A mes yeux, le désir d’exil sud-africain s'explique par un modèle financier de l'hémisphère Sud en perdition depuis plusieurs années.
Le championnat est certes spectaculaire et de haut-vol mais n'attire pas les foules. Les stades sont presque vides et l'ambiance sans âme ferait passer une rencontre moyenne de Top 14 pour un phénomène de liesse populaire. Par conséquent, les recettes sont faibles et ne permettent plus d'investir sur le long-terme, gage de la pérennité du sport. L'Australie en fait ainsi l'amer expérience avec un niveau et une attraction en déliquescence, muant l'équipe nationale en écurie de second-rang par opposition à la terrible machine de guerre du passée.
L'Afrique du Sud, elle, ne tient plus ses joueurs qui s'exilent à l'étranger quand ils ne portent pas un autre maillot international. La faiblesse des salaires sud-africains est problématique pour de nombreux jeunes ou joueurs de second-rang qui doivent alors quitter le pays pour vivre de leur passion. Alors que les meilleurs sont de plus en plus tentés par l'expérience européenne ou japonaise. Quand aux Blacks, ils doivent moins investir structurellement et les effets s'en font ressentir au niveau de la formation et du niveau de la sélection.
Dans ce triste panorama, chacun tente de tirer son épingle du jeu en prenant des initiatives. Les Boks rejoignent la Ligue Celte et lorgnent sur le Six Nations, les Blacks réfléchissent à un repli national et le Super Rugby change de formule à tout bout de champ sans obtenir les résultats escomptés. Derrière la possible intégration des Boks se cache surtout un profond malaise du rugby sudiste qui doit se renouveler et assurer ses arrières.