sont là aussi pour prendre certaines décisions. »
Ugo Mola, manager du Stade Toulousain
Lors de l'entretien qu'il nous a accordé, le manager du Stade Toulousain s'est montré profondément agacé par la gestion médiatique de son numéro 9 lors de la Coupe du monde. « Antoine a été jeté en pâture ! On a entendu en permanence : "C'est Antoine qui décide !" Il décide de se faire opérer, il décide de revenir au jeu, il décide de s'entraîner, il décide de jouer, il décide de parler de l'arbitrage, il décide de partir aux Jeux Olympiques, il décide... OK. Antoine décide de beaucoup de choses. Mais il y a des gens qui l'entourent et qui sont là aussi pour prendre certaines décisions. Comme il est l'icône dont tout le monde rêvait et qu'il est très fort, on lui fait prendre toutes les décisions. D'ailleurs, je pense qu'une des raisons de l'échec des Bleus à la Coupe du monde, c'est que l'autorité morale de Bernard Laporte (l'ex-président de la FFR), qu'on l'aime ou pas, a manqué à l'ensemble de l'écosystème du rugby français. Je vais prendre l'exemple du Stade Toulousain. Je ne dépasse pas mon rôle de manager. Il arrive parfois dans la saison que le président intervienne. Pour dire bravo et valoriser le groupe ou à l'inverse mettre le warning et dire : "Attention les gars, vous déconnez !" Antoine a dû gérer sa blessure (fracture de l'os zygomatique), son retour, la communication sur l'arbitrage de l'élimination en quarts de finale. Sur la fin de parcours, j'ai le sentiment qu'il a été seul. Il ne doit pas être l'unique étendard... »
Sa future participation aux Jeux Olympiques, et tout ce qui a été mis en place pour y parvenir, ne risque pas d'atténuer les choses. Alors que beaucoup imaginaient les Bleus soulever la Coupe du monde avec Antoine Dupont, ils sont tout autant à espérer voir, cette fois, « Toto » avec la médaille d'or autour du cou. Ugo Mola calme le jeu : « L'échec fait partie de notre sport. Le sportif de haut niveau doit savoir le digérer. On attend de voir. Mais je n'ai pas de doute. Il est sain et très bien soutenu d'un point de vue familial. Antoine n'est pas seul non plus. Il est bien entouré au Stade Toulousain. La question est de savoir comment un joueur va réussir à intégrer un dispositif mis en place depuis plusieurs années et un groupe de joueurs dans lequel il va essayer de se mouvoir. Tout a été planifié avec Christophe Reigt (manager de France 7) et Jérôme Daret (sélectionneur de France 7). »
Antoine Dupont va d'abord passer la journée du mercredi 3 janvier à Marcoussis avec France 7 pour s'imprégner de son nouvel environnement. Le demi de mêlée sera ensuite libéré fin janvier (après la 13e journée du Top 14) pour préparer les tournois de Vancouver au Canada (23-25 février) et de Los Angeles aux États-Unis (2-3 mars) avant de revenir en club. Soit quasiment la même indisponibilité que les internationaux réquisitionnés pendant le Tournoi.
Il devrait néanmoins participer à un stage supplémentaire (et selon sa convenance à un dernier tournoi) avant la fin de saison (31 mai au 2 juin, lors de la grande finale à Madrid ?). « La seule différence sera ses périodes de régénération liées à l'exposition et l'impact physique du rugby à 7, souligne Mola. On part un peu dans l'inconnu, même si nous avons déjà eu à gérer les écueils liés à Dimitri Delibes ou Nelson Epée (qui ont déjà été libérés pour France 7). »
Mais une autre grande interrogation se posera une fois les Jeux Olympiques terminés, début août. Et ce, peu importe le résultat. « S'il est rincé et qu'il a l'impression de ne pas avoir coupé depuis un moment, il faudra qu'on se pose la question de sa récupération, a laissé entendre son président Didier Lacroix. La substitution d'Antoine Dupont sur cette période-là est à prévoir. Comment ? On adapte des règlements ? C'est un cas très particulier. » Une pige à l'étranger, et plus particulièrement au Japon, est évoquée. Ce qui impliquerait une nouvelle absence en équipe de France lors du Tournoi 2025...