Ce sont les deux plus grandes villes du Sud-Ouest. 250 kilomètres seulement séparent ces deux grandes métropoles, qui adorent se détester ou se chambrer. À la veille d’une finale de Top 14 au Stade de France entre l’Union Bordeaux-Bègles et le Stade Toulousain, elles se regardent les yeux dans les yeux. Qui de Bordeaux ou de Toulouse ramènera le bouclier de Brennus et deviendra maître de l’ovalie ?
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Dans un camp comme dans l’autre, ce n’est pas seulement une question sportive, c’est aussi une question de fierté. Il faut dire qu’avec la montée en puissance de l’UBB ces dernières saisons, la rivalité entre ces deux clubs n’a jamais été aussi prononcée, avec un duel de titans et de joueurs stars qui se répète au sommet du rugby français.
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Sur la place du Capitole, à Toulouse, les supporters célèbrent leur équipe le 25 mai 2024 après leur victoire en finale de Champions Cup contre Leinster.
Archives Valentine Chapuis / AFP
« Toulouse a toujours été une ville de rugby, même si le foot commence à prendre un peu plus de place maintenant »
Dans les rues de Toulouse, quelques jours avant la finale, la ferveur montait doucement, sans outrance. « On est habitué à jouer la finale ici : 23 fois champions de France, 6 titres de champions d’Europe, on a clairement le plus grand palmarès », rappelle Mathias, abonné au stade Ernest-Wallon. Pour autant, ils ne sont jamais lassés. À chaque titre les mêmes images, les mêmes scènes de liesse entre les joueurs et les supporters sur la place du Capitole. Les jours de match, toute la ville est au diapason, se parant de rouge et noir pour soutenir son équipe, comme au Grand Café du Stade. « Toulouse a toujours été une ville de rugby, même si le foot commence à prendre un peu plus de place maintenant », concède Killian, maillot du Toulouse Football Club (TFC) sur les épaules.
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« Bien plus bon enfant qu’au foot »
« À la base, la rivalité sportive entre Bordeaux et Toulouse, c’est surtout au foot, avec le derby de la Garonne. Mais maintenant que les Girondins sont en National 2, c’est fini. Le vrai derby de la Garonne, c’est UBB - Stade Toulousain désormais. Sauf qu’au rugby, c’est bien plus bon enfant qu’au foot, où il y avait presque une haine des supporters toulousains contre les Bordelais », enchaîne-t-il. « La Garonne est viola [en référence aux couleurs du club de foot, NDLR] », aimaient à chanter les Toulousains, pour piquer l’orgueil bordelais. L’inverse était moins vrai, les Girondins se focalisant plutôt sur les rivalités avec Marseille, Nantes ou Lyon, au palmarès plus reluisant, ironisant presque en évoquant la notion de « derby ».
Clément et Léo, deux fans du TFC et du Stade Toulousain, en sortant de la boutique officielle à Toulouse.
N. L. / SO
« Ce match, c’est un peu comme un clasico Real - Barça au rugby. Il y a des joueurs stars des deux côtés »
« Au rugby, on sent tout de même une compétition entre Bordeaux et Toulouse. Surtout cette année, l’UBB est bien plus prise au sérieux depuis son titre de champion d’Europe. Aujourd’hui, Bordeaux est notre plus grand rival. Au moins, ça nous fait de la concurrence », s’amuse Zoé, en sortant de la boutique du Stade Toulousain. « Ce match, c’est un peu comme un clasico Real - Barça au rugby. Il y a des joueurs stars des deux côtés », réagissent Clément et Léo, deux amis fans du TFC et du Stade Toulousain, qui estiment que « Bordeaux devient de plus en plus une ville de rugby ». « Quand on voit l’engouement pour l’UBB là-bas, la ferveur à Chaban-Delmas ou au Matmut, les résultats, je trouve ça bien pour eux… Tant qu’on les gagne ! », ajoute Fanny.
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« On commence à leur faire de la concurrence »
« Ce sont deux villes assez similaires, qui se partagent un même fleuve. La géographie fait qu’elles peuvent être en concurrence au-delà de l’aspect sportif. Pour moi, cette rivalité reste un fantasme collectif, exacerbé par le sport », estime Jean, un retraité, supporter de longue date du Stade Toulousain. Si les plus anciens conservent cet « esprit rugby », où le respect de l’adversaire prime, les plus jeunes rencontrés dans la Ville rose sont bien plus taquins.
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Attablés Chez Tonton, mythique bar de la place Saint-Pierre, à Toulouse, cinq jeunes de 19 ans n’hésitent pas à chambrer leurs rivaux. « Les Bordelais, ce sont des bobos, ils ne viennent pas au stade en tenue de rugby mais en polo avec un petit pull sur les épaules ! Ils essayent d’être comme nous mais Bordeaux, c’est Toulouse en moins bien. Cette rivalité, c’est surtout pour l’hégémonie du Sud-Ouest. Sauf qu’il y a le Sud… Et le vrai Sud. Et puis on n’aime pas Jalibert, car lui, c’est le Bordelais de base », taclent-ils encore.
Au bar Chez Tonton, place Saint-Pierre à Toulouse, ce groupe d’amis joue à fond la rivalité avec Bordeaux.
N. L. / SO
« On est rentré dans leurs têtes », en conclut froidement Damien, fan de l’UBB. À Bordeaux, la ville aussi se prend de passion pour son équipe avant la finale. « Oui, Toulouse reste la plus grande ville du rugby en France, notamment grâce à leur palmarès. Mais on commence à leur faire de la concurrence. On a la meilleure affluence d’Europe au stade, un premier titre de champions d’Europe, on a une revanche à prendre en Top 14, on leur fait peur ! », estime Arnaud, se baladant sur les quais bordelais en portant fièrement un… polo de l’UBB.